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CHAPITRE I.er

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Table des matières

Antiquité de la Ville de Thouars.

IL n’est pas aisé de déterminer, d’une manière précise, l’antiquité de la ville de Thouars. Les Anglais, dans le douzième siècle, ont transporté dans la tour de Londres, ses titres, chartres et monumens historiques, avec ceux de plusieurs autres villes du Poitou .

Ce que l’on peut avancer de plus vraisemblable, c’est qu’antérieurement à la conquête des Gaules par Jules-César, dans le temps que les Pictones étaient gouvernés par des rois de leur nation, Thouars était une place extrêmement forte, connue alors sous le nom de Childoac , qu’un auteur a traduit par les mots berceau d’enfant; je ne sais sur quel fondement une pareille traduction est appuyée.

Sous le règne de Tibère, cette ville prit un nom latin de la rivière qui l’arrose et que les Romains avaient nommée Tueda, d’où se forme le nom de Tuedae arx, et par corruption de Tuars, Toarcium, Tuarcium, Touars, et Thouars. Tuedae arx signifie citadelle du Thoué, et non pas du Thouet, comme l’écrivent mal-à-propos plusieurs auteurs.

Fournier, dans sa géographie, appelle cette ville Duratium Lemovicum, et prétend qu’elle a été bâtie en 424, par des Limousins retirés en Bretagne, Lemovices veneti. Cette conjecture est trop dénuée de preuves pour que l’on puisse s’y arrêter. Je me bornerai à dire que le mot Duratium que l’on trouve dans quelques dictionnaires modernes, ne se lit dans aucun des auteurs des huitième, neuvième et dixième siècles. Dans une chartre de l’an 954, dont Jean de la Haie nous a conservé le texte (page 24), Guy, vicomte de Thouars, nomme sa ville Thoarcium, ego guidio de Thoarcio, ce qui ne laisse aucun doute sur le véritable nom de cette ville. Dans les chartres du même siècle, Bressuire est nommé Bresurium; Argenton, Argentonium; Montreuil, Monasteriolum; Parthenay, Parthenacum.

Depuis la conquête des Gaules par les Francs, il n’est fait mention, dans nos chroniques, de la ville de Thouars qu’en 759 de l’ère chrétienne, sous le règne de Pépin. Ce prince vint à Thouars, avec une nombreuse armée, pour réduire Gaïfre, ou Waïfre, duc d’Aquitaine. Ce duc était issu, comme nous l’avons dit, de Charibert, frère du roi Dagobert; il était ainsi prince du sang des rois Mérovingiens, auxquels Pépin était, en quelque manière, étranger. Gaïfre ne voyait, dans le roi Pépin, qu’un heureux usurpateur, qu’un soldat couronné qui s’était emparé de l’héritage de Childéric son maître. Il résista long-temps avec courage et avec succès à tous les efforts de son compétiteur maître du reste de la France. Trahi par son oncle Remistan, il perdit enfin la plupart de ses places fortes. Le traître, méprisé par Pépin, se relira vers son neveu, et rentra en grâce avec lui; après avoir réuni toutes leurs troupes, ils osèrent livrer bataille au nouveau roi de France, près la foret de Ver, en Périgord. Battus et écrasés par des forces supérieures, ils perdirent bientôt après leurs états avec la vie. Remistan fut pendu par le vainqueur, Gaïfre fut assassiné par un traître qui fut comblé de présens. Pépin chercha à flétrir la mémoire de sa victime. Il éleva un monument, dans l’église de Saint-Martial de Limoges, où il représenta le duc sous la forme d’un lionceau qui se révolte contre sa mère, avec cette inscription:

«Alma leona duces sævos parit atque coronat,

» Opprimit hanc natus Waïfer male sanus alumnam,

» Sed pressus gravitate luit sub pondere pœnas.»

Les historiens, les hommes de lettres ont vanté Pépin et célébré sa victoire, comme si la véritable grandeur consistait à s’emparer du bien d’autrui; le vrai sage ne voit, dans ces brillans exploits, qu’un glorieux brigandage.

Cette disgression m’a entraîné un instant hors de mon sujet, j’y reviens.

Il paraît que Thouars, en 759, se rendit à Pépin par une capitulation qui fut suivie d’un traité de paix désavantageux au duc d’Aquitaine, qui le rompit quatre ans après, en 762. Le duc, à la tête d’une armée de Poitevins, rentra alors dans Thouars, dont les habitans lui ouvrirent les portes sans coup férir.

Ce que rapportent les historiens, sur l’expédition de Pépin, paraît dénué de vraisemblance. A les en croire, Pépin, indigné, rassembla une nombreuse armée, fit le siége de Bourges, et après la prise de cette place, il vint, en droite ligne, à Thouars qu’il emporta d’assaut, brûla, saccagea et rasa; de-là il se rendit à Nevers pour y tenir son parlement.

Ici les objections se présentent en foule. Comment Pépin vint-il directement d’Arvaricum ( Bourges ) à Thoarcium ( Thouars ); il y a entre ces deux villes une distance de plus de 45 lieues? Comment retourna-t-il de Thouars à Nevers, sans profiter de ses victoires pour réduire l’Aquitaine? On pourrait répondre que le siége de Thouars qui avait duré quatre mois, cette ville n’ayant été prise que le 5 août 762, avait ruiné l’armée de Pépin, et que ce fut pour la refaire qu’il rentra dans ses états. Il est inutile au reste de s’attacher plus long-temps à ces objections. Il doit suffire au lecteur que la ville attaquée et détruite par Pépin soit bien réellement celle dont j’écris l’histoire.

Thouars est situé au dix-septième degré dix-huit minutes de longitude, au quarante-sixième degré cinquante-neuf minutes de latitude septentrionale, ancien méridien. Sa distance de Paris est de quatre-vingt-quatre lieues communes, de Poitiers de douze lieues, de Saumur de sept lieues, d’Argenton de trois lieues, de Bressuire de cinq lieues, de Parthenay de sept lieues, de Niort de seize lieues.

Histoire de la ville de Thouars, depuis l'an 759 jusqu'en 1815

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