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CHAPITRE PREMIER

Table des matières

LE GÉNIE GAULOIS.

Des cabanes circulaires faites de troncs d’arbres ou de terre battue, et couvertes d’un cône de chaume ou de roseaux: telles sont les habitations des Gaulois . Des groupes de ces cabanes dans une enceinte faite de mottes de gazon: telles sont leurs villes .

Chez tous les peuples l’architecture a débuté de la sorte. Ici, comme ailleurs, on pourrait donc s’attendre à voir progressivement la cabane primordiale se consolider en maison, se développer en palais, s’exhausser en temple, se fortifier en citadelle, puis toutes ces constructions se perfectionner de siècle en siècle, jusqu’à l’acquisition de la complète forme artistique que le génie gaulois sera capable de leur donner. On le pourrait d’autant mieux que, dès les temps préhistoriques, la Gaule a prouvé d’étonnantes aptitudes pour la culture des arts. Elle a parmi ses ancêtres ces troglodytes qui sur des os de rennes ou de mammouths gravaient des silhouettes si finement observées et ciselaient de si jolis manches de poignards . Maints textes, dans les auteurs grecs et latins, et maintes armes de bronze, maints bijoux d’or dans nos musées, nous révèlent quelle habileté elle a déjà su acquérir dans le travail des métaux et le tissage de la laine . L’art de la construction ne peut manquer d’évoluer rapidement chez un peuple si bien doué.

Par malheur cette évolution ne s’accomplira point: la conquête romaine va venir brusquement l’arrêter.

Elle avait commencé pourtant. Lorsque César pénètre dans la Gaule, des villes (oppida) alignent déjà en rues de petites maisons aux murs de moellons crépis de brillants enduits multicolores, des fortifications aux assises alternatives de grosses pierres et d’épais madriers enclosent les lieux habités , et bien des villas de riches (aedificia) se disséminent en citadelles par les campagnes . Mais Rome apporte à ses vaincus une si magnifique architecture toute constituée qu’ils l’adoptent, enthousiasmés, sans plus songer à poursuivre l’élaboration de celle qui leur est propre.

Dès lors le génie gaulois étouffé ne se manifestera plus. On aimerait à surprendre encore quelque chose de son influence dans les modifications que subira bientôt l’architecture romaine sur notre sol. Peut-être, en effet, l’architecture romane, qui résultera de ces modifications, accusera-t-elle en nos diverses provinces assez de traits identiques pour dénoncer partout une communauté de tendances antérieures qui ne saurait provenir que de lui. Mais assurément l’architecture gothique, qui naîtra ensuite de l’architecture romane, ne lui devra rien, car, si l’on considère que les Gaulois du sud (Aquitains et Ligures) la répudieront toujours, que les deux provinces les plus [foncièrement celtiques de la France (Auvergne et Bretagne) ne l’adopteront que fort tard, et qu’elle ne se développera pleinement que dans la région du nord-est, il faudra bien en attribuer la création aux nouvelles races blondes qui viendront plus tard se concentrer entre la Seine, la Manche et le Rhin.

Une seule chose nous restera de ces premiers âges: l’usage des remparts en mottes de terre qui se perpétuera pendant tout le moyen âge et qui, au XVIe siècle encore, sera remarqué par les étrangers comme une particularité propre à la France.

L'évolution de l'architecture en France

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