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CHAPITRE III

Table des matières

LE CHRISTIANISME.

En 313, Constantin déclare le christianisme religion licite. Aussitôt les moines et les prêtres rivalisent d’efforts pour achever la conversion de la Gaule. Pendant les deux derniers siècles de la domination romaine, ils la parcourent en tous sens, prêchant, baptisant, et, pour extirper l’idolâtrie jusqu’en ses derniers repaires, renversant tous les édifices souillés du moindre souvenir païen.

Partout les temples jonchent de leurs débris le sol. Dans les villes, les fidèles, ameutés par leurs évêques, se ruent à coups de pioches sur ces demeures des faux dieux, brisent les statues, renver sent les autels, effondrent les toits et abattent les murs . Dans les campagnes, les moines attroupent leurs nouveaux convertis et les mènent à l’assaut des sanctuaires rustiques .

Les cirques, anathématisés pour leurs jeux sanguinaires, et les théâtres, détestés pour leurs spectacles immoraux . résistent mieux avec leur amoncellement de murailles. On se contente de les saccager, puis, abandonnés des foules, ils s’affaissent peu à peu sous l’herbe .

Les thermes, asiles de débauche mille fois condamnés, où les femmes se baignaient nues sous les regards des hommes, où les danses et les jeux corrompaient l’âme, où se dressaient comme en des temples les images des dieux sont, eux aussi, maudits et désertés. Inutiles, les aqueducs qui leur amenaient l’eau à travers les plaines se désagrègent et choient pierre à pierre.

Ainsi disparaissent à tout jamais de la Gaule les principaux genres d’édifices qu’y avaient naturalisés les Romains. Deux seulement, réservés et adoptés par l’Église, vont subsister: la villa et la basilique.

La villa devient le monastère. — Les moines, une fois établis dans les campagnes se livrent au défrichement et à l’agriculture, et bientôt leurs demeures arrivent naturellement à contracter l’aspect de toutes les grandes habitations rurales des patriciens et des riches colons. Or ces habitations ont généralement été construites par les vainqueurs sur le plan des villas d’Italie . Elles présentent aux regards une suite ininterrompue de petits bâtiments se massant autour d’une cour carrée qu’encadre une galerie couverte supportée par des colonnes. Aucun souvenir irrémédiablement païen n’oblige les moines à abandonner cette forme architecturale si commode. Le petit oratoire des dieux s’y transforme en chapelle; la bibliothèque, la salle de bains, le réfectoire, les chambres y restent à leur place, la cour y prend le nom de cloître tout en gardant sa petite fontaine et sa galerie à colonnes. Ainsi se trouve constitué pour des siècles le type invariable du couvent .

La basilique est sauvée de même par sa transformation en église . Le christianisme, obligé de se pourvoir à la hâte de sanctuaires, ne peut trouver mieux, pour y installer son culte, que ce temple révéré de la justice où toutes les réunions populaires se tenaient et où probablement ses premiers prédicateurs avaient harangué leurs premières foules. Trois nefs parallèles; celle du centre plus vaste et s’élevant jusqu’au faîte sous un plafond plat; les deux autres séparées d’elle par deux rangées de colonnes, et tantôt moins hautes, tantôt se haussant ainsi jusqu’au plafond au moyen d’un second étage de colonnes; enfin ces trois nefs cessant brusquement vers le fond pour laisser libre un espace transversal devant la rotonde où siégeait le préteur: telle était la basilique et telles seront désormais toutes les églises avec leurs trois nefs, leur triforium, leur transept et leur abside. Les chrétiens s’approprient-ils d’abord les basiliques existantes? nous ne savons. Mais ce qui est bien certain, c’est que, dès les premiers temps, les églises affectent toutes les dispositions architecturales de ces édifices , continuent jusqu’au xie siècle à porter le nom de basilica , et restent comme eux, pendant tout le moyen âge, le bruyant lieu de rendez-vous des foules, le forum couvert.

Mais, même dans la décoration de ces monastères et de ces églises, il est à prévoir que bien des créations artistiques du génie romain ne parviendront pas à se maintenir. Dans la première ardeur de la lutte le christianisme a voulu un instant rompre toute relation avec l’ancien monde: défense d’orner de peintures les murailles des lieux saints, a prescrit, en 305 le concile d’Elvire; défense aux prélats de lire les écrits des païens, a décrété, en 398, le concile de Carthage . C’était assez pour suspendre bien des traditions précieuses. Puis, la religion nouvelle apporte tout un système ornemental qu’elle a conçu à Rome dans les caveaux des catacombes ou dans les grottes des solitudes. Ses croix de toutes formes, ses arbres mythiques, ses allégories baptismales, ses ancres, ses agneaux, ses béliers, ses œufs, ses chevaux, ses colombes, ses coqs, ses dauphins, ses lions, ses étoiles, ses monogrammes, ses navires, ses phénix, ses paons, ses poissons, ses serpents, ses vignes , vont prendre sur les corniches et les chapiteaux la place des acanthes, des oves, des palmettes et des godrons.

L'évolution de l'architecture en France

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