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CHAPITRE V

Table des matières

ETHNOGRAPHIE DU MONDE NOUVEAU.

«La Gaule, disait César, est divisée en trois parties, l’une habitée par les Belges (lisez aujourd’hui Gaëls ), l’autre par les Aquitains, la troisième par les peuples qui se donnent en leur langue le nom de Celtes... Les Celtes sont séparés des Aquitains par la Garonne; et la Marne et la Seine les séparent des Belges » . Les cinq siècles de la domination romaine n’ont certainement point suffi à transformer ou à mêler ces trois populations initiales . Aussi les retrouvons-nous encore très distinctes au lendemain des invasions, quoique notablement modifiées déjà en bien des régions par les nouveaux apports d’hommes survenus.

Au sud, entre les Pyrénées1 la Méditerranée, et une ligne déterminée approximativement par Bordeaux, la Garonne inférieure, le cours du Lot, Lyon et les Alpes, se trouve toujours la population essentiellement méridionale qui participe de l’Espagne par son ancienne race aquitaine et de l’Italie par la continuelle émigration romaine qui s’y est répandue. Pénétrée, conquise, colonisée, administrée par les Romains avant le reste de la Gaule, cette région se déroule au pied des Alpes comme une sorte de vaste faubourg de l’Italie. Pendant les cinq siècles de la domination romaine elle était la portion la plus profondément romanisée du monde gaulois: à Bordeaux, à Toulouse, à Lyon, à Marseille, à Nîmes, à Arles, on avait vu florir des écoles fameuses pleines de rhéteurs et de poètes, et les édifices latins avaient surgi à profusion jusqu’au milieu des campagnes. Les barbares ont pénétré en trop petit nombre sur cette terre si éloignée du Danube ou du Rhin pour pervertir brusquement ses coutumes. Les Goths, campés en ce moment dans la seconde Aquitaine, seront bientôt rejetés sur l’Espagne par Clovis. Aussi, pendant tout le moyen âge, ces populations du midi, confondues alors sous le nom de Provençales, subsisteront-elles comme une sorte de débris mourant de l’Empire romain. Ici la langue (langue d’oc), restera toujours plus proche du latin que les divers dialectes qui naîtront dans le nord; les villes garderont pour la plupart l’organisation administrative des municipalités impériales; les temples et les cirques, mieux respectés des chrétiens, maintiendront debout leurs ruines à peine entamées jusqu’à nos jours; les arts ou les littératures qui se formeront depuis dans les provinces du nord ne réussiront jamais à s’acclimater sérieusement; et partout, comme en Italie, s’offriront toujours aux regards des villes aux rues étroites, des bâtisses régulières, des façades sans saillies . Une telle région appartient trop visiblement à l’ancien monde méridional pour prendre dans l’avenir l’initiative d’un rôle créateur. Ce n’est point là qu’une architecture nouvelle pourra naître.

Au centre, entre le territoire occupé par ces Provençaux et une seconde ligne, allant du golfe de Saint-Malô à Lyon, par Rennes, Angers, Tours, Bourges, Moulins et Mâcon , l’ancienne celtique se déroule comme une zone neutre attendant l’influence de tout ce qui s’accomplira au midi et de tout ce qui s’accomplira au nord. Les Romains ne s’y sont jamais établis en grand nombre et les bandes germaniques l’ont peu parcourue. Aussi semble-t-elle rester dans la passiveté d’un monde antérieur qu’une ancienne défaite à endormi et qui laisse avec insouciance les événements se succéder autour d’elle. Ici encore les forces vives manqueront pour l’élaboration d’un art nouveau, mais, s’il s’y présente, il sera volontiers accueilli.

Au nord enfin, de la Manche à la région des Celtes, s’étend l’agglomération des races blondes. Les Gaëls qui peuplaient ce territoire au temps de César étaient déjà de leur famille. Depuis lors nous avons vu s’y établir les Burgondes à l’est et les Franks au nord. Viendront ensuite les Alamans, disséminés dans l’extrême nord-est, les Saxons qui se camperont dans l’ouest du golfe de la Seine , et, plus tard encore, les Northmans qui s’approprieront la majeure partie du littoral de la Manche. Est-ce bien chez ce peuplé neuf que va naître le nouvel art destiné à être l’art national du monde en formation? Aujourd’hui que le fait est accompli nous ne pouvons hésiter à l’affirmer. Deux raisons péremptoires nous y obligent. D’abord cet art nouveau, l’art gothique , ne se répandra jamais hors des régions où les races blondes se sont fixées: il réussira encore à se développer dans la zône neutre de l’ancienne celtique, mais il ne parviendra point à prospérer dans la Provence, en Italie ou en Espagne . Ensuite nous le verrons précisément régner dans toutes les contrées ou les races blondes, se sont établies, le nord de la France, l’Allemagne, la Flandre, l’Angleterre et la Scandinavie.

Mais, au lendemain des invasions, la distance est immense encore entre les grossières cabanes dont les campements barbares parsèment nos provinces et les merveilleuses cathédrales qui surgiront plus tard au milieu de nos villes. Pour l’accomplissement d’une telle évolution, il faudra le sauvetage des épaves de toutes les civilisations antérieures, le concours de maintes influences nouvelles et surtout le labeur de sept longs siècles. C’est à cette grande œuvre que nous allons assister.

L'évolution de l'architecture en France

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