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CHAPITRE IV

Table des matières

LES INVASIONS DES BARBARES.

Voici les barbares. Par toutes les frontières de l’Empire ils se répandent à travers la Gaule. Les Suèves, les Alains, les Vandales la traversent pendant deux ans et, pillant tout sur leur passage, s’écoulent par l’Espagne. En 413, les Burgondes se font concéder les deux versants du Jura. En 419, les Wisigoths s’établissent dans la seconde Aquitaine. Les Franks arrivent à leur tour, et, pendant tout le ve siècle, inondent le nord-ouest de la Gaule. Enfin, filtrant derrière eux par petites bandes à travers le Rhin, des Alamans, des Saxons et maintes autres tribus errantes se campent çà et là sur notre sol.

Tous ces envahisseurs sont de même famille. Ils appartiennent à la race blonde, l’immense race germanique épandue dans toute l’Europe centrale et s’étendant ainsi peu à peu jusqu’à couvrir l’Ouest et le Nord.

Pour de longs siècles, cette fois, c’en est fait de la civilisation romaine: les ravages de ces barbares ont consommé son irrémédiable ruine. Partout sur leur passage ses derniers monuments encore debout, les théâtres et les cirques épargnés, les villas, les cités aux belles fortifications, les églises toutes neuves elles-mêmes, se sont effondrés sous le fer ou sous la flamme. Puis une morne stupeur a succédé au saccage et le vieux monde qui se sent vaincu, se laisse mourir. «Aucun pieux souci à présent dans les diocèses et les paroisses désolées, écrit un contemporain. On voit dans les églises ou des toits pourris qui s‘ouvrent ou des portes renversées de leurs gonds, et l’entrée des basiliques obstruée de buissons épineux. Même, ô douleur, on voit les troupeaux non seulement couchés dans les vestibules entr’ouverts, mais broutant l’herbe sur les flancs verdoyants des autels .»

Si ces barbares apportaient avec eux quelques premiers éléments d’une architecture nouvelle on pourrait encore espérer une renaissance plus ou moins prochaine. Mais non: dans les sauvages solitudes d’outre-Rhin qu’ils viennent de quitter pas d’édifices, pas de temples , rien que de grossières cabanes analogues à celles de tous les peuples primitifs, les unes faites de planches étroitement juxtaposées , les autres, toutes «en matériaux bruts» , construites de gros troncs d’arbres reliés entre eux par des empilements de pierres et crépies, intérieurement, de terres colorées.

N’importe, puisque le génie gaulois a disparu étouffé, puisque le génie romain succombe à son tour vaincu, c’est nécessairement au génie de ces peuples nouveaux que l’avenir appartient. Pour rudimentaire qu’il soit encore il ne peut manquer d’évoluer bientôt si nulle conquête ou nulle invasion n’intervient pour l’anéantir. Or, nous le savons, l’ère des conquêtes et des invasions est désormais close. Attendons-nous donc à voir l’architecture des races blondes s’élaborer lentement. Déjà avec leurs constructions de planches et de charpentes s’introduit parmi nous une nouvelle façon de bâtir. Mais leurs instincts particuliers susciteront plus tard une bien autre révolution, celle dont résultera l’architecture gothique. Comment et pourquoi? c’est ce que nous nous devons ici même rechercher.

L'évolution de l'architecture en France

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