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III

Table des matières

Dans le boudoir parfumé qui n’est point à décrire–(les boudoirs sont tous parfumés de la même odeur, celle d’une jolie femme),–le prince trouva la déesse attendant son bonheur, ce bonheur qui allait être troublé d’une si dramatique manière.

Ce que se dirent, ce que se confièrent les deux amoureux durant ces premières heures, on le devine; mais ce que nul d’entre eux ne pouvait soupçonner, c’est ce qu’apportait vers deux heures la rentrée de celui qu’on n’attendait pas.

Ce soir-là, la grande partie s’était engagée au cercle vers les minuit.– Le mari de la déesse avait d’abord été heureux, plus qu’heureux, il avait gagné près de200mille francs; puis tout à coup la chance avait tourné, et de point en point, l’heureux joueur avait tout reperdu, de plus, ce qu’il avait sur lui.

Emporté par le désir de la revanche, il avait alors sauté dans une voiture, remonté quatre à quatre son escalier et il rentrait pour ressortir après avoir repris quelque argent, lorsqu’il lui avait semblé entendre quelque chose, quelque bruit dans la chambre voisine de celle de sa femme; dans son boudoir.

Il prêta l’oreille, crut se tromper– puis s’y reprit–puis s’y reprit encore; puis presque sûr, quoique doutant encore, il appela sa femme,–elle se nommait Hortense–«Hortense, lui dit-il, vous ne dormez pas?»

Hortense ne dit mot:–troublée, éperdue, surprise, la tête presque sous l’oreiller: «Fuyez, dit-elle au prince, fuyez par le balcon!»

Fuir par le balcon, c’était chose plus facile à dire qu’à faire–cependant, il n’y avait point à hésiter:–le mari était là, il allait entrer, faire une esclandre,–tuer l’amant peut-être!

Que faire?

Le prince n’hésita point, il rassembla comme il put ses vêtements et hardiment, par la fenêtre du boudoir, il s’engagea sur le balcon.

Là, il se rajusta, se couvrit de son mieux et chercha quelque issue, quelque fenêtre, quelque porte, quelque escalier, pour sortir, et aller rejoindre son coupé qui l’attendait toujours dans la rue.

Une fois donc sur ce balcon, le prince cherchait toujours, lorsque soudain, il se sentit arrêté par une barre de fer.

C’était la séparation qui existait entre deux appartements contigus.– Cette séparation, cette grille était haute d’un mètre, le prince la franchit vivement, redescendit de l’autre côté et se crut sauvé.

Dans quel pays nouveau se trouvait-il? Chez qui était-il?… à cette heure de la nuit?

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