Читать книгу Masques De Cristal - Terry Salvini - Страница 13

7

Оглавление

Loreley enfila une paire d'épais jeans, un pull à col roulé, un manteau en tissu semi-imperméable et des bottines avec un petit talon. Elle se couvrit la tête d'un béret en laine peignée, de façon à cacher son pansement, et protégea son cou d'une écharpe de la même étoffe.

Après s'être assurée qu'elle n'avait rien oublié dans la salle de bain et dans la chambre, elle descendit dans le hall, paya l'addition et laissa son bagage à la consigne, pour se rendre à l'hôpital sans poids. Elle avait cinq heures devant elle pour se soumettre à la visite de contrôle, récupérer sa valise et arriver à l’aéroport.

Elle se fit appeler un taxi et l'attendit assise dans un fauteuil.


Pour être certaine d'être capable d'affronter le voyage, elle était restée à l'hôtel plus que prévu, et avait tenté de vaincre l'ennui en lisant et en regardant la télévision. Elle ne sortait de la chambre que pour descendre au restaurant. Le personnel s'était montré gentil avec elle: la femme de chambre frappait parfois à sa porte pour demander si elle avait besoin de quelque chose.

Elle avait reçu deux appels ces derniers jours. Le premier était de Davide, qui lui avait demandé s'il y avait du nouveau entre son compagnon et elle. Lorsqu'elle lui avait parlé de la fuite de Johnny et de l'accident, il était d'abord resté silencieux; il avait ensuite été pris d'une crise de colère qui avait abouti à des insultes virulentes, suivies d'une série de conseils.

Il lui avait même ordonné de rester au chaud et en sécurité dans la chambre, comme si elle avait pu s'immerger dans la vie nocturne, avec le genou encore gonflé! Après son sermon, il lui avait promis de venir la prendre à l'aéroport.

Le second appel provenait d'une infirmière, qui lui avait communiqué le résultat de l'examen manquant, lui conseillant également de se soumette à un contrôle avant de retourner dans son pays. Ayant déjà déplacé son vol au lendemain, Loreley fixa immédiatement la visite pour le jour du départ.

L'arrivée du taxi mit fin au défilé des brefs souvenirs de ces derniers jours à Paris. Loreley entra dans la voiture en jetant un regard noir au chauffeur, agacée par la longue attente.

«Emmenez-moi à l'hôpital Saint-Louis, s'il vous plaît.» Elle s'installa sur le siège. «Si je devais attendre un taxi aussi longtemps à Manhattan, je ferais mieux d'aller au bureau à pied» pensa-t-elle à voix haute.

«Faites-le maintenant, alors! lui dit le chauffeur vexé dans un mauvais anglais, le véhicule encore à l'arrêt le long du trottoir. Il se tourna pour la regarder avec un petit sourire sarcastique. Ce n'est qu'à quelques kilomètres, vous savez.

Elle ne bougea pas d'un cil.

–Je le ferais bien, mais je vais à l'hôpital. Ça ne vous suggère rien?»

Elle le pensait sérieusement. Sans son genou encore en mauvais état, elle serait vraiment allée à pied, et en aurait profité pour faire une promenade salutaire après quatre jours au lit.

Le conducteur secoua la tête et engagea la voiture sur la route. Loreley s'appuya au dossier en essayant de se calmer: chaque fois qu'elle entrait de mauvais poil dans un taxi, elle se querellait avec le chauffeur, elle en était consciente; mais plus d'une demi-heure d'attente, c'était vraiment trop.

Aller à Paris pour subir tout ça!

Kilmer devait bien se moquer d'elle, se dit-elle en repensant au coup de fil qu'elle lui avait passé le jour suivant la sortie de l'hôpital.

À l'accueil, elle demanda à voir le docteur Legrand, qui était occupé dans le service ce matin-là: selon l'infirmière, elle devrait se contenter du médecin de garde, mais elle n'avait aucunement l'intention de se laisser toucher par les mains d'un autre homme.

Elle insista jusqu'à ce que, devant autant d'obstination, l'employée aux cheveux cuivrés et aux petites lunettes à chaînette fasse une tentative pour la satisfaire, ou pour s'en débarrasser: elle lui dit qu'elle demanderait au médecin ses disponibilités pour une visite privée si elle était disposée à la payer. Loreley n'eut pas besoin de réfléchir pour brandir sa carte de crédit.

Elle fut obligée d'attendre plus d'une heure, mais le docteur Legrand trouva finalement le temps de la recevoir.

Après avoir soigné sa blessure à la tête, il la fit s'installer dans son bureau, un endroit plus accueillant que le froid cabinet de consultation où il l'avait reçue, et plus approprié pour un entretien privé.

«Vous partez aujourd'hui, alors, Miss Lehmann.

–Paris est une ville superbe, mais je suis impatiente de rentrer à New York, après ceci… Elle indiqua le pansement sur le côté droit de sa tête, sous l'oreille.

–J'imagine. Ça fait quelque temps que je me promets de retourner dans votre ville, mais je finis par aller totalement ailleurs, dans des endroits plus proches; je n'arrive pas à prendre assez de jours de congés pour me permettre un voyage aussi long. Il croisa les jambes et s'appuya au dossier de la chaise. Je devrais mieux m'organiser au travail, pour avoir au moins une semaine de temps et bien profiter des vacances.

–Et bien, si vous venez, dites-le moi. Je serai contente de vous revoir et de pouvoir vous montrer des petits coins intéressants et peu connus, pour vous rendre votre disponibilité.»

Il sourit et Loreley se remit à penser, pour la énième fois, qu'il ressemblait à Jack Leroy.

Elle ouvrit son sac et sortit une petite carte rectangulaire imprimée de son portefeuille.

«Voici ma carte de visite avec mon email et mon numéro de portable professionnel. Vous avez déjà le privé: mais pour éviter que vous ne deviez le chercher… Elle prit un stylo noir sur le bureau, tourna la carte et écrivit le numéro. Voilà. Vous m'appelez quand vous voulez: si je ne réponds pas tout de suite, laissez un message et je vous rappellerai.»

Il tendit la main, prit la carte et lut l'intitulé, haussant un sourcil.

«Vous êtes avocate, donc.

–Oui, pénaliste.

Legrand glissa la carte dans sa poche de chemise.

–Si je viens à New York, je tiendrai compte de votre offre.» Il prit l'enveloppe blanche placée à côté au dossier des urgences et en sortit une feuille.

«Miss Lehmann, venons-en au point: les hCG sont dans les limites normales, même si elles sont un peu élevées. Vu que votre grossesse n'en est qu'au tout début, vous n'avez pas besoin de courir tout de suite chez le médecin, surtout maintenant que nous avons fait les analyses et qu'elles sont régulières; dans un mois, quand les contrôles de routine commenceront, apportez ceci avec vous. Il lui donna la feuille.

Loreley la rangea de nouveau dans l'enveloppe, qu'elle mit dans son sac.

–À vrai dire, j'ai déjà pris un rendez-vous, pour la semaine prochaine. Un peu tôt, je sais, mais je voudrais des réponses à certaines de mes questions.

–Si je peux vous aider…

–Bien sûr que vous pourriez, mais je crains de voler trop de temps à vos patients.

–Faisons ceci, lui répondit-il en jetant un coup d'oeil à l'horloge sur le mur. J'ai environ une heure de pause pour le repas. Il redressa son dos et se pencha vers elle. Si vous voulez, nous pouvons parler en mangeant quelque chose: qu'en pensez-vous?

Loreley fit un rapide calcul: il restait environ trois heures avant le départ de l'avion, elle arriverait donc à le prendre si elle ne s'étendait pas trop sur le sujet.

–C'est une excellente idée. Si cela vous convient, à moi aussi. Je vous promets d'être concise.»

***

Assise dans le siège de l'avion, un verre de thé à la main, Loreley réfléchissait à ce que le docteur Legrand lui avait dit. Le fait qu'elle était tombée enceinte malgré la prise régulière de la pilule pouvait être dû à diverses raisons. Elle avait été malade durant quelques jours le mois précédent et avait vomi plusieurs fois. Le médecin lui avait donc prescrit des anti-infectieux intestinaux: sans parler des analgésiques qu'elle prenait pour le mal de tête. Tout cela pouvait avoir causé une mauvaise absorption des hormones contenues dans la pilule, avec pour conséquence une activité contraceptive insuffisante.

La situation avait un sens maintenant. Mais le faire comprendre à Johnny ne serait pas simple du tout. Méritait-il une explication après son comportement à Paris? À tort ou à raison, il n'aurait pas dû réagir aussi mal et la laisser seule.

Comment faire confiance à un homme qui fuyait au lieu d'affronter la situation?

Elle porta le verre de thé à ses lèvres, mais elle eut un sursaut lors d'une légère secousse de l'avion et un filet de thé se renversa sur son pull.

Bon sang, elle était plus maladroite que d'habitude! Elle s'essuya avec la serviette en papier que l'hôtesse lui avait apportée avec la boisson et ses pensées reprirent où elles s'étaient interrompues.

Ces derniers temps, elle aussi avait eu un comportement similaire: ne s'était-elle pas enfuie, par deux fois, face à Sonny? Et est-ce qu'elle avait eu le courage d'avouer à Johnny ce qu'il s'était passé entre cet homme et elle?

Elle appuya la tête sur le dossier du siège et soupira. Elle devait prendre des décisions importantes: par rapport à sa grossesse, à sa relation avec John et à la question en suspens avec Sonny. Elle ne pouvait pas espérer poursuivre sur cette voie et pointer les autres du doigt. Elle avait souvent entendu dire que les mensonges en attiraient d'autres, jusqu'au moment où on ne sait plus comment les gérer. Et on finit KO!

Loreley tourna le visage vers le hublot, regarda en bas, mais n'arriva pas à apercevoir la terre sous elle.

Il restait encore pas mal de temps avant l'arrivée à l'aéroport JFK, où Davide l'attendrait: il tenait toujours ses promesses. Sur cette pensée et un sourire aux lèvres, elle sombra dans un long et profond sommeil.

Elle fut réveillée par la voix du steward qui informait de l'atterrissage imminent et invitait les passagers à attacher leur ceinture de sécurité. Elle avait vraiment beaucoup dormi! Malgré tout ce qu'elle avait vécu, elle se sentait étrangement sereine en ce moment.

Ses pieds touchèrent le sol américain avec beaucoup de soulagement. Elle supportait difficilement de rester enfermée dans une boîte en métal durant autant de temps: sur ce point, elle ressemblait à John.

Hors de l'aéroport, le choc thermique l'obligea à s'arrêter pour fermer le col de son manteau sur son écharpe et mettre son chapeau. Elle leva les yeux vers le vrombissement de moteur d'un avion: le ciel était bleu foncé, légèrement strié d'orange, preuve que le soleil venait juste de se coucher. Les lumières de l'avion disparurent dans un nuage sombre.

Quelques personnes marchaient rapidement pour s'accaparer les taxis en file le long de la marquise, tandis que d'autres regardaient autour d'eux à la recherche de quelque chose ou quelqu'un. Un peu comme elle qui cherchait son ami Davide, du reste.

Elle le vit sur le trottoir en face. Dès que leurs regards se croisèrent, il sourit et traversa la rue pour venir à sa rencontre, de ses longues jambes arquées qui la faisaient tellement sourire à chaque fois qu'elle s'arrêtait pour les regarder. Elle leva la main pour le saluer, heureuse de l'avoir pour ami. À vrai dire, à l'époque de l'université, quand ils s'amusaient ensemble, elle l'aurait choisi comme futur mari s'il n'y avait pas eu un petit détail: il avait finalement compris qu'il était plus attiré par les hommes.

***

Rentrer dans une maison vide n'est jamais agréable, mais pour Loreley ce fut comme recevoir un coup de poing à l'estomac. Non seulement John n'était pas là, comme elle s'en doutait, mais il avait emporté la majeure partie de ses affaires.

Le dressing avait été à moitié vidé: il n'avait laissé que ses tenues d'été. Il n'y avait plus rien à lui dans le meuble de la salle de bain, à part un rasoir jetable usagé désormais inutilisable. Elle contrôla tout l'appartement de fond en comble, ouvrit les fenêtres pour aérer bien qu'il fasse un froid de canard à l'extérieur. Elle chercha d'autres indices qui pourraient suggérer les actes de John en son absence, mais il y avait bien peu à comprendre: il ne reviendrait que pour prendre le reste de ses affaires.

Elle vida son trolley, mit les vêtements sales à la lessive et prit une douche sans toucher ses cheveux, pour éviter de mouiller le pansement. Elle avait encore trois jours devant elle avant d'aller voir le médecin pour faire enlever les points. Elle jeta un oeil à son genou et constata que le gonflement avait diminué et que l'asymétrie entre le droit et le gauche était à peine visible. La douleur se faisait sentir si elle appuyait le doigt sur la rotule, sinon elle ne percevait qu'une sensation de chaleur et d'engourdissement de la peau.

Au lieu de se rhabiller, elle enfila une robe de chambre en épais satin rouge foncé et se jeta sur le canapé pour se reposer.

Tout semblait inchangé dans le séjour: la petite table ronde de bois blanc, avec dessus un plateau couvert de bougies parfumées de formes variées; la vitrine pleine de verres en cristal et d'assiettes d'époque victorienne; les étagères avec leurs livres et bibelots, achetés sur divers marchés d'antiquités; un miroir au contour en bois décoré par découpage; la cheminée en briques aux parois de verre et le meuble-bar avec ses hauts tabourets.

Chaque chose était parfaite et à sa place habituelle.

Mais elle commençait à ressentir un vague malaise, un sentiment de non-appartenance. Elle avait loué ce loft avec John et, sans lui pour le remplir de sa présence, elle ne le considérait plus comme le sien. Ils se partageaient la moitié des charges, mais elle devrait maintenant tout payer et elle n'était pas certaine de pouvoir se le permettre sans entamer le fonds fiduciaire que son père lui avait donné quand elle avait quitté la maison quelques années plus tôt.

Elle s'était promise de ne pas prendre un seul dollar de ce compte: elle voulait s'en sortir seule. Mais pour en être sûre, elle devait quitter cet appartement et en prendre un plus petit, dans une zone moins coûteuse. Avant de s'adresser à une agence cependant, elle devait s'assurer du tour qu'avait pris sa relation avec John: elle voulait lui laisser le temps de réfléchir et de revenir en arrière, pour ne pas regretter un jour de ne pas avoir essayé; et pour donner à son enfant ce qui lui revenait de droit: une famille et l'amour de ses deux parents.

Un gargouillement lui suggéra de manger quelque chose, mais son état émotionnel ne lui donnait pas envie de cuisiner. Mira aurait pu lui préparer quelque chose de bon, si elle avait été à la maison. Elle lui avait donné un autre jour de congé pour pouvoir prendre le temps de réfléchir à ce qu'il fallait faire, car elle ne savait pas ce qu'elle trouverait à son retour à la maison.

Cela la désolerait énormément si elle était un jour obligée de lui dire qu'elle devait se trouver un autre emploi. Elle s'était attachée à cette femme si travailleuse, aux mille ressources; elle lui faisait confiance et la renvoyer serait une grande perte. Mira aussi semblait s'être liée à elle: elle lui disait souvent qu'elle n'avait jamais été aussi bien traitée que dans cette maison et qu'elle ne voudrait jamais la quitter. Pauvre Mira!

Elle toucha son ventre. Rit d'un rire aigu, décalé, nerveux, jusqu'à ce que ce rire se transforme en pleurs, qui libérèrent la tension de ces derniers jours, la jetant dans un étourdissement mental.

Le bip aigu de son téléphone lui rappela qu'elle devait le charger. Elle se leva avec des mouvements lents, le prit et le brancha sur la prise de courant; puis tenta de s'endormir, en vain.

Elle décida alors d'appeler Hans; elle avait besoin d'entendre une voix familière. Cela lui arrivait chaque fois qu'elle avait le moral en berne, à la différence de John, qui se refermait comme une huître.

John… Toujours lui dans sa tête!

Elle composa le numéro avec des gestes nerveux.

«Loreley, comment tu vas? Tu t'es amusée à Paris? lui demanda son frère.

–Bien sûr que je me suis amusée… Elle dérapa sur la dernière syllabe et s'éclaircit la voix.

–Tu es sûre que tout va bien?

–Je viens de me réveiller et je me sens encore un peu dans les vapes. Comment vous allez Ester et toi?

–Bien. Je suis encore au bureau et elle est chez maman.

–À propos d'Ester: tu sais, j'ai rencontré une personne à Paris.» Elle hésita: était-ce important de lui dire? Peut-être pas, mais pourquoi ne pas le faire? «Tu vois, cette personne que j'ai rencontrée, je l'ai pris pour Jack au premier coup d'oeil, le frère d'Ester.

Le silence se fit à l'autre bout de la ligne.

–Hans, tu es là?

–Je t'ai entendue.

–Excuse-moi, fais comme si je ne t'avais rien dit.

–Oublie les excuses et dis-moi plutôt: qui est ce type?

–Je l'ai rencontré quand j'ai fini à l'hôpital et… Elle s'arrêta. Merde! Elle ne voulait pas lui parler de la chute.

–Mais qu'est-ce que tu racontes? Qu'est-ce qu'il s'est passé?

–Rien de grave. Je vais bien, vraiment! Elle déplaça une mèche de cheveux derrière son oreille pour mieux entendre.

–Dis-moi la vérité! insista Hans d'une voix brusque.

Quand il prenait ce ton, cela signifiait qu'il ne lâcherait rien tant qu'il n'aurait pas reçu de réponse convaincante.

–J'ai trébuché dans les escaliers de l'hôtel, à Paris, mais je ne me suis pas fait trop mal heureusement: juste un genou gonflé et quelques points à la tête.

–Je fais un saut chez toi.

–Pas maintenant. Je dois encore récupérer du voyage. Il ne manquerait plus qu'il vienne chez elle: il constaterait l'absence de Johnny.

–Je viendrai plus tard, tu auras tout le temps de te reposer comme ça.

–J'ai besoin de rester un peu au calme. N'insiste pas! Et je te préviens: si tu viens quand même, je ne t'ouvre pas.

Quelques secondes de silence s'écoulèrent.

–D'accord, mais on se voit pendant la semaine, compris?

–C'est moi qui viendrai te voir dans ce cas, je suis souvent dans le coin de toute façon. Je verrai aussi Ester comme ça.

–Ça lui fera sûrement plaisir. Parle-moi de cet homme maintenant: tu as dit l'avoir rencontré à l'hôpital. Un médecin?

–C'est celui qui m'a recousue. Et je répète: ce type est le portrait craché de Jack avec la barbe; mais quand je l'ai entendu parler, je me suis dit que ça ne pouvait pas être lui: son anglais n'est pas parfait comme celui de l'autre, et la cadence est française. En plus, le personnel s'adressait à lui comme au docteur Jacques Legrand. Il est donc clair que ça ne peut pas être ton beau-frère. Il me regardait comme une inconnue.

–Les hasards de la vie sont vraiment étranges…

Loreley eut l'impression de percevoir un soupçon d'inquiétude dans la voix de son frère, en plus de la perplexité.

–C'est aussi ce que j'ai pensé.

–S'il te plaît, ne raconte pas à Ester ce que tu viens de me dire. Il lui a fallu du temps pour accepter la disparition de la seule personne de sa famille qu'il lui restait.

–Bien sûr que non! Ne t'inquiète pas.

–Et John?

–Il va bien, bien mieux que moi. Il est au travail en ce moment. Elle en était certaine.

–Salue-le pour moi. Je dois te laisser, désolé: j'ai une réunion dans quelques minutes. Préviens maman que tu es à la maison, et essaie de te reposer.»

Encore du repos et pour recommencer à marcher correctement, il lui faudrait de la kinésithérapie! pensa-t-elle en soupirant.

«Je dois retourner au travail demain ou Kilmer va vraiment me licencier.

–Essaie de tenir bon avec lui, ne te laisse pas intimider. On se voit dans la semaine.»

Masques De Cristal

Подняться наверх