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Vendredi 11 décembre

Siège national de la police israélienne, Jérusalem-Est.

Le quartier général de la police israélienne se trouvait à Tel-Aviv. Mais après la guerre israélienne de vol à main-armée des territoires, Israël avait fait une déclaration en déplaçant le siège à un nouveau site à Jérusalem-Est – un complexe de bâtiments gouvernementaux nommés après l’ancien premier ministre Kiryat Menachem Begin – situés entre Sheikh Jarrah au nord, le mont Scopus à l’est et la colline Ammunition à l’ouest. Le seul fait que cette année ait vu l’arrivée et le départ de trois commissaires généraux de police avait obligé Abe Goldman à faire une nouvelle visite au quartier général de la police pour discuter du maintien de l’ordre au Mont du Temple avec le dernier commissaire - hâtivement amené de Shin Bet – nommé récemment par le premier ministre et le ministère de la sécurité publique. Le nouveau commissaire était en fait plus efficace que loyal.

Goldman espérait que l’expérience précédente du nouveau commissaire avec l’agence de sécurité intérieure d’Israël permettrait de doubler les efforts du contrôle des troubles palestiniens sur le Mont. Connu sous son acronyme hébreu ‘Shabak’, Shin Bet était l’une des agences de sécurité la plus puissante du monde avec des antécédents historiques de groupes paramilitaires sionistes utilisant continuellement la violence contre les palestiniens avant la création d’Israël. L’agence est devenue depuis tristement célèbre pour la torture et l’assassinat de détenus palestiniens. Le Comité des Nations Unies contre la torture l’avait condamnée pour avoir utilisé illégalement des techniques violentes d’interrogatoire qui sont encore utilisées à ce jour.

Bien que la rencontre avec le commissaire dodu, moustachu et vêtu de kippa ait été cordiale, Goldman n’avait pas été impressionné par l’homme, qui au cours de son court mandat s’était montré controversé en faisant une distinction entre les pertes juives et les pertes palestiniennes avec l’affirmation absurde et manifestement motivée par le racisme que « Israël sanctifie la vie, nos ennemis sanctifient la mort. »

De plus, il avait pris la décision de dissimuler au public une recommandation des enquêteurs de la police selon laquelle l’épouse du premier ministre aurait dû être inculpée pour des irrégularités dans la gestion du ménage. Goldman voulait le rencontrer pour s’assurer que la surveillance stricte du Mont du Temple soit maintenue, au besoin de redoubler la protection des juifs visitant le site : une politique délibérée d’une présence juive croissante qui favoriserait l’objectif principal de la Fraternité Hiramique du troisième Temple.

Goldman avait créé la Confrérie, une cellule escroc secrète de la franc-maçonnerie pour éviter les sanctions. Bien que les membres maçonniques de cette cellule se consacrent exclusivement à l’accomplissement clandestin de la construction du Troisième Temple – comme décrit dans le Livre d’Ezéchiel – leur dévouement est basé sur des récits bibliques discutables tels expliqués dans le Livre des commandements par Maimonide – un éminent philosophe juif sépharade, astronome et l’un des érudits de la Torah et médecins le plus prolifique et influent – qui contient des détails sur le commandement et des instructions données par Dieu Lui-même au peuple juif le lendemain de Yom Kippour (Le jour des expiations) sur le Mont Sinaï : « Le Créateur a ordonné d’ériger une maison choisie pour Son service, où des offrandes sacrificielles seront amenées continuellement. Des processions et des pèlerinages festifs s’y dérouleront trois fois par an. »

L’ordre de construire le Temple fut reconnu comme l’un des 613 mitzvot (commandements) et une obligation judaïque à remplir. Les grands sages judaïques avaient soutenu que la reconstruction du Saint Temple respectant les dimensions, les caractéristiques et les attributs du Second Temple, était un commandement ferme et précis au peuple d’Israël. Ces commandements bibliques discutables et probablement frauduleux ne constituent cependant pas une justification suffisante pour l’approbation illégale et invariablement brutale et destructive des terres et des propriétés palestiniennes. Il semblerait que chaque fois que les anciens scribes juifs veuillent améliorer ou légitimer la nature et l’histoire du peuple juif et de leurs agissements, ils n’ont aucun scrupule à attribuer faussement la source de leurs revendications auto-grandissantes à Dieu Lui-même.

Il fut affirmé par exemple que Haram al-Sharif/Mont du Temple dans la Vieille ville de Jérusalem était le site le plus sacré du judaïsme, les juifs le désignant comme le Mont du Temple ou le Mont Moriah (Har HaMoriya). Pour les musulmans, c’était le troisième site le plus sacré après La Mecque et Médine et ils l’ont appelé Haram Al-Sharif (La Sanctuaire Noble) et la mosquée sous le nom de ‘Mosquée la plus éloignée’, également connue sous le nom d’Al-Aqsa et ‘Bayt al-Muqaddas’ en arabe. Les musulmans considèrent que l’enceinte d’Al-Aqasa était sacrée parce qu’on leur avait enseigné que la mosquée était la première Qibla – la direction vers laquelle les musulmans se dirigeaient pour la prière – dans l’histoire de l’islam et que c’était l’endroit d’où le prophète Mahomet avait fait son Voyage nocturne d’Isra et Miraj de La Mecque à Jérusalem avant son ascension au paradis. Le récit affirme qu’il avait voyagé sur un cheval ailé jusqu’à la ‘Mosquée la plus éloignée’ où il mena la prière devant d’autres prophètes, tels que Moïse, Abraham et Jésus, impliquant clairement sa prééminence sur tous les autres prophètes abrahamiques. Au paradis, il rencontra, fait rare mais brève, Dieu qui lui avait donné des instructions à transmettre aux fidèles musulmans.

La bible hébraïque et les récits judaïques affirment que l’enceinte d’Al-Aqsa était associé à trois montagnes bibliques dont leurs emplacements, bien qu’indéterminés, étaient d’une importance primordiale : le mont Moriah où l’engagement d’Isaac aurait eu lieu (Genèse 22) ; le mont Zion (2 Samuel 5 :7) où se trouvait la forteresse d’origine de la tribu des jébuséens (une tribu cananéenne) et la ‘Cité de David’ ; et le Mont du Temple où le Troisième Temple devait être érigé sur le même lieu présumé que celui du Premier Temple de Salomon à Jérusalem qui en hébreu était appelé Yerushalayim et Qods/Qadas en arabe.

Le Premier Temple aurait été construit par le roi Salomon – qui avait régné de 967 à 931 av. J.-C. – au cours d’un prétendu ‘Âge d’or’ lorsqu’Israël avait connu son apogée. Salomon était l’homme qui, après avoir demandé et obtenu la sagesse de Dieu (1 Rois 3 :11-12), avait pris le pouvoir en prenant sept cent femmes et trois cents concubines (1 Rois 11 :3). En dépit de sa responsabilité envers un si grand nombre de femmes, Salomon apparemment trouvait encore le temps et l’énergie d’écrire. On pense qu’il fut l’auteur de nombreuses littératures de sagesse caractérisées par des proverbes destinés à enseigner à la fois la divinité et la vertu. En réalité, il n’y a aucune preuve d’un ‘Âge d’or’, aucune preuve que les israélites étaient une grande nation, aucune preuve que de grandes villes avec des structures magnifiques aient existées.

Le personnage de Salomon, ou du dieu Soleil On, était la version israélite du dieu soleil égyptien, Ré d’Héliopolis. Malgré le peu d’écrits sur Salomon, il n’existe aucun document contemporain de son règne. La bible hébraïque affirmait que la construction du Temple de Salomon avait été réalisée avec l’aide du roi Hiram de Tyr (une partie de l’actuel Liban) qui avait fourni des matériaux de qualité, des artisans qualifiés et le légendaire architecte Hiram Abiff. Pour cette bienveillance, Salomon fut obligé de payer au roi Hiram un tribu annuel de 100 000 boisseaux de blé et 110 000 gallons d’huile d’olive pure (1 Rois 5 :11). A ce jour, cependant, aucune preuve archéologique du Temple de Salomon n’a été découverte et la seule référence actuelle prouvant son existence supposée vient de la bible hébraïque. Même les descriptions architecturales de ce Premier Temple manquent d’informations spécifiques et semblent avoir été dressées sur la base de caractéristiques combinées d’autres temples en Egypte, en Mésopotamie et en Phénicie.

L’emplacement actuel de Haram al-Sharif/Mont du Temple et de l’état d’Israël sont donc idéologiquement basés sur des récits de la bible hébraïque, sa traduction frauduleuse en grec se trouvant à la célèbre bibliothèque d’Alexandrie – par 70 scribes juifs engagés par le roi Ptolémée II, le monarque grec d’Égypte de l’époque – qui comprend le transfert des récits bibliques du nord du Yémen et de l’Arabie du sud à l’Égypte et la Palestine. Qades, comme mentionné dans la bible hébraïque, était l’une des 179 montagnes du Yémen – faisant du pays la région la plus montagneuse de la péninsule arabe – 80 kilomètres au sud de la ville moderne de Taïz qui n’a aucun lien avec Jérusalem.

Dans le récit de la sagesse de Salomon offerte par Dieu et de l’âge d’or, la bible raconte la légende de sa sagesse si répandue et que Bilqis la reine de Saba était venue à Jérusalem pour apprendre de ce grand homme (1 Rois 10 :2). Bilqis faisait partie d’une longue lignée de reines matriarcales de Saba qui régnaient sur toute la péninsule du Sinaï et qui avaient connues un véritable ‘âge d’or’ avec de fabuleuses richesses rassemblées de la Route à caravane servant de route principale pour le transport d’encens, de myrrhe, de gomme, d’or, de textiles, d’ivoire et d’épices essentielles pour les cérémonies religieuses et funéraires, ainsi que la préservation des denrées alimentaires. Il est peu probable que Bilqis se soit abaissée à faire ce voyage pour rendre hommage à un autre monarque.

La véracité de ces affirmations doit donc être jugée selon la prétendue exode juive d’Égypte, leur errance dans le désert pendant 40 ans et le lien de ces événements avec la réalité de l’Israël sioniste actuel. Pour commencer, l’idéologie sioniste fondamentale se préoccupe avant tout du mot hébreu historiquement connoté Aliyah (ascension), qui signifie voyager ou migrer vers le haut, où la terre promise d’Israël était censée se trouver. Il ne serait donc pas insensé de conclure, selon les preuves disponibles et les recherches scientifiques récentes, que ces migrateurs juifs n’étaient pas venus d’Égypte – conformément aux concoctions flagrantes de la bible hébraïque – mais de quelque part du sud du Levant, où l’Arabie ancienne et le Yémen se situaient.

En réalisant assidûment la chronique de la géographie de l’Arabie ancienne et du Yémen et en étudiant les historiens arabes classiques des six premiers siècles de l’islam, il était clair aux érudits que le théâtre actuel des récits bibliques israélites s’était déroulé dans ces lieux arabes avec leurs montagnes, leurs vallées et leurs tribus. Il n’est pas nécessaire d’être un érudit ou un chercheur brillant pour découvrir que dans ses premières références à l’Égypte, la bible hébraïque utilisait le nom ‘Mizraim’, un petit village insignifiant situé le long de l’ancienne route de caravanes en Arabie du sud d’où les récits israélites, comme ceux de Moïse, ont été développés.

Des recherches plus approfondies ont également révélé que les anciens israélites n’étaient pas un peuple ayant fui l’esclavage d’Égypte et erré dans le désert pendant 40 ans pour ensuite conquérir la terre promise. Le fait est que, tout comme l’Arabie moderne est d’une importance stratégique due à sa richesse en pétrole et en gaz naturel, l’Arabie ancienne était aussi importante en raison de son emplacement stratégique sur l’ancienne Route des caravanes de l’Inde, Yémen et la Corne de l’Afrique de l’Est en Irak, Égypte, la côte méditerranéenne et la Grèce. Ni la Route des caravanes ni l’ancienne route de la soie – qui étaient les principales routes commerciales du monde antique – ne se terminaient, ni traversaient la Palestine.

En raison de son importance pour les caravanes de chameaux qui voyageaient pendant des semaines et des mois à travers la péninsule arabe, la Route des caravanes exigeait une protection et des services, qui étaient fournis par les tribus arabes résidant sur la côte sud et occidentale. Ces tribus arabes récoltaient de grands profits en échange de nourriture, d’eau et d’autres biens indispensables aux commerçants ambulants. Cependant, toutes les tribus arabes ne se trouvaient pas à proximité de la Route des caravanes, certaines tribus habitaient la région montagneuse du nord du Yémen où elles avaient beaucoup de difficultés à subvenir à leurs besoins. Par conséquent, ces tribus moins fortunées – dont les israélites – furent obligées d’attaquer fréquemment les caravaniers et de leur voler leurs précieuses cargaisons. De plus, la Route des caravanes avait également une valeur stratégique si importante pour les égyptiens à l’ouest et les assyriens et les babyloniens à l’est, que le contrôle de l’Arabie était devenu indispensable. L’Arabie était alors devenue la cible de la plupart des campagnes militaires égyptiennes et assyriennes.

Outre le doute sur l’origine des israélites, il y avait également des preuves – que de nombreuses personnes continuent à refuser obstinément de croire – que le Dieu israélite, YHWH, avait une conjointe alors que la religion israélite primitive adoptait uniquement le concept de monothéisme pendant la période de déclin de la monarchie israélite et pas tel revendiqué sur le Mont Sinaï. Ce fut une conséquence de l’historique peu flatteuse des anciens israélites qui a poussé les scribes hébreux à écrire une histoire qui prêterait l’autorité divine à un peuple désespéré pour une identité ethnique et une terre propre. Les chercheurs scientifiques dans les domaines interdépendants de la bible, de l’archéologie et de l’histoire du peuple juif ont maintenant convenu que la réalité relative à l’émergence des juifs en tant que peuple en Palestine est contraire au récit concocté, mais néanmoins le discours dominant d’Israël est d’essayer de renforcer ses croyances en exploitant l’archéologie pour dénier le peuple autochtone palestinien de son histoire et la remplacer par la leur.

L’archéologie en Palestine n’a commencé à se développer qu’à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, parallèlement à l’archéologie des cultures, telles que celles de l’Égypte, de la Mésopotamie, la Grèce et Rome. De nombreux archéologues – qui fouillaient pour avoir des preuves monumentales du passé au nom des principaux musées de Berlin, Londres et Paris – avaient tendance à malhonnêtement connecter et utiliser les découvertes archéologiques comme justification aux mythes bibliques.

Les conditions de l’ancienne Palestine n’ayant jamais favorisé l’émergence de vastes royaumes avec des palais, des sanctuaires et des temples impressionnants comme ceux découverts en Égypte et en Mésopotamie, les initiatives de musées n’en furent jamais passionnées. Les motifs religieux étaient les seuls à s’intéresser à la Palestine dans le seul but de prouver ses liens aux Saintes écritures.

Les fouilles avaient débuté à Jéricho et à Shechem (Naplouse) où des chercheurs bibliques espéraient trouver des vestiges des villes mentionnées dans la bible. Cette recherche archéologique fut éperonnée par les efforts d’un américain, William Albright (1891-1971) – un archéologue, érudit biblique, philologue et expert en céramique – dont l’approche stipulée était d’utiliser l’archéologie comme principal moyen scientifique pour réfuter les revendications critiques contre la véracité historique des récits bibliques, y compris ceux de l’école allemande de Wellhausen dont la critique de la Bible avançait l’idée que cela constituait un danger à la communauté juive allemande.

Cette école de la critique biblique – dont Julius Wellhausen était le principal représentant et qui fut créée pendant la seconde moitié du 19ème siècle – avait contesté l’historicité des récits bibliques et avait soutenu qu’ils avaient été délibérément conçus pendant l’exil babylonien. Les érudits de la bible, et particulièrement ceux d’Allemagne, affirmaient que l’histoire hébraïque était une série continue d’événements débutant à l’époque d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; que le séjour en Égypte, la servitude et l’exode, la conquête de la terre et les colonies des tribus d’Israël n’étaient rien de plus qu’une reconstruction des événements d’un programme théologique pour un but précis.

D’un autre côté, Albright était d’avis que la bible était un document historique qui, malgré les multitudes étapes rédactionnelles et de traduction, était toujours un reflet fiable de la réalité antique. Il était certain, à un degré presque fanatique, que les fouilles des vestiges anciens de la Palestine fourniraient une preuve concrète de l’histoire juive sur cette terre. Par conséquent, l’archéologie biblique, qui avait suivi les traces d’Albright et de ses disciples, avait résulté à une série de fouilles élargies en respectant les écrits bibliques (monticules), y compris à Ai, une ville royale cananéenne qui selon le livre de Josué dans la bible hébraïque fut conquise par les israélites lors de la seconde tentative ; à Beil She’an, dont les ruines sont devenues le parc national de Beit She’an ; à Beil Shemesh, où la ville moderne israélite de Beit Shemesh fut fondée en 1950 ; à Gezer, anciennement une ville-état cananéenne au pied des montagnes de Judée ; à Gibeon, une ville cananéenne au nord de Jérusalem conquise par Josué ; à Jéricho, en Cisjordanie et maintenant sous occupation israélienne depuis 1967 ; à Tel Hazor, le site de l’ancienne Hazor située au nord de la mer de Galilée ; à Tel Lachish, aujourd’hui un site archéologique et un parc national israélien ; à Tel Megiddo, qui avec son importance historique exagérée est devenue le parc national de Megiddo comme site protégé du patrimoine mondial ; et Jérusalem, que les juifs revendiquent aujourd’hui comme étant la capitale éternelle d’Israël. Ainsi en adoptant avec enthousiasme une vision biblique des fouilles, les archéologues ont réussi à faire en sorte que chaque nouvelle découverte contribue d’une manière ou d’une autre au puzzle biblique du passé, y compris l’ère patriarcale d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (Genèse 12-50).

Cette approche pas très honnête de l’archéologie a inévitablement amené une situation où la profusion de découvertes archéologiques – plutôt que de justifier les récits bibliques – servait plutôt à discréditer leur crédibilité en créant des anomalies inexplicables. Les chercheurs, par exemple, ont eu des difficultés à s’entendre sur la période archéologique correspondant à l’âge patriarcal, n’étaient pas d’accord sur l’ère d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, ni sur l’époque où le Tombeau des patriarches à Hébron fut acheté pour servir de sépulture aux patriarches et aux matriarches.

Selon la chronologie biblique, Salomon avait construit le Premier Temple environ 480 ans après l’exode d’Égypte (1 Rois 6 :1) auquel il a fallu ajouter 430 ans supplémentaires de vie en Égypte (Exode 12 :40). Cependant, aucune preuve n’existe à ce jour. Dans les années 1960, Albright suggéra que les errances devaient être attribuées à l’Âge de bronze (22ème – 20ème siècles av. J.-C.), mais Benjamin Mazar – autorité de la branche israélienne de l’archéologie biblique – avait proposé que le passé historique de l’ère patriarcale devrait dater du 11ème siècle av. J.-C. ‘la période d’implantation’. Ces propositions ont été rejetées par d’autres érudits, qui considéraient l’historicité des récits comme étant des légendes ancestrales racontées au temps du Royaume de Judée.

Quant à l’Exode d’Égypte, les errances dans le désert et le récit du mont Sinaï, aucun document égyptien ne confirmaient ces affirmations. Si des juifs avaient été expulsés de l’Égypte ancienne, il était très peu probable que le nombre d’expulsés ait été le nombre revendiqué par les scribes juifs. Un événement aussi important– 600 000 personnes à l’époque auraient représentées au moins un quart de la population égyptienne – aurait été sans aucun doute enregistré avec diligence ou au moins mentionné. De nombreux documents égyptiens mentionnent cependant la coutume des bergers nomades qui sont arrivés en Égypte pour camper sur le delta du Nil pendant les périodes de sécheresse et de pénurie de nourriture. Bien que de telles incursions inoffensives sur une période de plusieurs siècles fussent fréquentes, pourquoi n’auraient-ils pas rapporté des événements aussi exceptionnels.

De plus, les chercheurs se sont constamment efforcés à essayer de localiser le mont Sinaï et les campements désertiques des tribus nomades. Mais malgré leur acharnement, pas un seul site correspondant au récit biblique n’a été découvert. Les principaux événements historiques d’Israël n’ayant pas été prouvés par des découvertes archéologiques ou des documents non-bibliques, la plupart des historiens sont d’avis que le séjour en Égypte et les événements de l’exode pourraient avoir touché un nombre négligeable de familles nomades, dont l’histoire fut embellie pour répondre aux besoins d’une idéologie nationaliste.

Même le récit historiquement important sur la façon dont la terre de Canaan fut conquise par les israélites est contesté en raison des difficultés rencontrées à découvrir des preuves archéologiques pour soutenir cette affirmation biblique. Des fouilles de différentes expéditions à Jéricho et à Ai – des villes dont la conquête est concisément détaillée dans le Livre de Josué – n’ont abouti à rien qu’à la conclusion que pendant la période convenue pour la conquête à la fin du 13ème siècle av. J.-C., il n’y avait aucune ville aux deux endroits mentionnés et certainement pas de murs qui auraient pu ‘dégringoler’. Par manque de preuves, une variété d’explications peu convaincantes ont été offertes, y compris la suggestion que les murs de Jéricho avaient été emportés par la pluie.

Il y a presque un demi-siècle, les érudits bibliques avaient proposé l’idée que les récits de la conquête ne devraient être considérés que comme des légendes mythiques, car la découverte de plus en plus de sites avait prouvé que les endroits en question ont à différents moments tout simplement disparu ou ont été abandonnés. Il fut donc finalement conclu qu’il n’existait aucune preuve factuelle pour soutenir le récit biblique d’une conquête par les tribus israélites dans une campagne militaire dirigée par Josué.

Alors que le récit biblique exagère l’étendue – « grandes villes avec des murs célestes » (Deutéronome 9 :1) – des fortifications de la ville cananéenne conquise par les israélites, la réalité était tout autre sur les sites de fouilles où l’on a découvert que quelques vestiges d’habitations non-fortifiées en petit nombre qui pourraient difficilement être considérés comme des villes. Il était donc évident que la culture urbaine palestinienne de la fin du 13ème siècle av. J.-C. s’était désintégrée sur une période de plusieurs centaines d’années plutôt que d’être le résultat de la conquête militaire par les israélites.

De plus, soit les auteurs des descriptions bibliques ne connaissaient pas, soit ils ignoraient délibérément la réalité géopolitique de la Palestine. En effet, la Palestine fut soumise à la domination égyptienne jusqu’au milieu du 12ème siècle av. J.-C. Les centres administratifs égyptiens étaient situés à Gaza, à Japho (Jaffa) et à Beit She’an prouvés par de nombreux sites égyptiens sur les deux berges du Jourdain. Le récit biblique omet de mentionner cette présence égyptienne. Il est bien évident que les scribes ignoraient ou avaient délibérément omis une importante réalité historique des découvertes archéologiques prouvant que le scénario biblique des « grandes » villes cananéennes, des fortifications imprenables avec des « murs très hauts » et l’héroïsme de quelques conquérants israélites aidés par Dieu contre les cananéens plus nombreux, étaient toutes des reconstructions théologiques dépourvues de fondements factuels.

Même l’émergence progressive des israélites en tant que peuple était sujette au doute et au débat, car il n’y avait aucune preuve d’une conquête militaire spectaculaire de villes fortifiées, ni de preuves de l’identité réelle des israélites. Cependant les découvertes archéologiques ont indiqué qu’à partir de 1200 av. J.-C., identifiée à la période de ‘peuplement’, des centaines de petites colonies se sont installées dans la région centrale des collines où les agriculteurs travaillaient la terre et élevaient des moutons. Comme il avait déjà été établi que ces colons n’étaient pas venu d’Égypte, on proposa donc – dû aux tombes découvertes dans la région des collines – qu’ils étaient des bergers pastoraux qui avaient erré dans la région se livrant à une économie de troc avec les habitants de la vallée en échangeant de la viande contre des céréales. Avec la désintégration progressive des systèmes urbains et agricoles, ces bergers furent forcés de produire leurs propres céréales en créant de petites colonies permanentes.

‘Israël’ fut mentionnée dans un seul document datant du 1208 av. J.-C., la période du roi Mérenptah, qui avait déclaré « Canaan est pillé avec tous les maux, Ascalon est pris, Gezer est saisi, Yenoam est devenue comme si elle n’avait jamais existé, Israël est désolée, sa semence ne l’est pas. » En faisant référence au pays sous son nom cananéen et mentionnant plusieurs villes du royaume, Mérenptah avait fourni la preuve que le terme d’ « Israël » fut donné à l’un des groupes de population résidant dans la région centrale de collines de Canaan vers la fin de l’Âge de bronze, où le royaume d’Israël devait être établi plus tard.

L’archéologie a également joué un rôle en apportant un changement dans la reconstruction de la réalité de la période ‘monarchie unifiée’ de David et Salomon que la bible décrit comme étant le sommet du pouvoir économique, militaire et politique des anciens israélites avec les conquêtes de David suivies par le règne de Salomon en créant un empire s’étendant de Gaza à l’Euphrate. « Il dominait sur tout le pays de l’autre côté du fleuve, depuis Thiphsach jusqu’à Gaza, sur tous les rois de l’autre côté du fleuve. » (1 Rois 4 :24). Les découvertes archéologiques sur de nombreux sites, cependant, prouvent que les bâtiments imposants et les magnifiques monuments attribués à cette époque n’étaient rien de plus que des structures fonctionnelles et banales.

Parmi les trois villes mentionnées ayant été des constructions extraordinaires réalisées par Salomon, Gezer s’est avérée être seulement une citadelle couvrant une petite parcelle de terre entourée de mur en casemate, de deux murs parallèles avec un espace vide au centre. La ville au-dessus de Hazor n’était que partiellement fortifiée – environ 7,5 acres sur un total de 135 acres – et fut érigée à l’Âge de bronze. Quant à Megiddo, elle ne couvrait qu’une petite parcelle de huttes et non de bâtiments, sans aucune preuve de mur fortifié.

D’autres contradictions également émergent à la suite des fouilles à Jérusalem – la prétendue capitale de la monarchie unifiée – où de vastes fouilles au cours des 150 dernières années ont révélé des vestiges impressionnants de villes vers le milieu de l’Âge de bronze et l’Âge de fer II (la période du Royaume de Judée). En dehors de quelques fragments de poteries, aucun prestige de bâtiments de la période de la monarchie unifiée n’a été découvert. Compte-tenu de l’existence des vestiges conservés des périodes antérieures et postérieures, on pourrait conclure que Jérusalem à l’époque de David et de Salomon n’était qu’une petite ville avec au maximum une petite citadelle pour le souverain, mais certainement pas la capitale d’un empire impressionnant tel décrit dans la bible.

Comme ils étaient évidemment conscients du mur de Jérusalem du 8ème siècle et de sa culture, dont les prestiges avaient été découverts dans différentes parties de la ville, les auteurs bibliques ont donc transféré ce scénario à l’époque de la monarchie unifiée. On peut supposer que le statut le plus proéminent de Jérusalem fut acquis suite à la destruction de sa rivale, Samaria, qui fut assiégée pendant trois ans par l’assyrien Sargon II avant de finalement se rendre en 722 av. J.-C.

Outre les doutes justifiés sur les détails historiques et politiques du récit biblique, des questions sur les doctrines et le culte des israélites ont également été soulevées y compris la date à laquelle le monothéisme a été adopté par les royaumes d’Israël et de Judée. Par exemple, à Kuntillet Ajrud dans la partie sud-ouest de la région Néguev et à Khirbet el-Kôm au piémont de Judée, des inscriptions hébraïques ont été découvertes mentionnant ‘YHWH et son Ashera’, ‘YHWH Shomron et son Ashera,’ ‘YHWH Teman et son épouse Ashera’. Les auteurs étaient évidemment familiers avec le couple de dieux YHWB et son épouse Ashera, et ils envoyèrent des bénédictions au nom du couple. Ces inscriptions du 8ème siècle av. J.-C. suggèrent la possibilité que le monothéisme en tant que religion d’état était en réalité une innovation de l’ère du Royaume de Judée suite à la destruction du Royaume d’Israël.

Les découvertes archéologiques s’étaient révélées être cohérentes avec les conclusions de l’école critique des études bibliques selon lesquelles David et Salomon auraient pu être des chefs tribaux du royaume régnant sur des petites zones dont Hébron et Jérusalem, prouvant qu’ils n’étaient pas seulement des royaumes séparés et indépendants mais parfois même des adversaires. Par conséquent, le récit colmaté de la monarchie unifiée est une concoction historique imaginaire écrite au plus tôt à l’époque du Royaume de Judée dont le nom est toujours un mystère. Ce qui était étonnant dans tout cela était le fait qu’un état-nation du peuple juif – y compris le très intelligent Abe Goldman – citait des erreurs bibliques flagrantes comme justification à son appropriation illégale et violente des terres, des biens et des ressources palestiniens.

Tunnels du Mur occidental, Jérusalem-Est, Territoires occupés palestiniens

Yaakov Katzir était un juif ashkénaze de Russie, qui au sens strict du terme n’était pas un sémite. La recherche minutieuse et impartiale avait en effet révélé que le mot ‘sémite’ n’avait aucun rapport avec un groupe religieux ou ethnique particulier mais avec un groupe à langues sémitiques, y compris l’amharique (parlé par les éthiopiens et les érythréens sur les terres anciennes d’Abyssinie), l’arabe (parlé par les arabes et autres pays musulmans étant la langue du Coran), l’araméen (parlé principalement par les chrétiens d’Irak, certains catholiques et chrétiens maronites), l’hébreu (parlé par les israéliens, certains juifs et autres en dehors d’Israël) et le syriaque (parlé par différentes parties de la Syrie et du Moyen-Orient).

Les experts linguistiques soulignent également qu’Abraham, le père des arabes et des juifs, ne parlait pas hébreu, mais l’araméen qui était la langue de la terre. Les juifs authentiquement génétiques venaient d’Espagne, du Portugal, de l’Afrique du nord et du Moyen-Orient et étaient connus sous le nom de ‘Séfarades’, un mot dérivé de l’hébreu ‘Sepharad’ qui se rapporte à l’Espagne. Les juifs séfarades, à cause de leur familiarité avec leur propre histoire et la véritable signification du mot ‘sémite’, ont tendance à éviter le terme ‘antisémitisme’ car il est fondamentalement absurde. Alternativement, les juifs ashkénazes profitant de la loi israélienne du retour – la législation israélienne adoptée le 5 juillet 1950 donnant aux juifs le droit au retour, le droit de vivre en Israël et le droit d’obtenir la citoyenneté israélienne – n’ont aucun lien avec la Palestine tel observé par H. G. Wells dans son Outline of History (Un aperçu de l’histoire) : « Il est très probable que la plus grande partie des ancêtres des juifs n’ait ‘jamais’ vécu en Palestine, ce qui en témoigne la prépondérance de l’affirmation historique sur les faits. »

Même l’hypothèse de longue date que les juifs ashkénazes descendaient des khazars – un royaume multi-ethnique qui comprenait les iraniens, les turcs, les slaves et les circassiens qui se seraient convertis au judaïsme par ordre de leur roi – fut discréditée par des études prouvant une lignée maternelle largement dérivée de l’Europe. Selon de nouvelles preuves provenant d’une étude récente d’ADN mitochondrial – transmis exclusivement de la mère à l’enfant – les juifs ashkénazes descendaient de femmes européennes préhistoriques sans aucun rapport avec les anciennes tribus d’Israël. Cela contredit également l’idée persistante que les juifs européens étaient pour la plupart des descendants de personnes ayant quitté Israël et le Moyen-Orient il y a environ 2000 ans.

Sous le titre de ‘Une brève histoire des termes pour les juifs’ dans l’Almanach juif de 1980, une déclaration a été faite que : « à proprement parler, il est incorrect d’appeler un ancien israélite, un ‘juif’ ou d’appeler un juif contemporain, un israélite ou un hébreu. » Cependant, en 1970, Israël a étendu le droit de retour, d’entrée et de colonisation pour introduire des personnes d’ascendance juive avec leurs épouses en continuant à expulser de force et à persécuter les indigènes palestiniens. Ces derniers n’ont aucun droit de résidents dans les camps de réfugiés qui ne sont plus ou moins que des camps de concentration.

Les réunions de la Fraternité hiramique du Troisième Temple étant organisées au troisième lundi de chaque mois, Yaakov Katzir fut autorisé à visiter les tunnels du Mur Occidental – le plus grand projet archéologique-touristique de la Vieille Ville – le vendredi précédent pour qu’il puisse fournir à ses collègues un rapport sur le progrès des fouilles en cours depuis 1969. La prochaine réunion de la Fraternité était d’une importance particulière, car un invité d’honneur du Conseil sanhédrin serait présent. Le sanhédrin récemment établi – qui était le conseil suprême ou la cour de l’ancien Israël – se composait d’anciens (juges) dont la dernière décision d’engagement à une époque lointaine semblait avoir été prise en 358 avec l’adoption du calendrier hébreu.

Katzir n’était cependant intéressé que par une fouille particulière qui se déroulait dans le plus grand secret. En conséquence, les tunnels du Mur Occidental étant ouverts aux visiteurs du dimanche au jeudi de sept heures du matin à six heures le soir et vendredi jusqu’à midi, certaines tâches de cette fouille secrète et illégale n’étaient possibles qu’après la fermeture du vendredi et durant toute la journée du samedi, le sabbat juif. Katzir arrivait toujours avant l’heure de la fermeture et se mêlait à l’équipe de creuseurs assermentés, qui étaient censés être des employés de la Western Wall Heritage Foundation.

Les travaux sur cette excavation ont été lancés environ un an et demi plus tôt avec la construction d’une trappe à technologie de pointe avec un conduit creusé verticalement pour la rendre invisible. La trappe était située juste en face de la Porte des Marchands de coton – construite en même temps que le marché au XIVème siècle par l’émir Mamelouke Tankiz – et en ligne avec le Dôme du Rocher. Le conduit vertical de neuf pieds était équipé d’une échelle en aluminium menant à une pièce carrée de 20 pieds qui servait de débarras d’où le creusement du tunnel avait été fait. L’évacuation des matériaux excavés et l’entrée des tôles en acier galvanisé, des tuyaux et de seuils de boue pour consolider le toit du tunnel, présentaient un problème. Des stratagèmes et des précautions compliqués devaient être pris pour éviter d’attirer l’attention ou la suspicion.

Le tunnel conduisait vers l’emplacement présumé du Puits des âmes qui, selon la croyance de certains toujours à prouver, contenait l’Arche de l’Alliance mythique contenant les originaux des tablettes des Dix Commandements que Dieu aurait donnés à Moïse sur le mont Sinaï lorsque les anciens israélites erraient dans le désert. Le mot Ark était l’origine du mot moderne Arche et dérivé du mot Arca en latin signifiant une boîte, un coffre ou une caisse. Les objets cachés dans ces conteneurs étaient considérés comme être arcane, et toute chose de profondément mystérieuse était un arcanum comme en alchimie et dans le Tarot (de l’italien Tarocchi). Un entrepôt pour la conservation des documents était une archive, les objets de l’antiquité étant archaïque. Par conséquent, l’excavation et l’étude des objets archaïques étaient appelés archéologie.

Une certaine confusion biblique tournait autour de ces tablettes : par exemple, dans Exode 40 : 20 il est dit qu’ « Il prit le témoignage, et le plaça dans l’arche ; il mit les barres à l’arche, et il posa le propitiatoire au-dessus de l’arche. » tandis que la référence réelle aux Commandements vient d’une rétrospective ultérieure dans le Deutéronome. C’est apparemment à ce moment-là, avant que les israélites emmènent l’Arche en Jordanie, que Moïse leur avait rappelé sa grande puissance et les événements antérieurs sur le mont Horeb. Il rappela comment les tablettes en pierre, écrites du doigt de Dieu, étaient celles qu’il avait jetées à terre et brisées devant leurs yeux. Il raconta ensuite comment il reçut l’ordre de tailler deux autres tablettes – sur lesquelles devaient être inscrit ce qui ne l’avait pas été sur les premières tablettes – et que c’était ces tablettes qu’il avait placé dans l’Arche.

L’affirmation que les tablettes en pierre d’origine sur lesquelles Dieu avait écrit n’avaient pas été en fait placées dans l’Arche était naturellement la cause d’une consternation, parce que le récit de l’Arche était basé sur cette même hypothèse que les érudits judaïques reconnaissaient être suspects. Pour résoudre ce problème, un compromis fut approuvé au Moyen-âge par les théologiens concluant l’existence de deux Arches : une que Béséléel avait construite (Exode 31) et sa réplique contenant les tablettes brisées par Moïse. Il fut néanmoins souligné que c’était l’Arche d’origine de Béséléel qui avait fini dans le Temple de Salomon. Le sort de la réplique contenant les Commandements était devenu un problème que les historiens juifs avaient religieusement évité d’aborder et avaient laissé le travail d’exploration de la fable à une fraternité chrétienne éthiopienne.

L’une des nombreuses idées fausses est que Moïse ait écrit le Pentateuque (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome), alors que les savants savaient qu’ils avaient été écrits par des scribes à Jérusalem à différentes époques, probablement à la fin de la période postexilique – entre la fin de l’exil juif à Babylone en 538 av. J.- C. et le 1er siècle – dans le but de concocter une histoire mythique pour une nation hébraïque basée sur les coutumes, les déclarations et les légendes d’autres nations. Environ 700 ans après la mort de Moïse, le Deutéronome fut écrit d’une manière qui suggérait que les mots étaient sortis directement de la bouche de Moïse. Ce fut également le cas de l’Exode, faisant partie de la création du folklore qui justifierait l’invasion des israélite tirée du récit cananéen en alléguant la volonté de Dieu lorsque Moïse a déclaré soi-disant « lorsque l’Eternel, ton Dieu, te les auras livrées et que tu les auras battues, tu les dévoueras par interdit, tu ne traiteras point d’alliance avec elles, et tu ne leur feras point grâce. » (Deutéronome 7 :2). « Car tu dévoueras ces peuples par interdit, les Héthiens, les Amoréens, les Cananéens, les Phéréziens, les Héviens, et les Jébusiens, comme l’Eternel, ton Dieu, te l’a ordonné. » (Deutéronome 20 :17) ; « l’Eternel, ton Dieu, marchera lui-même devant toi, il détruira ces nations devant toi, et tu t’en rendras maître. Josué marchera aussi devant toi, comme l’Eternel l’a dit. » (Deutéronome 31 :3) Aujourd’hui au 21ème siècle, le peuple palestinien se trouve encore dépossédé de ses terres, privé de sa culture et ethniquement nettoyé avec une impunité arrogante, conformément aux concoctions artificielles des anciens scribes hébreux.

Le consensus de l’opinion savante est que ces récits provenaient de quatre sources différentes, combinées sur une période de temps pour produire les cinq premiers livres de la bible sous forme de composé. Les sources étaient mentionnées comme J, la source Jahwiste (de la translittération allemande de l’hébreu de YHWH) ; E, la source Elohiste ; P, la source de prêtre ; et D, la source deutéronomiste. Par conséquent, le Pentateuque (que les juifs appellent la Torah) fut composé de documents provenant de six siècles de folklore combinés pour produire un récit imaginable de la création du monde par Dieu et de sa relation aux hommes en général et en particulier avec les juifs.

Une contradiction apparente indélébile existait au sujet du sanctuaire transportable de l’Arche. Les détails de description du Tabernacle de la Congrégation dans le Pentateuque de prêtre (‘P’) sont tout-à-fait différents de la description beaucoup plus simple de l’Elohist (‘E’) disant que « Moïse prit la tente et la dressa hors du camp, à quelque distance ; il l’appela tente d’assignation ; et tous ceux qui consultaient l’Eternel allaient vers la tente d’assignation, qui était hors du camp. » (Exode 33 :7). La description du prêtre décrivant un magnifique Tabernacle situé au milieu du camp avec des préposés et des gardiens lévites est entièrement en contraste avec la description de l’Exode. Cette version du Tabernacle – qui par la suite fut considérée comme celle reproduite dans le Temple de Salomon – avait de lourds murs en planches drapés de peaux épaisses de lin et de chèvre et pourvu d’un autel, de meubles, de tentures, d’anneaux et autres ornements. Un sanctuaire difficile à transporter contrairement à la simplicité de la tente sanctuaire d’Elohim.

Il convient également de noter qu’à la période évangélique du premier siècle, il n’y avait pas encore aucun texte juif disponible mais uniquement une série de textes écrits par différentes personnes, comme le prouve la découverte de parchemins dans la cave de Qumrân située environ à deux kilomètres à l’intérieur des terres de la rive nord-ouest de la mer Morte. Ces parchemins étaient destinés à être utilisés dans les synagogues plutôt que d’être mis à la disposition du grand public. Le premier ensemble de textes composés reconnus comme étant la bible hébraïque n’a existé qu’après la chute de Jérusalem sous les romains en l’an 70 avec la composition de l’Ancien Testament écrit dans un style hébreu utilisant uniquement des consonnes. Une traduction en grecque fut alors réalisée – appelée le Septante (du latin septuaginta : soixante-dix) parce que soixante-douze savants ont été responsables de sa traduction – pour répondre au nombre croissant de juifs hellénistes parlant grec. Au cours du quatrième siècle, St Jérôme avait réalisé une traduction en Latin, appelée la Vulgate, qui fut ensuite utilisée par le christianisme. Malheureusement, une recherche impartiale avait suggéré fortement que la traduction grecque du Septuaginta des récits hébreux – en réalité non mérités d’être appelés la bible – était plutôt une falsification grossière, une tromperie pernicieuse qui a continué à laver le cerveau des foules crédules et à affecter de manière néfaste le destin de l’humanité.

Vers l’an 900, les savants juifs connus sous le nom de Massorètes – pour avoir ajouté la Massorah, une série de notes traditionnelles au texte – ont produit à partir du vieux texte hébreu une nouvelle forme connue sous le nom de Codex Petropolitanus. Donc indépendamment du texte massorétique, la Vulgate latine, la version anglaise et les autres traductions datent toutes de notre ère et ont subi des ajustements de traduction et d’interprétation par des scribes engagés à fournir un récit – même si cela nécessitait à étirer la vérité – qui servirait de conviction religieuse commune pour l’unification d’un peuple désespéré d’établir et de préserver une identité unique face à l’oppression discriminatoire. Il est également important de reconnaître que les références historiques à l’Arche dans le livre de l’Exode et dans la majeure partie de l’Ancien Testament étaient fréquentes et comprenait des récits de son rôle central dans la conquête de Canaan par les israélites, de son pouvoir manifeste à tuer sans prévenir tous ceux qui désobéissaient aux règles et de la furie de son pouvoir déchaîné à provoquer des tumeurs à l’échelle pandémique.

Depuis lors, les historiens et les savants ont conjecturé que l’Arche aurait été emportée et détruite, intentionnellement cachée sous le Mont du Temple, retirée de Jérusalem avant l’invasion babylonienne, emmenée en Ethiopie par le prince éthiopien Ménélik I le fils supposé du roi Salomon et de la reine Saba, relocalisée par les prêtres juifs sous le règne de Manassé ou tout simplement élevée miraculeusement par une intervention divine. Bien que la dernière allusion connue pour l’Arche dans le Temple date de 701 av. J.-C., lorsque le roi assyrien Sennachérib encercla les forces d’Ezéchias à Jérusalem, l’existence et la destruction ou le déplacement du Temple reste toujours un sujet à débattre.

Malgré l’incertitude de l’existence réelle du Puits des âmes – ou même de l’Arche de l’alliance – son emplacement était supposé être au Haram al-Sharif/Mont du Temple en dessous d’une grotte naturelle sous la roche qu’Abraham avait préparé pour sacrifier son fils Isaac selon les juifs et d’où Mahomet est monté au ciel selon les musulmans. En tapant sur le sol de la grotte, un mystérieux son retentissait. Les explorateurs britanniques du XIXème siècle, Charles Wilson et Sir Charles Warren, pensaient que l’écho était dû à une petite fissure sous le sol et n’avaient jamais réussi à prouver ou à affirmer l’existence de cette pièce.

Bien qu’il n’y ait jamais eu d’exploration archéologique officielle organisée au Haram al-Sharif/Mont du Temple – qui est sous le contrôle de la fondation religieuse musulmane de Waqf – on sait qu’il est criblé d’un réseau de près de quarante-cinq citernes, pièces, tunnels et caves. Shimon Gibson, associé principal de l’institut W.F. Albright de recherche archéologique à Jérusalem, qui avec son collègue David Jacobson a écrit une analyse définitive – Sous le Mont du Temple à Jérusalem : un recueil sur les citernes, les pièces souterraines et les conduits de Haram al-Sharif – déclare que « depuis le 19ème siècle, aucun occidental n’a été autorisé à accéder aux pièces souterraines du Mont du Temple… j’aurais voulu me déguiser moi-même en ouvrier local du Waqf et m’infiltrer dans ces sites, mais je n’ai souhaiterais pas courir le risque de créer un incident international. » Prendre ce risque n’était plus un problème aux israéliens.

Selon les récits bibliques, l’Arche – qui fut conçue en bois de shittah (Acacia) couvert d’or connu par les anciens égyptiens, l’Arbre de Vie étant très important dans la médecine traditionnelle dû à sa contenance d’alcaloïdes psychoactifs (hallucinogènes) – avait été cachée dans une pièce sous le Haram al-Sharif/Mont du Temple. Si c’était le cas, alors il est peu probable qu’elle ait survécu aux conditions défavorables et à l’humidité. C’était l’opinion de Shimon Gibson que « l’Arche serait probablement désintégrée. Sauf, bien sûr, si elle avait des propriétés sacrées. Mais moi, en tant qu’archéologue, je ne peux pas parler des propriétés sacrées théoriques d’une boîte en bois. » Même si c’était le cas, alors il y aurait sûrement encore des restes de l’or qui couvrait l’Arche ou du pot en or qui contenait la manne, le ‘pain du désert’ que Dieu avait offert aux 600 000 enfants d’Israël lorsqu’ils avaient quitté l’Égypte pour la Terre Promise.

Pour Yaakov Katzir, la découverte du Puits des Âmes ou de toute autre pièce sous le Mont du Temple justifierait son enthousiasme fanatique pour l’engagement de la Fraternité Hiramique à la construction d’un Troisième Temple, justifierait la croyance en son idéologie de suprématie raciale juive inculquée par son éducation et son service militaire, et enflammerait sa ferveur nationaliste juive et sa haine pour les non-juifs en exploitant l’Holocauste comme justification à la violence et à la discrimination contre les palestiniens, les migrants africains et même les éthiopiens juifs. La conscience de Yaakov n’était en fait nullement troublée par la violence actuelle raciste israélienne contre les juifs éthiopiens qui prétendaient posséder l’Arche de l’alliance en Éthiopie. Il se moquait d’eux avec véhémence en disant « des absurdités de nègres qu’ils devraient reprendre avec eux en Afrique. »

La tradition éthiopienne soutenait que l’Arche de l’Alliance avait été préservée dans l’ancienne ville sainte d’Axoum. L’Arche aurait été apparemment conservée pendant des siècles dans l’église de Marie de Sion, où l’empereur Iyase l’aurait vu et lui aurait parlé en 1691. Actuellement, l’Arche est prétendument conservée dans la Chapelle de la Tablette, construite à côté de l’église sous le règne du dernier empereur Hailé Sélassié. On dit qu’elle fut confiée à un seul gardien qui brûlait de l’encens et récitait le Livre biblique des Psaumes devant l’Arche. Personne – y compris les rois et les évêques – n’était autorisé à s’approcher de l’Arche en dehors du gardien qui n’était pas uniquement un moine, mais également un vierge au service de l’Arche jusqu’au jour où il nomme son successeur à l’approche de sa mort.

Le récit classique de l’Arche d’Éthiopie provient d’une épopée médiévale, La Gloire des Rois (Kebra Nagast), écrite en langue geez éthiopienne. Elle décrit comment la reine de Saba Bilqis en entendant parler de l’immense sagesse du roi Salomon s’était rendue à Jérusalem pour acquérir plus de connaissances et de sagesse pour mieux gouverner son peuple. Impressionné par sa beauté et son intelligence, Salomon se mit à désirer à avoir un enfant d’elle : un désir non motivé par la convoitise, mais par une aspiration apparemment généreuse pour remplir la terre de fils qui serviraient le Dieu d’Israël. On prétendit que Bilqis eut un fils, qui à l’âge adulte sortit d’Éthiopie pour rendre visite à son père à Jérusalem. Après avoir nommé son fils roi d’Éthiopie, Salomon donna l’ordre aux anciens d’Israël d’envoyer leurs propres fils en Éthiopie pour servir en tant que conseillers. Tristes de ne plus jamais voir Jérusalem et son Temple, les jeunes israélites décidèrent d’emmener l’Arche avec eux. Le récit de La Gloire des Rois affirme que c’était en fait l’Arche, elle-même, qui avait décidé de quitter Jérusalem parce que les juifs avaient cessé de pratiquer la foi qui leur avait été révélée par Dieu.

Une version alternative de la visite de Bilqis était qu’elle avait été accueillie avec fanfare et des festivités. On lui fit faire un tour des grands bâtiments, y compris le Temple. Elle fut à la fois terrifiée et éblouie par sa magnificence. Captivé par sa beauté, Salomon – qui aurait eu trois cents concubines et sept cents épouses – lui proposa le mariage que Bilqis, flattée, accepta. Après plusieurs visites ultérieures au Temple, Bilqis insista à rencontrer l’architecte de cette magnificence. Lorsqu’il lui fut amené, elle trouva l’architecte Hiram Abiff beau et ses manières séduisantes. En reprenant son sang-froid, elle l’interrogea longuement et le défendit malgré la mauvaise volonté et la jalousie croissante de Salomon. Lorsqu’elle demanda à voir les hommes qui avaient construit le Temple, Salomon protesta à l’impossibilité de rassembler toute la main-d’œuvre composée d’apprentis, de confrères artisans et de maîtres. Mais Hiram en sautant sur un grand rocher pour être mieux vu, décrit de sa main le symbole Tau, et aussitôt tous les ouvriers se hâtèrent des différents endroits de leurs postes pour se présenter devant leur maître. Bilqis fut si impressionnée par une telle démonstration d’autorité qu’elle réalisa qu’elle était amoureuse du grand architecte et regretta sa promesse faite à Salomon. Elle annula alors son engagement à Salomon en retirant l’anneau de fiançailles de son doigt.

Cela soulève la question de savoir quand La Gloire des Rois fut écrite et quand la tradition de l’Arche en Éthiopie a-t-elle commencé. On sait selon des pièces de monnaie et des épigraphes que les anciens rois d’Axoum étaient des païens jusqu’au 4ème siècle lorsqu’ils se sont convertis au christianisme – qui fut déclaré la religion de l’état en l’an 330 – sans aucune trace attestant qu’ils étaient des descendants du roi Salomon ou qu’ils avaient un quelconque lien avec l’Arche de l’alliance. Le premier rapport de la présence de l’Arche en Éthiopie apparaît vers la fin du 12ème siècle lorsqu’un Arménien au Caire, Abu Saleh, avait écrit en arabe que les éthiopiens étaient en possession de l’Arche de l’Alliance qui fut emmenée par les descendants de la famille du roi David aux cheveux blonds et au teint rouge et blanc. Alors que certains historiens avaient affirmé à juste titre qu’Abu Saleh s’était trompé en affirmant que l’Arche fut emmenée par des européens plutôt que par des éthiopiens, on ne peut renier son récit qui s’est appuyé sur le Cantique de Salomon de la Bible qui déclare que Salomon avait les joues blanches et rouges et des cheveux tels de l’or fin.

En dépit de tous ces arguments et de toutes ces théories, on reconnut finalement que les faits historiques racontant la vie du roi Salomon (vers 1011-931 av. J.-C.) se basaient sur plusieurs légendes d’Égypte, de Phénicie et de l’Arabie du sud où la terre de Saba avait prospéré grâce à la Route des Caravanes.

Toute étude honnête des faits par les archéologues et les savants conclurait que les israélites étaient peu susceptibles d’avoir été en Égypte, peu de chance d’avoir errer dans le désert pendant quarante ans, peu probable d’avoir eu assez de combattants pour conquérir la Terre Promise et par conséquent n’auraient pas pu la transmettre aux douze tribus d’Israël. Rien de tout cela, cependant, n’allait décourager l’intention de la judaïsation complète de Jérusalem-Est pour la construction du Troisième Temple comme l’accomplissement d’une aspiration chérie pour une Jérusalem unifiée comme capitale unie et éternelle du peuple juif, au détriment et par l’éradication des palestiniens indigènes, de leur culture et de leur histoire.

Le respect des droits d’autrui – des non-juifs en général et des palestiniens en particulier – n’était pas important pour Katzir, qui dès sa petite enfance avait appris que les non-juifs (goyim) étaient des gens mauvais à craindre et à s’en méfier à cause de ce qu’ils ont fait dans le passé, à qui on avait inculqué des préceptes racistes et invariablement faux qui encourageaient son extrémisme, sa haine et sa peur du monde extérieur. Katzir était un homme qui avait développé une mentalité de siège excluant toute possibilité de tolérance et de coexistence avec d’autres groupes ethniques et qui se considérait comme étant l’une des victimes éternelles dont la ‘victimisation’ devait être nourrie et utilisée comme une arme contre les ennemis non-juifs. La tendance de Katzir à une rétribution vicieuse était une chose que Conrad et Freya allaient bientôt découvrir à Jérusalem.

La Fraternité Hiramique : Prophétie Du Temple Ezéchiel

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