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§ IV. — Adolescence
ОглавлениеNous réunissons dans ce même paragraphe, la troisième enfance de deux à sept ans, l’adolescence de sept à quinze ans, la puberté de quinze à vingt ans, et l’âge adulte de vingt à trente ans.
En effet, les influences qui peuvent agir sur la vue depuis l’âge de deux ans jusqu’à celui de vingt ans, sont à peu près les mêmes, avec des degrés d’intensité différents.
L’enfant, au sortir de la première dentition, commence à vivre de la vie extérieure; les fonctions de relation se perfectionnent et les facultés cérébrales sont mises en activité. La deuxième dentition s’opère par poussées successives pour se terminer à la puberté ; et pendant cette longue période, l’accroissement général des divers systèmes de l’organisme suit son développement progressif et continu. Les périodes de transition doivent être surveillées, parce qu’elles sont souvent cause de phlyctènes, d’abcès et d’ulcérations de la cornée, de névralgies, etc.
JOUETS ET JEUX. — Vers l’âge de deux ans, l’enfant commence déjà à échapper à la surveillance maternelle qui le protégeait pendant les premières années. Il devient turbulent et aime à jouer avec d’autres enfants ou avec des jouets. Il se trouve exposé par là même à des accidents nombreux (blessures, corps étrangers, etc.). Les statistiques des traumatismes de l’œil en général, attestent une proportion moyenne de 30 0/0 pour le seul chiffre des blessures chez les enfants. Ces blessures proviennent de l’insouciance ou de l’imprudence des parents qui ne surveillent pas suffisamment les enfants, les laissent toucher à tout (couteaux, ciseaux, plumes d’acier, etc.) et surtout leur donnent des jouets dangereux, tels que fusils à capsules, arbalètes, flèches, pétards, etc. Les exemples d’accidents provenant de ce fait et ayant amené la perte de l’œil sont très nombreux, et l’on se demande pourquoi la vente des jouets dangereux pour les yeux n’est pas prohibée, encore plus rigoureusement que celle des jouets peints avec des couleurs nuisibles. Il y a donc une grande surveillance à exercer pendant toute une période où l’enfant passe presque tout son temps à jouer.
INSTRUCTION. — Arrive le moment où l’on songe à l’instruction qui est nécessaire à l’enfant et pour laquelle on va l’envoyer à l’école et au collège, où pendant une quinzaine d’années environ il va se servir de ses yeux pour ainsi dire sans relâche. On demande dès lors à son accommodation d’entrer en fonction et ses facultés visuelles vont être exposées à se modifier et à s’altérer d’une façon souvent irrémédiable. Aussi consacrons-nous un chapitre spécial à une question d’aussi grande importance. Personne n’échappe à l’influence des écoles et sans empiéter sur ce chapitre, nous pouvons déjà dire que l’on ne doit pas commencer trop tôt l’instruction des enfants. L’important, comme le répète avec insistance Arnould et comme le pensent tous les hygiénistes, c’est d’abord de favoriser le développement des forces physiques, et il est contraire à une bonne hygiène de vouloir demander de trop bonne heure au cerveau une certaine somme d’application.
Cette question du surmenage intellectuel est aujourd’hui à l’ordre du jour, et dans le cours de la discussion qui a eu lieu à l’Académie de médecine, Perrin a fait observer que souvent des céphalalgies opiniâtres attribuées au surmenage ne sont dues qu’à des phénomènes d’asthénopie. Le travail dans les livres commencé prématurément hâte en effet le développement de la myopie, fatigue l’accommodation et engendre des troubles asthénopiques qu’il est prudent d’éviter, en adoptant une méthode d’instruction plus logique et plus saine.
La méthode de Froebel (instruire en jouant) devrait être universellement répandue. Dès l’âge de quatre ans, on donne aux enfants ce qu’on appelle des leçons de choses, sans lire ni écrire. Ce n’est qu’un peu plus tard et très progressivement qu’on arrive à demander davantage aux yeux qui sont encore débiles et qui ont besoin de s’accoutumer petit à petit à la fixation et à l’accommodation.
CHOIX D’UNE CARRIÈRE. — Arrive le moment de choisir une carrière: on se préoccupe du goût de l’enfant, de celui des parents, de certaines convenances de famille, de la santé générale, etc., mais on ne s’inquiète presque jamais de savoir si l’enfant aura l’aptitude visuelle nécessaire et si les obligations de la carrière choisie ne seront pas excessives et nuisibles pour sa vue. Il faut faire pratiquer l’examen des yeux par un homme compétent et ne faire un choix que si l’aptitude visuelle existe en même temps que les autres aptitudes.
ORGANES GÉNITAUX. — Une grande cause de troubles oculaires chez l’enfant, chez l’adolescent et chez le pubère, résulte du développement des organes génitaux. C’est l’âge critique, pendant lequel les jeunes gens contractent des habitudes vicieuses qui peuvent nuire au développement normal et régulier du système nerveux. L’organisme entier subit les conséquences fâcheuses et quelquefois irrémédiables de ce vice; les sens, et surtout le sens de la vue, en ressentent plus particulièrement le contre-coup. Les yeux deviennent larmoyants, rouges et congestionnés, ils s’enfoncent sous les orbites, s’entourent de cercles violacés, deviennent incapables de supporter aucun travail assidu et s’affaiblissent de plus en plus. Le regard perd son expression et devient vacillant, atone, vague et incertain. Il se produit de la photophobie, des sensations de mouches volantes; les pupilles sont dilatées et l’amblyopie s’accentue de plus en plus. Dans l’intérieur de l’œil on ne constate aucune altération.
L’imprudence des parents est souvent la cause de ces habitudes funestes. On néglige de surveiller les enfants à ce point de vue, et c’est là une erreur dangereuse; car, ainsi que le dit Michel Lévy: «Le berceau a ses périls et ses mystères de dépravation».
Combien d’enfants sont pervertis dès l’âge de cinq et six ans par les domestiques! Les collèges et les pensionnats peuvent aussi devenir des foyers de contagion morale. Aussi le devoir des parents et des maîtres est-il de veiller avec une grande sollicitude sur les habitudes des enfants, sur leur entourage, sur leurs lectures, leurs fréquentations, leurs jeux et leur sommeil. Il faut leur éviter tout ce qui peut solliciter ou exciter prématurément les sens, occuper leur intelligence et maintenir un salutaire équilibre dans l’organisme par des exercices en plein air, l’activité physique, la gymnastique et l’hydrothérapie. Il faut éviter l’influence malsaine de l’oisiveté, veiller à ce que les enfants ne restent jamais inoccupés et arriver à fatiguer leur corps dans une juste mesure hygiénique.
Lorsque, malgré tout, on constate l’existence du vice, il faut s’adresser à la volonté et à la raison, exposer aux enfants les misères physiques auxquelles ils s’exposent, frapper leur imagination par ce tableau et ne pas craindre d’aborder cette question sans détours. Beaucoup de parents y mettent une fausse honte et une pudeur mal comprises.