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§ II. — Première enfance

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Après la naissance, une fois le danger de l’ophtalmie purulente évité ou conjuré, on doit surveiller les yeux des enfants, afin de les protéger contre les diverses influences qui peuvent leur être nuisibles.

Les organes de l’enfant sont tous novices dans l’exercice des diverses fonctions qui leur sont dévolues. Les premières impressions qu’ils reçoivent doivent être graduées avec de grands ménagements pendant un temps plus ou moins long, afin de ne pas amener de conflits préjudiciables aux organes eux-mêmes. Il faut faire peu à peu leur éducation, leur apprendre pour ainsi dire à recevoir les impressions extérieures sans en être froissés et les y acclimater par degrés. C’est la peau qui est appelée à être tout d’abord en communication avec le monde extérieur. La surface cutanée, par son développement et la dissémination des impressions qu’elle reçoit, supporte mieux le choc de cette première impression tactile et prépare en quelque sorte les organes plus délicats, comme l’œil, l’oreille... à leurs perceptions spéciales.

INFLUENCE DE LA LUMIÈRE. — La lumière; qui est le modificateur naturel de l’œil, devient par conséquent son premier ennemi chez les enfants, qui du reste tiennent habituellement les paupières fermées, comme s’ils en redoutaient le contact.

Il faut donc veiller à ce qu’elle ne vienne jamais blesser leurs yeux si délicats; tourner les berceaux à contre-jour, les entourer de rideaux; éviter d’exposer les enfants au jour lorsqu’ils se réveillent; ne pas les tourner du côté des fenêtres, surtout si la lumière est vive, sous le prétexte de mieux les voir ou de jouer avec eux; à la promenade couvrir les yeux de voilettes bleues ou vertes plutôt que blanches, pour ne pas les éblouir ni les fatiguer; en un mot les garantir toujours de l’action trop. vive de la lumière solaire et surtout de la lumière artificielle. L’oubli de ces prescriptions, surtout pendant les premiers mois de la vie, peut être une cause de photophobie, d’irritations diverses, et peut exercer une fâcheuse influence sur l’acuité visuelle.

INFLUENCE DU FROID ET DE L’HUMIDITÉ. — Il faut également préserver les yeux des enfants de l’impression du froid et de l’humidité, qui peuvent provoquer des inflammations catarrhales plus ou moins vives des paupières et de la conjonctive. Aujourd’hui la constatation des naissances ayant lieu à domicile, on n’est plus obligé de porter à la mairie et par tous les temps, l’enfant qui vient de naître; cette excellente mesure a eu pour résultats de diminuer sensiblement le nombre des affections oculaires à frigore chez les enfants.

Il faut aussi protéger les yeux du vent, qui agit par le choc de son courant, par sa température et par les poussières qu’il soulève.

DÉVELOPPEMENT DU STRABISME. — Peu à peu on habitue l’enfant à la lumière, et à l’air extérieur; en même temps il se développe et commence à se mettre en relation avec le monde extérieur. Ses yeux entrent en fonction; il regarde avec curiosité les personnes qui l’approchent; il reconnaît celles qui l’entourent et le soignent habituellement; il cherche à se rendre compte de la forme et de la consistance des objets qui se présentent à lui, en les touchant et en les regardant.

On croyait autrefois, et l’on croit encore aujourd’hui dans le public, que le strabisme prend naissance pendant la première enfance sous l’influence de causes très variées telles que les suivantes:

Lorsque les berceaux sont éclairés latéralement, les yeux de l’enfant se tournent instinctivement du côté par où vient la lumière, et à la longue, grâce à la fréquente répétition de ces mouvements latéraux, il finit par loucher.

Les hochets et les jouets brillants que l’on fait miroiter dans tous les sens aux yeux des enfants pour les amuser, et en général tout ce qui attire leur regard en dehors de l’axe visuel, c’est-à-dire à droite ou à gauche, en haut ou en bas, doit au bout d’un certain temps, d’après ces théories surannées, occasionner du strabisme; et dans cet ordre d’idées, on a été jusqu’à incriminer les signes que les nourrices peuvent avoir à la mamelle, les taches ou les verrues dont les enfants eux-mêmes peuvent être marqués au nez, et qui détournent leur regard de la ligne droite. L’imitation, à laquelle les enfants sont naturellement enclins, a été également accusée d’être une cause de strabisme.

Nous ne nous arrêterons pas à réfuter ces diverses étiologies, que nous n’avons citées qu’en raison de leur étrangeté. Pour se convaincre de leur peu de valeur, il suffit d’observer que les enfants ne commencent en général à loucher que vers l’âge de trois ou quatre ans, alors que depuis longtemps les différentes causes que nous venons d’énumérer ont cessé d’agir et auraient déjà dû produire leur effet.

Cependant, il existe quelquefois un strabisme pour ainsi dire congénital, déterminé par des paralysies ou des contractures musculaires consécutives aux convulsions de la première enfance: ces cas sont du reste excessivement rares. La dentition peut aussi provoquer de la loucherie, mais alors elle est périodique et passagère; en tous cas, elle cesse avec la cause irritative. Les taches de la cornée, consécutives à des affections inflammatoires, amènent également de la loucherie par suite de la photophobie qu’elles occasionnent (théorie de Cuignet). L’œil atteint se cache instinctivement pour éviter le contact de la lumière, et cette déviation peut devenir permanente. La paralysie d’un des muscles de l’œil, l’amblyopie d’un œil, sont aussi des causes de loucherie.

Mais ainsi que l’a découvert Donders, la plupart du temps le strabisme est lié à un vice de réfraction et ne se manifeste que vers l’âge de quatre à cinq ans lorsque la vue commence à s’exercer de près, et que pour cela l’accommodation et la convergence entrent en action. Le plus souvent il s’agit d’hypermétropie, et dans ce cas, c’est un strabisme convergent qui se manifeste. Les trois quarts à peu près des enfants qui louchent en dedans sont des hypermétropes dont les yeux n’ont pas le même degré d’hypermétropie et qui cherchent instinctivement à se soustraire à une vision binoculaire pénible. Que ce soient les efforts exagérés de convergence de la part de l’œil le plus hypermétrope liés à ceux d’accommodation, comme le pense Donders; que ce soit le reflet ou la photophobie résultant de l’inégalité de réfraction des deux yeux (théorie de Cuignet), qui provoquent la déviation de l’œil, il n’en est pas moins certain que le strabisme dans la très grande majorité des cas et à l’exception de quelques cas très rares, est lié à l’hypermétropie, et que jamais il ne se manifeste avant quatre ou cinq ans, âge auquel la vision binoculaire commence seulement à s’exercer de près.

Les moyens sont nombreux pour rétablir la vision binoculaire abolie chez le strabique ou pour rétablir l’acuité visuelle de l’œil amblyope (occlusion de l’œil sain, prismes, stéréoscope, appareil antistrabique de Cuignet...). Quant au strabisme optique, hypermétropique convergent ou myopique divergent, il n’est guère justiciable que d’un traitement optique par des verres appropriés, suffisamment forts, périscopiques, portés constamment toute la journée pour le travail, pour les jeux et les promenades. Ce traitement peut être combiné dans certains cas rebelles, avec des cures de mydriatiques (atropine, duboisine ou homatropine) dans le but de paralyser l’accommodation et la convergence.

INFLUENCE DE L’ALLAITEMENT. — Les nourrices qui contractent des maladies oculaires pendant le cours de l’allaitement, pourront continuer de nourrir si l’affection dont elles sont atteintes est purement catarrhale. Si elle est de nature contagieuse, et si elle révèle une diathèse spéciale (syphilis, scrofulose.....) ou un état de faiblesse générale, le médecin appréciera la conduite à tenir, et selon les cas, décidera un changement de nourrice ou un nouveau mode d’allaitement.

Nous avons vu plus haut le peu d’importance qu’il faut ajouter à l’influence exercée sur la vue des enfants par les nourrices qui louchent ou qui portent au sein des signes pouvant attirer le regard de l’enfant.

SOINS DE PROPRETÉ. — La propreté la plus grande devra être observée pour les lavages des yeux; on les pratiquera régulièrement, avec des éponges fines qui ne serviront qu’à cet usage et en évitant le contact irritant du savon.

Les localisations oculaires de la scrofulose sont fréquentes (ophtalmies, blépharites...); il faut chercher à en combattre le développement par des soins locaux de propreté, en même temps que par une bonne hygiène générale (aération, régime...).

Les sociétés protectrices de l’enfance, les sociétés maternelles, les administrations des crèches, les salles d’asile, qui veillent aux soins généraux à donner aux enfants, devraient prescrire des instructions spéciales concernant les yeux. Car si des conseils de ce genre sont salutaires pour les enfants élevés dans leur famille, combien plus ils le deviennent pour ceux qui vivent en commun! Un oculiste devrait être attaché à ces établissements, avec mission de les visiter régulièrement, pour y rechercher les enfants atteints de maladies d’yeux, leur donner des soins, éloigner les cas contagieux, et provoquer les mesures nécessaires. Combien d’affections oculaires contagieuses se propagent dans ces milieux, par suite du manque de précautions et de soins! Il y a là encore une grande lacune à combler, dans l’intérêt de la vue des enfants.

Hygiène de la vue

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