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ALBUMINE

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L’albumine est une matière d’une grande utilité eu photographie, son emploi exige beaucoup de soins, mais on en est bien dédommagé par la perfection des produits et leur solidité à toute épreuve. Son peu de sensibilité force de restreindre son emploi à la préparation des négatifs de petite dimension, principalement pour stéréoscope, et le tirage des positifs par transparence.

On se sert généralement de l’albumine des œufs, qui sont choisis frais pour pouvoir séparer plus facilement le jaune: pour cela, on casse séparément chaque œuf dans une tasse à part, et quand son blanc est bien séparé on le réunit aux autres; il est inutile de rien séparer des blancs, la partie solide du germe résiste au battage, mais la partie filamenteuse se dissémine et contribue à donner de la solidité à l’albumine.

Pour augmenter la porosité de l’albumine et diminuer sa tendance à se fendiller quand elle est sèche, M. Niepce de St-Victor, inventeur du procédé, prescrit d’ajouter un dixième environ de miel pour 50 blancs d’œufs, on ajoute aussi autant de grammes d’iodure, savoir: 25 grammes d’iodure de potassium et 25 grammes iodure d’ammonium. Les iodures sont ajoutés à l’état de solution dans la moindre quantité d’eau possible. Quelques photographes, au contraire, ajoutent assez d’eau pour augmenter le volume de l’albumine d’un quart en sus. Ainsi pour 100 grammes d’albumine et de miel ils ajoutent 25 grammes d’eau. Cette eau facilite la dissolution des fibres de l’albumine et s’évapore en grande partie pendant le battage; sans aucune addition d’eau, cette évaporation forcée rendrait l’albumine trop épaisse.

Le mélange d’albumine, de miel et d’iodure dissous étant fait, on bat le tout dans une terrine, avec un faisceau de baguettes en bois ou en baleine, jusqu’à ce que le tout soit réduit à l’état de mousse, ayant soin de déposer successivement dans une autre terrine avec une écumoire la portion déjà battue en neige.

Il est préférable de laisser le tout s’affaisser et se liquéfier spontanément pendant une demi-journée; mais si l’on était pressé, on pourrait arriver plus vite au même résultat en posant sur un entonnoir en verre une pièce de toile très-fine en plusieurs doubles; par ce moyen, en versant sur la toile l’albumine déjà liquéfiée, on peut en avoir de suite une certaine quantité bonne à servir, et filtrer le reste peu à peu pendant qu’on étend la portion filtrée sur les glaces.

Pose de l’albumine sur les glaces.

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Il est indispensable de faire cette opération dans un lieu spécial, c’est-à-dire bien clos, dont le parquet a été arrosé à l’avance pour éviter la chute des poussières sur la couche d’albumine. Il faut avoir posé soi-même de l’albumine pour connaître l’effet de la moindre poussière, après avoir étalé une couche d’albumine limpide, au moment où l’on se félicite de son succès, on voit pour ainsi dire les poussières s’abattre sur la glace; il s’y forme du moins des saillies nombreuses qui se dessinent de plus en plus en séchant, et si l’on examine ces saillies à la loupe, par derrière, on reconnaît constamment au centre de chaque saillie un corps étranger, le plus souvent filamenteux; ce sont les débris très-déliés de poils ou de filaments végétaux, qui flottent sans cesse dans l’atmosphère. Ces filaments nuisent moins sur les épreuves par leur présence réelle que par la déformation notable qu’ils apportent à la couche d’albumine, en faisant varier tout à coup ses épaisseurs dans un rayon très-limité, il se forme une tache lors du développement.

Pour étaler l’albumine sur une glace, on la tient avec la main gauche au moyen d’un manche garni de poix molle à son extrémité, ou en plaçant la glace sur un pied à caler; dans les deux cas, après avoir versé doucement une certaine quantité d’albumine, de manière à éviter la formation des bulles d’air, on étend l’albumine avec une baguette de verre ployée de manière à couvrir toute la glace, puis on fait écouler l’excès dans un godet affecté à cet usage.

Aussitôt qu’une glace est couverte il faut la mettre à sécher dans un endroit à l’abri de la poussière et de façon à tenir sa surface bien horizontale, sans cela, malgré sa fluidité imparfaite, l’épaisseur de la couche serait bien plus grande d’un côté que de l’autre. On évite l’accès de la poussière et l’inégalité d’épaisseur en plaçant les glaces dans une botte en bois garnie d’étagères parfaitement parallèles entre elles et au fond supérieur et inférieur de la boîte elle-même, de sorte qu’en nivelant la boîte avec un niveau à bulle d’air on est sûr que toutes les étagères se trouvent aussi de niveau; pour plus de sûreté, cependant, ces étagères sont d’ordinaire traversées par des tiges en laiton filetés, avec des écrous en dessous, qui permettent de modifier la pente des étagères en deux sens à angle droit, et de les établir chacune de niveau avant de procéder au nivellement des étagères, il faut d’abord vérifier celui du fond supérieur de la boîte afin que l’on puisse la transporter au besoin dans un lieu plus approprié à la dessiccation; de sorte qu’en vérifiant à nouveau le niveau du fond supérieur on rétablisse du même coup le niveau de toutes les étagères.

Pour hâter la dessiccation, on place sur le fond intérieur de la boîte une cuvette en métal garnie de chlorure de calcium fondu; la chaux vive pourrait y suppléer, mais elle est sujette à se mettre en poussière alcaline, dont la plus faible partie, tombant sur les glaces, les mettrait hors de service.

On construit à Paris des boîtes à albumine exécutées suivant toutes les règles; le plus sûr sera donc d’en faire venir plutôt que d’en faire construire soi-même par un ébéniste, à moins de renoncer à l’emploi des tiges filetées, qu’on ne pourrait que difficilement se procurer dans les petites localités.

La dessiccation de l’albumine doit se faire lentement. J’ai connu des photographes, très-forts sur l’albumine, qui, par les temps secs, transportaient une boîte dans un endroit frais.

Sensibilisation des glaces

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Les glaces albuminées étant sèches, on les sensibilise avec un bain d’argent à 10 pour 100 saturé d’iodure d’argent et largement acidulé par l’acide acétique cristallisable, dont la dose peut être portée à 25 pour 100.

La glace est plongée d’un seul coup dans le bain; sa surface se mouille plus vite que celle du collodion, mais en raison de sa moindre imperméabilité, il faut laisser la glace au bain pendant cinq minutes au moins.

Après l’avoir soulevée à plusieurs reprises, on la retire du bain, on l’égoutte, puis on la place dans une cuvette pleine d’eau bien claire, où elle repose, pendant qu’on place une autre glace au bain d’argent. Après avoir soulevé à plusieurs reprises la première glace dans son eau de lavage, on rince sa surface avec une pichette à l’eau distillée sur ses deux faces, puis on la pose pour sécher debout, appuyée sur du papier buvard en plusieurs doubles.

Les glaces préparées à l’albumine peuvent se conserver plusieurs jours sans s’altérer sensiblement, c’est là leur grand avantage; néanmoins, les plaques anciennes ne se comportent pas aussi bien que celles dont la sensibilisation ne date que de vingt-quatre heures.

Développement des images.

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L’albumine est lente à s’impressionner, d’autant plus qu’on opère généralement avec un diaphragme à petite ouverture, l’albumine sèche pouvant rester un temps indéfini à la chambre noire, et donner des épreuves des intérieurs les moins éclairés. Elle est environ vingt fois plus lente à s’impressionner que le collodion humide doué de la plus grande sensibilité. Cette lenteur même cesse d’être un désavantage pour le tirage des épreuves positives transparentes qui n’exigent que cinq secondes environ d’exposition à la lumière diffuse près d’une fenêtre.

La glace ayant été impressionnée pendant un temps jugé suffisant, soit à la chambre noire, soit dans le châssis positif, sous un négatif, on peut retarder le développement autant que l’on voudra.

Le développement se fait dans un bain composé d’acide gallique additionné d’une faible quantité d’acéto-azotate d’argent, savoir:


Pour mieux suivre le développement de l’image, le liquide argentifère est versé dans une cuvette en faïence ou porcelaine, dont le fond blanc laisse voir l’image, et pour diminuer la lenteur du développement, il est utile de chauffer préalablement la cuvette, de manière à rendre le bain tiède quand on l’y aura versé. Même avec cette précaution, il faut un quart d’heure et plus pour que le négatif ait pris toute sa force.

L’épreuve est lente à se montrer d’abord, mais on ne perd rien pour attendre. On la voit naître bientôt sous forme de linéaments vaporeux d’une fine nuance orangée, qui, peu à peu, passe à un brun verdâtre qui représente les détails les plus secrets de l’image avec une fidélité merveilleuse.

Ce genre de développement ne convient pas aux positifs par transparence, le ton en serait désagréable; c’est pourquoi on traite les plaques impressionnées derrière un négatif absolument comme le collodion sec; on les remet au bain d’argent qui a servi à les sensibiliser, et après les avoir égouttées un peu, on verse à leur surface une solution d’acide pyrogallique, composée d’un gramme d’acide pour 300 grammes d’eau, et acidulant très-peu avec l’acide acétique, parce que le bain d’argent est déjà fortement acidulé par le même acide.

Fixage des épreuves.

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Les images sur albumine sont d’une délicatesse excessive, c’est pourquoi il faut procéder à leur fixation avec une grande circonspection. A l’origine, on se contentait de les faire séjourner un certain temps dans une solution de bromure de potassium à 10 pour 100, qui respectait rigoureusement le dessin; depuis, on a conseillé, bien à tort, de se servir de l’hyposulfite concentré, et même du cyanure de potassium. Ces agents sont beaucoup trop forts, et c’est à leur emploi seul qu’on doit attribuer les tons heurtés que donnent aujourd’hui les négatifs sur albumine. Ce traitement grossier enlève à coup sûr toutes les finesses. Le lavage doit se faire, dans tous les cas, avec l’hyposulfite à 15 pour 100, et mieux vaudrait encore l’iodure de potassium à demi pour cent, si l’on avait soin de faire ce lavage à l’abri de la lumière, et de ne laisser aucune trace de ce sel, qui, plus tard, sous l’action de la lumière, attaquerait encore plus profondément les épreuves.

En plaçant les glaces albuminées au bain d’argent, l’albumine se coagule, mais le miel se dissout entraînant un peu d’albumine, de sorte que le bain se colore et tend à voiler les clairs des négatifs. On clarifie ce bain en le filtrant sur du charbon de bois en poudre.

Après un dernier lavage et un séjour prolongé dans de l’eau courante, les épreuves sur albumine sont mises à sécher: une fois bien sèches, leur consistance est celle de la corne, l’ongle ne peut les rayer, et l’emploi du vernis n’est pas nécessaire pour les soustraire aux atteintes du frottement; les négatifs sur albumine sont en réalité beaucoup plus résistants à l’usage que les négatifs protégés par le meilleur vernis.

Vade-mecum du photographe

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