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SEPTIÈME LETTRE.

Table des matières

Conditions de l’allaitement maternel. (Suite.)

SOMMAIRE. — Appareil de la lactation. — Consistance et volume de la glande mammaire. — Les femmes grasses ne sont pas toujours de bonnes nourrices. — Disposition anatomique du mamelon. — Conséquences de sa briéveté. — Peut-on dire pendant la grossesse, si une femme sera capable de nourrir? — Deux mots sur la physiologie du lait. — Ce que c’est que le colostrum. — Moyens de l’examiner. — Trois catégories de femmes établies sous ce rapport par M. Donné.

MADAME,

Nous arrivons à l’appareil de la lactation lui-même.

Cette partie de l’allaitement a été négligée par beaucoup d’auteurs, qui paraissent ne s’être préoccupés que de l’état général de la mère et de la sécrétion du lait, sans s’informer si la disposition anatomique des mamelles permettait l’accomplissement de cette fonction.

Ils n’ont envisagé la question que pour la nourrice, c’est-à-dire avec des conditions de choix et non de nécessité, comme dans les circonstances actuelles. Je dis nécessité et nous allons voir en effet que cette expression est justifiée par des exigences inhérentes à l’acte même de la succion.

Un sein volumineux n’est pas de rigueur, mais son tissu présentera un degré de consistance assez prononcée. La pression donnera à la main la sensation de lobules fermes et résistants. Il faut bien savoir que les femmes grasses ne sont pas toujours aptes à être nourrices; elles ont de la graisse et peu de glande. Or, celle-ci seule fabrique le lait et en détermine l’abondance et la richesse.

En admettant que la source soit bonne et féconde, il importe aussi de reconnaître si l’organe qui servira d’intermédiaire, de moyen de préhension, pourra, sans trop de peine, être saisi par la bouche du nouveau-né. En d’autres termes, nous devons nous assurer que le mamelon possède les dimensions réclamées par son exercice futur.

Je ne vous parlerai pas ici, Madame, des différentes formes affectées par cet appendice. Comme la mamelle, il a des dispositions plus ou moins avantageuses. Nous y reviendrons lorsqu’il s’agira des nourrices.

Pour le moment, nous n’avons pas à choisir; contentons-nous d’indiquer ce qui est absolument indispensable. Les concessions, faites à la mère relativement à son tempérament et à sa constitution, ne lui manqueront pas encore à propos de l’appareil de la lactation. On refusera sans hésitation la nourrice mercenaire pour tel défaut qui sera toléré chez la mère. Néanmoins, nous recommandons à cet égard certaine réserve que l’expérience nous a enseignée.

Une longueur modérée du mamelon est de toute nécessité pour l’allaitement: sans elle la succion, cet acte physiologique si compliqué dont le nouvel être s’acquitte avec tant d’habileté quelques secondes après sa naissance, sans elle, dis-je, la succion ne s’accomplira qu’imparfaitement.

Parfois elle devient impossible. Qu’arrive-t-il alors?

L’enfant impatient tiraille énergiquement l’organe trop court, l’irrite et produit des crevasses, des gerçures, etc., origine fréquente des abcès du sein. Il n’est pas sans souffrir lui-même de cet état de choses. Le lait lui est fourni en quantité insuffisante et cependant il se fatigue beaucoup pour obtenir cette faible récompense de ses efforts. Une traction souple et moelleuse est remplacée par un frottement réitéré avec brusquerie et la langue se couvre d’aphthes.

L’économie ressent bientôt l’effet de tous ces désordres, et sous leur influence, la bouche devient le siège d’une éruption particulière désignée sous le nom de muguet. Dès lors, l’allaitement est de plus en plus douloureux et l’enfant dépérit chaque jour au lieu de se développer. Aussi, toute future mère qui se trouvera dans ces conditions défavorables, fera-t-elle bien, à mon avis, de renoncer d’avance aux fonctions de nourrice.

Vous reconnaîtrez, Madame, la valeur de ces détails, et vous conviendrez qu’il n’est pas prudent de les négliger. Je prendrai soin de les compléter au chapitre des précautions que demandent les mamelles pendant la grossesse.

Après avoir acquis la certitude que la longueur du mamelon et la consistance de la glande promettent un bon office, nous nous trouvons en présence de ce problème:

Peut-on dire si une femme enceinte sera capable ou non de nourrir?

Deux mots d’abord concernant la physiologie du lait, afin de me faciliter la réponse.

Durant la gestation, les divers éléments qui forment ce liquide ne sont point unis entre eux. La partie grasse, butyreuse, flotte dans le véhicule séreux: l’émulsion ou le mélange ne s’accomplit qu’après l’accouchement. Il en résulte qu’une goutte de ce lait provisoire, déposée sur la toile ou le coton, y produit une tâche figurée ainsi qu’il suit: au centre, stigmate d’un jaune assez marqué et plus ou moins étendu; au pourtour, le tissu est empesé comme si l’on y avait mis de l’amidon clair ou mieux de l’albumine ou blanc d’œuf. On appelle colostrum ce lait imparfait.

L’étude de ses principaux caractères permet de prévoir quelles seront les qualités essentielles de la sécrétion lactée.

Vous penserez encore avec moi, Madame, que ces observations ne sont point à dédaigner. La peine que coûte cette recherche se réduit à rien ou à peu près. Sur l’invitation de l’accoucheur, la femme surveillera le linge qui recouvre sa poitrine, et à l’aide des renseignements qu’elle fournira, le praticien pourra se prononcer. Ou bien, en pressant le mamelon, on extrait du colostrum qui est étudié sur place. On procède à cet examen vers le huitième mois. M. Donné s’est servi de cette base pour établir trois catégories parmi les femmes:

1° Pas de colostrum ou une goutte. Ce sera généralement le signe d’une mauvaise nourrice;

2° Colostrum en assez grande quantité, mais liquide, aqueux, sans stries de matière jaune, épaisse et visqueuse. Dans ce cas la femme aura du lait, assez abondant, mais peu substantiel;

3° Enfin on obtient aisément plusieurs gouttes qui renferment beaucoup de matière jaune et une faible proportion de sérosité. On augure de là que la femme sera bonne nourrice.

Le microscope justifie ces divisions. Les globules laiteux, qui manquent dans les deux premiers cas ou qui y sont au moins assez rares, affluent au contraire dans le troisième... Mais je m’aperçois que je me laisse entraîner sur le terrain de la science, en vous parlant, Madame, de globules laiteux, de microscope, et désireux de rester fidèle au programme que je me suis tracé, je me hâte de revenir à nos simples causeries.

Je les reprendrai dans ma prochaine lettre.

Daignez agréer, etc.

«On ne peut jamais compenser le manque d’air par

» le régime et les remèdes.»

(PRINGLE.)

«Où le soleil ne pénètre pas, le Médecin entre sou-

» vent.»

(Proverbe italien.)

«L’action d’un air pur et des rayons solaires forme

» une des conditions essentielles d’une santé vigoureuse.

» Elle est vingt fois plus nécessaire à l’homme qu’une

» bonne nourriture.

» L’exercice met en jeu les forces vitales et augmente

» l’activité fonctionnelle de tous nos organes.

» L’immobilité engendre la stase des humeurs, dimi-

» nue la transpiration, épaissit le sang et en modifie la

» composition.»

(Dr BERGERET.)

«Comment l’enfant pourrait-il venir en bon état ou

» du moins combien de chances ne met - on pas contre

» soi quand la mère passe tout le temps de la gestation

» dans un état de convalescence et d’inertie.»

(DONNÉ, p. 33.)

«Un exercice modéré pendant la grossesse est un des

» plus sûrs moyens d’écarter une partie des incommo-

» dités qui l’accompagnent quelquefois. Il fortifie les

» muscles, accroit la nutrition, éveille, excite la vitalité,

» et en affermissant la santé de la mère, favorise le dé-

» veloppement du fœtus.»

(Dr LÉGER, p. 64.)

Lettre à une mère sur l'alimentation du nouveau-né

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