Читать книгу Lettre à une mère sur l'alimentation du nouveau-né - Achille Dehous - Страница 3

INTRODUCTION

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Table des matières

Un ami dont la femme va bientôt accoucher m’écrivait, il y a quelque temps, pour me prier de lui fournir certains renseignements sur l’alimentation du nouveau-né.

Afin de répondre d’une manière plus complète et plus fructueuse au désir qn’il manifestait, je lui promis d’adresser à sa jeune compagne une série de lettres sur ses prochaines fonctions de mère et de nourrice.

Au moment où je termine ce petit cours de maternité, j’apprends par la voie des journaux de médecine que cette question a-été choisie comme sujet de prix par la Société médicale d’Amiens.

Dans l’espoir de doter ma correspondance d’un cachet d’autorité que mon nom seul serait impuissant à lui donner, je viens la soumettre au contrôle de cette savante Compagnie, en sollicitant l’honneur de son approbation.

Quelques-unes des dernières lettres paraîtront peut-être s’écarter des termes mêmes du concours: je n’ai cependant pas cru devoir les supprimer. J’ai pensé que la Société médicale d’Amiens demandait plutôt un Manuel spécialement destiné aux mères qu’un Mémoire sur un point de science où quelques rares inconnues se présentent encore à peine à ceux qui voudraient y glaner.

Dès lors, cette interprétation et le motif qui m’avait fait écrire ces lignes, concordaient parfaitement entre eux, et tout ce qui a trait à l’hygiène des nouveaux-nés conservait par conquent ici sa place bien marquée.

La décision de mes juges me dira si j’ai bien saisi leur intention et su mériter leurs suffrages.

Une double occasion m’est offerte par ces circonstances: d’un côté j’ai obligé un ancien camarade, de l’autre j’aurai peut-être fait quelque chose d’utile pour les jeunes mères.

Mon cœur et mon devoir ont répondu à cet appel.

Voici comment j’ai compris la mission que j’avais acceptée. Je me suis proposé de tracer pour cette jeune dame un guide, élémentaire il est vrai, mais complet quant aux détails qui sont de la compétence des parents.

Aussi, dans la crainte de commettre quelque oubli, n’ai-je point voulu m’en rapporter uniquement à mes souvenirs, à mon expérience personnelle. J’ai été butiner dans les différents ouvrages qui ont traité de l’allaitement, afin d’y recueillir les sages préceptes d’une bonne et saine pratique.

Cet ensemble de connaissances si nécessaires fut ensuite transmis à ma correspondante qui profita ainsi tout à la fois et de mon savoir et de la science des autres.

«Un auteur qui écrit avec conviction, dit

» M. Donné, ne se contente pas d’être lu, il

» veut convaincre; il veut réformer les idées

» fausses, détruire les préjugés et faire péné-

» trer la vérité dans les esprits capables de la

» comprendre, pour que de là elle se répande

» et se popularise.»

Mon travail a cédé aux mêmes inspirations.

La forme épistolaire, qu’on m’imposait à la rigueur ici, m’a été pour cela d’un grand secours, en me permettant le langage direct tout à la fois plus simple, plus familier et plus persuasif.

Elle expliquera le laisser-aller de la plume et fera pardonner à cette dernière les négligences et les répétitions dont elle aura pu se rendre coupable.

Il était un écueil qu’il fallait surtout éviter. Dans les nombreuses recherches que j’ai faites sur ce sujet, j’ai souvent remarqué que les auteurs, bien inutilement à mon avis, se montrent trop savants, et exploitent beaucoup trop aussi le domaine de la Médecine.

En général ces écrits ne sont point destinés aux médecins qui convaincus, pour la plupart, de l’importance de l’allaitement, sont gagnés depuis longtemps à notre cause. C’est au contraire la famille, la société qu’il faut éclairer de nos conseils et de nos avertissements. Tous nos efforts doivent être dirigés dans ce sens.

Pourquoi donc nous servir alors, en lui parlant, de mots techniques qui seront, pour elle, langue morte et inintelligible? Aussi ai-je pris soin d’éliminer tout ce qui était du ressort de la science proprement dite.

Je m’adressais à une mère, je voulais en être compris.

Par ce moyen, la lecture de mes lettres sera rendue, je l’espère du moins, plus facile, plus agréable et peut-être leur aurai-je obtenu ainsi une place dans la bibliothèque de la future mère de famille.

Cependant, sans me laisser entraîner à beaucoup d’érudition, je n’ai pas jugé à propos de rester constamment seul en scène. D’abord il n’était que trop juste d’inscrire dans ces quelques lignes, les noms de ceux dont les ouvrages et les publications m’avaient aidé dans l’accomplissement de cette œuvre. C’est ce que j’ai fait.

En tête de chacune de mes lettres, j’ai cité plusieurs phrases empruntées à différents auteurs et relatives au sujet même que j’allais y traiter.

Je n’ai pas craint de multiplier ces citations et de les faire même, dans certains cas, assez longues. On pourra les regarder, en effet, comme un véritable dossier de pièces justificatives corroborant les indications que je présentais ce jour-là.

Et puis l’intervention d’autrui trop souvent répétée dans nos causeries, eût amené quelque confusion. J’ai préféré réunir à la première page, comme le canevas du programme que j’avais résolu d’aborder, une suite de pensées qui ne m’appartenaient pas, mais dont j’annonçais par là assumer la responsabilité.

Je traçais ainsi au frontispice de ma correspondance, le mot de ralliement auquel je répondais.

«De cette façon, dit M. le Dr Foucart, plus » de doute possible: le drapeau est planté, » l’idée dominante de l’œuvre surgit au seuil » et le lecteur, bien et dûment averti, peut selon » ses convictions, ou s’arrêter devant une pro- » fession de foi qui n’est pas la sienne, ou » suivre l’écrivain dans les développements » d’une opinion qu’il partage ou vers laquelle » l’entraînent ses sympathies.» — (Gaz. des Hôpitaux, 1860, 7 janvier.)

J’ai été plus avare de l’hospitalité à accorder dans le corps même de ces lettres. Cependant je n’y ai point manqué, toutes les fois qu’une parole ferme et éclairée expliquait franchement une des phases de l’allaitement.

Enfin l’Index bibliographique compléta la liste des emprunts, en indiquant toutes les sources où j’avais été puiser.

C’était là un premier motif que chacun saura apprécier. J’en avais encore un autre pour agir ainsi.

J’ai voulu demander à ces hommes si justement considérés, l’appui de leur talent, de leur mérite, et, pour ne pas être soupçonné de traduire mal leurs idées, je les ai laissés parler eux-mêmes.

Mon but était de prouver que ce travail n’est point l’expression d’une pure fantaisie, le produit d’une élucubration plus ou moins hasardée, mais bien l’exposition sincère, véritable, des principes préconisés par les médecins les plus expérimentés.

Qu’il me suffise de dire ici que Baudelocque, Capuron, P. Dubois, Cazeaux, Donné, Béclard, Jacquemier, Michel Lévy, etc., ont été souvent mes conseillers.

Se retrancher derrière de pareils noms, c’est se faire l’écho d’opinions trop imposantes pour ne point espérer un grand nombre de prosélytes.

J’ai même été assez heureux pour rencontrer, en dehors du monde médical, des défenseurs plaidant chaudement en faveur des règles à observer dans l’alimentation du nouveau-né. Ils ont été accueillis avec d’autant plus de plaisir que quelques-uns d’entre eux comptaient dans la classe des mères, et avaient le droit d’invoquer cette qualité pour faire accepter par leur lectrice, leur exemple et leurs leçons.

Telle est la marche que j’ai suivie.

Mon vœu le plus cher serait d’arriver par elle aux résultats suivants:

1° Chasser de la pratique ces notions fausses, ces moyens nuisibles parfois, absurdes toujours, nés de l’habitude, de la routine ignorante ou irréfléchie, et que le progrès doit laisser désormais dans l’ombre et l’oubli, à titre de véritables hérésies;

2° Eclairer les familles en leur donnant le fruit de l’observation, de l’expérience, et leur montrer tous les dangers auxquels, de gaîté de cœur, elles exposent de faibles créatures quand elles obéissent aveuglément à de sots préjugés;

3° Faire adopter enfin, dans l’alimentation du nouveau-né, la méthode la plus simple, le système le plus vrai: la loi de la nature qui doit toujours nous servir de modèle.

Lettre à une mère sur l'alimentation du nouveau-né

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