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Les dames de Saint-Louis et les demoiselles de Saint-Cyr.

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On avait eu l’idée d’abord de confier l’éducation des jeunes filles à des chanoinesses et non à des religieuses; on y renonça. Les Dames firent des vœux solennels et prirent le titre de dames de Saint-Louis. On créa pour elles un ordre particulier, «qui étoit, dit madame de Caylus, un mélange de l’ordre des Ursulines avec celui des filles de Sainte-Marie.» Elles ne devaient être appelées ni ma mère, ni ma sœur, mais madame, et elles conservaient leur nom de famille.

Louis XIV leur donna des armoiries composées d’un «écu d’azur à une croix haussée d’or, semée de fleurs de lis de même, et sommée d’une couronne royale aussi d’or, le croison et le bas du fût de la croix terminés chacun par une fleur de lis d’or,» pour marquer tout ensemble, disent les lettres patentes, la piété dont elles font profession et la noblesse de leur maison; il leur accorda le droit de faire porter par les gardes de leurs bois et chasses et leurs autres serviteurs les livrées royales, dont les couleurs, rappelons-le en passant, étaient: bleu, blanc et rouge.

Saint-Cyr devint un important domaine, et exerça sur toute la contrée une influence bienfaisante. On peut consulter aux Archives de la préfecture de Versailles le livre sur lequel s’inscrivaient les aumônes faites par les soins de la dépositaire, d’après l’ordre de la Supérieure et du Conseil, dans les paroisses où la maison avait du bien. Ces aumônes sont considérables, et le titre du livre indique que l’on n’y a point compris «celles qui passent par l’économe.»

En voici quelques-unes qui nous ont paru dignes d’être relevées:


On voit que la charité des dames de Saint-Louis avait à soulager les misères les plus diverses. Au registre des aumônes se trouve joint l’état des ornements sacerdotaux, dais, linge d’autel, dentelles, livres d’église, etc., donnés à tous les villages d’alentour. Il était difficile de mieux remplir les devoirs seigneuriaux.

Nous n’avons pas à entrer dans de longs développements sur la fondation et l’organisation de l’Institut de Saint-Louis: ces détails sont connus; nous nous bornerons à les rappeler ou à les indiquer sommairement.

Les dames de Saint-Louis, au nombre de trente-six, devaient se recruter parmi les élèves; mais, les Demoiselles venues de Noisy étant presque toutes trop jeunes, il fut impossible d’appliquer cette règle dès le début. On dut même y déroger plus d’une fois dans la suite, jusqu’à ce que Louis XIV eût définitivement autorisé les dames de Saint-Louis à appeler, quand cela serait nécessaire, des personnes du dehors pour remplir les places vacantes. Les demoiselles du ruban noir, c’est-à-dire les élèves de la classe supérieure, étaient employées en qualité de quatrièmes maîtresses.

Le costume, ou, comme on disait alors, l’habit des dames de Saint-Louis était simple et noble: une longue robe de belle étamine noire du Mans; des souliers de maroquin noir; des gants noirs bronzés, couvrant le bras jusqu’au coude, et que l’on portait, suivant la mode raffinée de l’époque, au-dessus d’autres gants de toile ou de soie légère; une collerette ou petit collet de taffetas noir qui s’attachait sur la poitrine avec de petits rubans appelés nompareille; enfin, une coiffure de taffetas et de gaze, d’où tombait, froncé par derrière, un long voile de pomille ou prisonnière, fort large, «pour pouvoir, dit le Père Hélyot, le baisser dans les temps convenables .» Un peu de fine batiste, dépassant modestement le col et les manches de la robe, éclairait fort à propos ce sombre uniforme. A l’église, aux jours ordonnés, les dames de Saint-Louis portaient un manteau d’étamine à longue traîne.

On présenta au Roi mademoiselle Balbien, femme de chambre de Madame de Maintenon, à qui l’on avait essayé le premier modèle de cet habit. Il regarda avec beaucoup d’attention, et trouva tout fort bien, sauf la coiffure, que Madame de Maintenon avait voulue aussi simple que possible. Comme le Roi était de bon goût, disent les Dames dans leurs Mémoires, et qu’il n’entendait pas autrement les raisons de cette simplicité, il dit: «Quel diable de petit bonnet est-ce là ?» Madame de Maintenon en rit; mais, voyant qu’il ne lui plaisait pas, elle en fit faire un autre plus orné, quoique fort modeste encore, qu’il agréa cette fois comme le reste.

Cependant, en 1707, après la réforme introduite à Saint-Cyr, et dont, nous parlerons en son lieu, Louis XIV autorisa les dames de Saint-Louis, sur leurs instantes prières, à quitter cet habit trop séculier, pour prendre la coiffe, la guimpe et le scapulaire des religieuses de Saint-Augustin. Madame de Maintenon leur fit seulement garder la croix d’or fleurdelisée et le manteau.

L’habit des Demoiselles ne différait guère à l’origine de celui des Dames que par la couleur et par un peu plus d’élégance et de parure. Il était d’étoffe brune (étamine ou serge, suivant la saison); mais on jugea qu’il devait se rapprocher autant que possible des modes du dehors, afin que les élèves pussent le porter encore après avoir quitté la maison. L’uniforme de Saint-Cyr fut donc légèrement modifié d’année en année.

Le Théâtre de Saint-Cyr (1689-1792) : d'après des documents inédits

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