Читать книгу Mâle et femelle - Albéric Glady - Страница 10
VIII
ОглавлениеLes plages jeunes, pas encore fréquentées des étrangers et connues seulement de quelques privilégiés, offrent ceci de très-agréable, qu’on y vit sans gène, à son aise et presque en famille.
On se baigne tous ensemble, hommes et femmes, jeunes gens et jeunes filles. C’est charmant....
Point de ces démarcations ennuyeuses, qui vous forcent d’apporter votre lorgnette au bain, si vous voulez voir les mollets de la belle jeune fille que vous avez fait danser la veille.
Point de ces cordes, séparant les hommes des femmes; point de ces cris qui vous font revenir sur vos pas: «Côté des femmes, monsieur, les hommes par ici!» Non, là, tous pêle-mèle, se baignant ensemble, se donnant la main, faisant des rondes dans l’eau, se serrant l’un contre l’autre, s’arc-boutant ensemble pour opposer une digue à la vague énorme qui arrive de là-bas! — La voyez-vous venir? Attention! Et la vague passe, culbute les plus faibles, qui se cramponnent aux plus forts, et un immense éclat de rire termine ce bain délicieux, que vous payeriez de toute la fortune d’un nabab, et qui ne vous coûte rien. Je le répète, c’est charmant, charmant.
Et ces craintes de la jeune fille que vous tenez par la main et que vous a recommandée sa mère en vous disant: C’est la première fois qu’elle prend des bains de mer, Monsieur, aussi est-elle bien craintive, allez! Je vous la confie.
— Tu entends, Madeline, continue la mère, tu n’y resteras pas plus de cinq minutes.
Du reste, je te ferai signe avec mon ombrelle, quand il faudra en sortir.
Allons! va! mon enfant chérie, va!
Et vous partez, heureux comme on l’est quand on est l’appui, la sauvegarde, le soutien d’une charmante jeune fille que vous conduisez par la main, en costume de bain, nue jusqu’au genou, les bras nus aussi; et, au fur et à mesure que vous entrez dans l’eau, ce maudit costume qui se plaque contre la peau, qui devient d’un gênant, oh! mais d’un gênant, n’est-ce pas, mademoiselle?
Mais pour vous, qu’est-ce que cela fait? Vous n’allez qu’y gagner! vous n’en serez que plus belle! tous vos trésors, toutes vos beautés vont resplendir et vont nous fasciner.
J’avoue que pour toutes ce n’est pas ainsi. Ah! ma foi, tant pis!
Ne prenez pas de bains de mer alors!
Et puis, du reste, une femme doit être belle ou elle ne mérite pas le nom de femme.
Je ne dirai jamais — je t’aime, à une femme laide.
Là-dessus je suis exclusif!