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IV

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Depuis quelques années Robert d’Amont, fils d’un de nos plus grands architectes, errait dans les rues de Paris à la recherche d’un jeune homme qui voulût bien associer son petit capital au sien pour courir ensemble à la recherche de la fortune.

Son père, mort récemment, avait ramassé une très-jolie fortune dans son art; mais atteint de cette ambition fiévreuse qui consiste à doubler sa fortune en faisant d’heureuses spéculations à la Bourse, et surtout séduit par la réussite d’un de ses amis, il se laissa entraîner et malheureusement se ruina ou à peu près.

En honnête homme qu’il était, il préféra ne laisser qu’un très- petit capital à son fils, mais lui laisser un nom dont il n’eût pas à rougir; aussi paya-t-il ses différences.

Le chagrin d’avoir perdu l’épargne d’une longue carrière bien remplie le rendit malade à tel point qu’il en mourut.

Son fils Robert, en possession de la faible succession de son père, était dévoré d’ambition; mais le capital dont il disposait était insuffisant pour mettre à exécution les projets, qui, disait-il, devaient le conduire à la fortune.

Il soumit vingt fois, cent fois, ses idées à sa famille, à ses amis; tous restèrent sourds, nul ne voulut l’aider.

Il était tellement aigri de l’ingratitude qu’il rencontrait autour de lui qu’il devint jaloux et haineux.

Parfois il se prenait à penser qu’il voudrait plus réussir pour pouvoir haïr ceux qui lui refusaient leur appui que pour profiter lui-même de sa fortune.

Il est vrai de dire qu’on se montrait à son égard d’une parcimonie et d’un manque de confiance révoltant.

Il avait beau dire, expliquer, prouver, supplier, implorer, rien n’y faisait.

Ses parents, ses amis les plus sincères sur lesquels il pouvait le plus compter, l’abandonnaient en lui donnant des fins de non-recevoir, des raisons qui n’en étaient pas. Au lieu de le décourager, cela l’excita!

Il abandonna sa famille et ses prétendus amis, qui ne l’étaient que quand ils n’avaient pas à le prouver, et conçut une haine mortelle à tout ce que l’on appelle de nom: devouement et amitié, deux mots, disait-il, qu’on devrait bien rayer de notre vocabulaire.

Un jour, le hasard lui fit faire la rencontre de Georges Sioul.

Nos deux jeunes gens se plurent beaucoup, ils sympatisèrent ensemble et devinrent de vrais amis:

Georges avait alors plus de vingt et un ans; son nouvel ami lui exposa ses vues d’avenir et lui proposa, moyennant un faible apport de fonds, de s’associer dans des entreprises de construction.

Georges, sans avenir bien défini, et voulant arriver à la fortune, se laissa séduire par son ami.

Il est vrai de dire que cette carrière se pliait très-bien à toutes ses exigences, l’intelligence prédominait, c’était son rêve, son idéal.

Ne pas être marchand, c’est ce qu’il voulait avant tout.

Il soumit son projet à ses parents, qui firent bien quelques difficultés avant de délier les fameux cordons de la bourse; mais il fit tant et si bien qu’il triompha de toutes leurs hésitations et de toutes leurs mauvaises prédictions.

Du reste, ils étaient bons et ne désiraient qu’une chose: le bonheur de leur fils.

Nos deux jeunes gens s’associèrent et entreprirent plusieurs petites affaires qui leur donnèrent quelques bons résultats. Sans être Espagnols, nos deux amis voulaient grandir; aussi se mirent-ils à la tête de grosses affaires. Cela n’en marcha pas plus mal, au contraire.

Ils étaient bien critiqués par les gros bonnets de la maçonnerie, mais cela ne les découragea pas. Ils allèrent droit leur chemin sans s’inquiéter de toutes les petites jalousies et criailleries dont ils étaient l’objet.

Les jaloux voyaient bien par des preuves flagrantes leur réussite, mais ils la contestaient toujours.

On n’empêchera pas les méchants de parler. Ils le savaient et laissaient dire.

Mâle et femelle

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