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VII

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Tout le monde sait ce que c’est qu’une table d’hôte: un composé de personnes de tous rangs et de tous sexes. Inutile donc de décrire celle de l’hôtel où Georges était descendu.

Le soir de son arrivée, Georges se trouva à table à côté d’une jeune fille, dont le père et la mère étaient assis l’un à côté de l’autre. Comment cette jeune fille n’était-elle pas entre son père et sa mère?

Nous ne saurions le dire.

Toujours est-il qu’il dìna, ayant auprès de lui une charmante enfant, que je vais vous présenter.

Elle paraissait avoir quinze ans à peine: elle était brune comme une créole; une chevelure des plus opulentes flottait sur ses épaules, n’étant retenue que par un simple peigne en écaille, comme on en met d’ordinaire aux enfants.

Deux grands yeux bleus qui semblaient lui fendre la tète étaient ombragés de longs cils qui semblaient être là pour les dissimuler, afin qu’on ne pût en admirer tout l’éclat.

Des sourcils épais, admirablement dessinés en arc de cercle et se rejoignant; une bouche d’une grandeur moyenne, des lèvres peut-être un peu trop fortes, mais qui étaient bien en rapport avec cette riche nature.

Elle était petite, et paraissait avoir des lignes d’un fini et d’un modelé dignes d’un sculpteur des plus habiles en son art.

Devant tant de beauté Georges resta longtemps en contemplation.

Instinctivement il se sentit attiré vers elle.

Il lui prodigua toutes les politesses qu’un galant homme peut avoir en pareil cas, — ce qui parut la gêner fort.

La mère de cette jeune fille s’étant aperçue de l’assiduité que son voisin avait pour elle, et voyant surtout en lui un tout jeune homme, en parut contrariée; aussi se leva-t-elle de table avant que le dîner ne fût complètement terminé.

Le lendemain, la mère fut prévoyante et plaça sa fille entre elle et son père.

Je ne sais pourquoi, mais cette femme avait une certaine appréhension contre Georges, coupable seulement d’avoir été, et de l’avoir manifesté, l’admirateur de sa charmante fille.

Elle se prit d’une telle aversion pour lui que, de toutes les politesses que lui faisait Georges, elle ne semblait y prendre garde; elle ne craignit même pas d’être impolie à son égard, en laissant sans réponse les prévenances qu’il avait à leur égard.

On ne saura jamais combien la jeunesse et une petite taille nuisent à certains hommes; c’est triste à dire, mais on prendra, généralement, bien plus au sérieux un homme grand et gros pourvu d’une barbe respectable et d’un abdomen recommandable, lourd et souvent bête — la matière bestiale ayant souvent tout absorbé —qu’un jeune homme imberbe, d’une nature délicate, et représentant peu.

Telle stupidité, dite par une bouche grave, sera prise pour une chose sensée, et telle vérité dite par une bouche d’homme jeune ne sera pas admise.

Nous sommes ainsi faits, la matière a toujours raison de nous.

Georges continua de vivre comme il se l’était promis, c’est-à-dire seul.

Il se trouva bien vexé des rigueurs de la mère de sa charmante voisine du premier soir, mais n’en fit rien paraître.

Cette jeune fille commençait même, et il se l’avouait, à l’intéresser.

Les déjeuners et dîners étaient pour lui ses meilleures heures de la journée, car il revoyait, — comme il l’appelait, — la charmante jeune fille.

Le soir, sur le bord de la mer, il l’apercevait se promenant au bras de son père, encapuchonnée d’une capeline qui lui seyait à ravir... ils se rencontraient... se regardaient... et c’était tout.

Quoique toute jeune fille, Hélène, c’était son nom, avait parfaitement compris que sa mère n’avait pas voulu que le petit voisin du premier soir continuât ses politesses à son égard; et cela seul le rendait plus intéressant à ses yeux.

Leurs regards se rencontraient souvent pendant les repas, et il est vrai de dire que Georges Sioul, sans s’en douter, en devenait inconsciemment amoureux.

Mâle et femelle

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