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ASTRONOMIE PHOTOGRAPHIQUE
ОглавлениеL’astronomie nouvelle possède un autre instrument de recherches, lequel, employé seul ou combiné avec le spectroscope, a produit et produira à l’avenir une somme de connaissances, au sujet de l’univers stellaire, impossible à acquérir par d’autres moyens.
Nous avons déjà indiqué comment il a été possible de découvrir les étoiles nouvelles et doubles, au moyen des plaques photographiques sur lesquelles, soir après soir, vient s’enregistrer au moyen de leur spectre, chaque ligne, sombre ou colorée, dans sa position exacte, de façon à pouvoir être agrandie et comparée avec d’autres de séries diverses, permettant la constatation et la mesure des plus petits changements. Sans la conservation de ces documents, la plus grande partie des découvertes spectroscopiques n’auraient pu être faites.
Mais il existe deux autres emplois de la photographie, lesquels, malgré leur nature toute différente, pourront, comme résultat final, acquérir une importance capitale.
Le premier consiste à obtenir, par l’usage de la plaque photographique, qui leur permet de se reproduire elles-mêmes, avec une grande exactitude, la position précise de dizaines, de centaines et même de milliers d’étoiles; un nombre indéfini de copies peuvent être tirées de ces cartes stellaires.
Ce mode d’agir supprime du coup l’ancienne méthode consistant à fixer la position de chaque étoile par des calculs répétés, au moyen d’instruments compliqués, ainsi que leur inscription dans de longs et coûteux catalogues.
On estime la chose si importante que l’on construit maintenant des appareils spécialement destinés à la photographie stellaire; ceux-ci, montés sur des supports équatoriaux, tournent lentement de telle façon que l’image de chaque étoile puisse rester stationnaire sur la plaque pendant plusieurs heures.
Il y a maintenant un accord conclu entre tous les grands observatoires du monde entier, pour exécuter la photographie complète de l’espace céleste avec des instruments identiques, et cela, afin d’obtenir des cartes à la même échelle de tout le système stellaire. Ces dernières serviront de point de repère fixe aux futurs astronomes, qui pourront, par ce moyen, déterminer les mouvements propres des étoiles de toute grandeur avec une exactitude impossible à atteindre autrement.
Le second usage important de la photographie dépend du fait qu’en augmentant la durée de pose, nous renforçons le pouvoir lumineux des étoiles faibles, en intégrant leur lumière pendant assez longtemps pour impressionner la plaque.
Vous apprendrez avec surprise qu’une bonne chambre à portraits, munie d’une lentille de dix ou douze centimètres de diamètre, et montée de telle façon qu’elle puisse subir une exposition de plusieurs heures, montrera des étoiles si petites qu’elles sont même invisibles avec le grand télescope de Lick.
De cette façon, la plaque révélera souvent des étoiles doubles ou de petits groupes d’étoiles invisibles par d’autres moyens.
Les ouvrages d’astronomie reproduisent constamment de semblables photographies d’étoiles, que, malgré leur fidélité, plusieurs personnes n’apprécient pas à leur juste valeur; cela provient de ce que chaque étoile est représentée par un cercle lumineux, parfois assez considérable, ayant un contour plutôt vague, et non comme un simple point lumineux, tel que l’indique un bon télescope.
Mais le point capital, dans ces photographies, ne consiste pas tant dans la petitesse, que dans La rondeur de ces reproductions d’étoiles; cela prouvant l’extrême précision. avec laquelle l’image de chaque étoile a été conservée par le mouvement d’horlogerie de l’instrument, sur le même point de la plaque, durant toute l’exposition.
On peut voir, par exemple, dans la photographie de la belle nébuleuse d’Andromède, prise le 29 décembre 1888, par le docteur Isaac Roberts, au moyen d’une exposition de quatre heures environ, à peu près mille étoiles, grandes et petites, chacune d’elles étant représentée par une tache circulaire blanche d’une dimension correspondant à la grandeur de l’étoile.
Ces taches rondes peuvent être divisées très exactement par les fils en croix du micromètre, ce qui fait que, soit la distance qui sépare les centres de n’importe quelle paire d’étoiles, soit la direction de la ligne joignant leurs centres, peuvent être déterminées avec autant d’exactitude que si chacune d’elles était représentée par un seul point. Mais comme un point blanc serait presque invisible sur les cartes, et ne pourrait fournir aucune donnée certaine de la dimension probable de l’étoile, des erreurs seraient très fréquentes, et obligeraient l’observateur d’entourer chaque étoile d’un cercle, pour indiquer sa grandeur, et pour la rendre plus visible. Il faut donc admettre que le défaut supposé n’est qu’un avantage de plus. La photographie sus-mentionnée est superbement reproduite dans l’Astronomie ancienne et moderne, de Proctor, publiée avant sa mort.
Mais, outre la somme de connaissances obtenue par les moyens brièvement indiqués ci-dessus, la lumière s’est faite, et largement, sur la distribution des étoiles dans leur ensemble, et, de là, sur la nature et l’étendue de l’univers stellaire, par l’étude consciencieuse des documents obtenus par les anciennes méthodes et par l’application de la doctrine des probabilités quant aux faits observés. C’est par ce moyen seulement, que des résultats très frappants ont été acquis, ceux-ci étant confirmés par les méthodes plus récentes, ainsi que par l’emploi d’instruments nouveaux dans la mesure des distances stellaires.
Les faits concernant très spécialement le sujet capital de ce livre seront étudiés de près dans le chapitre suivant.