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INTRODUCTION

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Table des matières

LA biographie de d’Ouville eft plus simple que l’histoire de ses contes. Pour pouvoir ajouter quelque chose aux faits connus, nous nous étions adresse au Nestor de l’érudition normande, à M. Julien Travers qui nous fit l’honneur de nous répondre: «Nos archives départementales, pas plus que nos archives municipales, ne contiennent rien sur d’Ouville. Il eft probable que la famille eft éteinte... Je regrette de n’avoir rien trouvé qui réponde à vos désirs, et je fuis très-sincère en vous exprimant ces regrets, car moi aussi j’ai frappé aux portes». Quoi qu’il en soit, Antoine Le Métel, sieur d’Ouville, frère de l’abbé de Boisrobert, naquit, ainsi que lui, à Caen, on ne fait en quelle année, et mourut vers 1657, car dans la Suite des Mémoires de Michel de Marolles (Paris, 1657, in-fol., p. 242), on l’appelle le feu sieur d’Ouville.

D’Ouville eft à considérer fous trois aspects, ceux de dramaturge, de conteur & de traducteur. Son premier ouvrage eft sa première pièce de théâtre: Les Trahisons d’Arbiran, tragi-comédie (Paris, Courbé 1638, in-4°): «Cette tragi-comédie, disent les frères Parfaict (Hift. du Théâtre-François, 1747, t. V. p. 353) eut assez de succès, si nous en croyons les éloges dont ses confrères (Rotrou, entre autres) ont orné l’impression de ce poème, l’épître dédicatoire de l’auteur a M. Bouthilier, surintendant des finances et ce qu’il a dit depuis dans sa comédie de l’Esprit folet.

Celle dont nous parlons présentement eft suivant l’usage ordinaire, en cinq actes et en vers, précédée d’un prologue en prose qui fut ajoute après les premières repréfentations de sa pièce. Ce prologue, a proprement parler, n’eft qu’une efpece de préface que l’auteur trouve ainsi le secret de faire réciter sur le théâtre pour prévenir les spectateurs... Cette pièce nous a paru assez faible et l’intrigue mal disposée. L’endroit le plus passable eft le discours de de Cleonte, qui préfère la tranquillité du séjour de Salerne au tumulte qui règne à Naples. Sous le nom de cette dernière ville, l’auteur fait une peinture des désordres de Paris où chacun veut s’élever au-dessus de son etat... D’Ouville verfifioit encore plus mal que son frère l’abbe, mais il entendoit mieux la marche du théâtre & répandoit plus de comique dans son dialogue... Celle dont le fond eft le plus heureux et la conduite assez passable eft L’Esprit folet ou la Dame invisible.»

L’Esprit folet, comédie en cinq actes en vers, dédiée à Mad. de ***, Paris, Quinet, eft de 1642; le personnage appelé Florestan s’exprime ainsi dans la première scène:

Ouy Paris en effet eft l’abrégé du monde,

Dans l’enclos de ses murs toute merveille abonde,

Et je ne l’aurois pas sans doute recognu

Depuis dix ans entiers que ie n’y suis venu.

Cent palais d’un désert, une cité d’un isle,

Et deux de fes fauxbourgs enfermez dans la ville,

Ces fameux changements que maintenant j’y vois,

Marquent bien la grandeur du plus puissant des Rois.

L’Esprit folet, felon Beauchamps , aurait eu deux éditions; selon Beuchot, trois. Hauteroche y a pris le sujet d’une pièce dont la préface nous fournira des renfeignements intéressants:

«Quantité de personnes ont estimé cette comédie et quelques autres l’ont censurée. Les censeurs ont cru lui avoir donné de furieuses atteintes en disant que cette pièce avoit été faite il y a quarante-cinq ans par M. Douville fous le nom d’Esprit follet... Je puis dire sans trop de prévention que, lorsqu’on prendra la peine de lire l’Esprit follet et la Dame invisible, on verra que la dernière eft sans doute bien au-dessus de la première, et pour peu qu’on ait de pénétration, on y connaîtra une conduite plus judicieuse, des vers mieux tournés, des fentimens plus raifonnables, des incidents mieux préparés & enfin une délicatesse & un art de théâtre qui ne se trouve point dans l’autre...

Il eft bon qu’on sache que je n’aurois jamais fongé à refaire l’Esprit follet, si ce n’avoit été pour plaire à une grande princesse qui, un jour, en parlant en général des comédies, témoigna n’être pas satisfaite de M. Douville sur ce sujet; elle ajouta qu’elle auroit bien voulu voir en notre langue cette pièce mieux tournée. Cette illustre princesse me fit mettre entre les mains l’original espagnol & je crus que c’étoit m’ordonner tacitement d’y travailler. Le fameux Calderon en eft l’inventeur et j’ai fait mes efforts pour ne rien diminuer des grâces de son ouvrage. La Dama Duendé eft le titre de cette comédie que j’ai suivie autant qu’il m’a été possible. Je me fuis servi de quelques scènes d’une autre intitulée El Escondillo y la tapada, que j’ai trouvées fort propres à mon dessein. Adieu.»

La piece a de nouveau été refondue par Collé , qui dit dans son avertissement: «L’original de cette comédie eft espagnol. D. Pedro Calderon l’a composée fous le titre de La Cloison. Elle a passé, comme l’on fçait, aux Italiens fous celui d’Arlequin persécuté par la Dame invisible. Les auteurs françois ont donné toute la vraisemblance possible à la fable incroïable de l’auteur efpagnol... En conservant le plan d’Hauteroche, dont la combinaison m’a paru assez régulièrement faite, je la raproche autant qu’il eft possible de nos usages, de nos modes, de notre langage actuel, &c. Il feroit a désirer que dans cinquante ou soixante ans quelqu’écrivain dramatique s’amusât encore à retoucher mon ouvrage qui fera vieilli et qu’il le rajeunît mieux que je n’ai fait celui d’Hauteroche.

En rafraîchiffant d’âge en âge des comédies dont les plans ou les caractères font excellents, ce feroit un moïen sûr et infaillible (en supofant une meilleure plume que la mienne), de perpétuer la gloire du théâtre françois, qui eft le modèle de ceux de l’Europe entière. On ne laifferoit pas perdre des chefs-d’œuvre dramatiques que la vétufté de leur style, le changement des manieres, des événemens, des mœurs & mille autres vicissitudes feront peut-être oublier, malgré le mérite inestimable de leurs fonds...»

Collé émet là une théorie bien scabreuse & l’application qu’il en a faite, entre autres au Menteur de Corneille, ne lui a pas valu grande gloire.

La Dama Duende a été traduite par M. Damas-Hinard (Calderon, 1862, 3 vol. in-12), qui place à tort l’imitation de Hauteroche en 1685. Elle a dû aussi donner l’idée première de la pièce anglaise de laquelle Destouches a tiré le Tambour nocturne.

A l’année 1643 appartiennent les Fausses vérités, comédie en cinq actes, Paris, Quinet, in-4°. Cette pièce a été analysée par S. Marc Girardin (Cours de littérature dramatique, t. V.): «Les Fausses Vérités roulent sur une question de jalousie posée dès les premières scènes de la pièce: Oui, dit Léandre à Lidamant, en lui contant que sa maîtresse eft jalouse de lui et que cette jalousie fait son tourment:

Oui cette passion eft cent fois plus aisée

A souffrir quand on l’a que quand on l’a causée.

Il eft commode, quand on n’eft pas jaloux, de dire qu’il vaut mieux souffrir la jalousie que la causer; mais quand Léandre devient jaloux, alors il trouve que la jalousie eft une affreuse souffrance. Dans les Fauffes Vérités Léandre et Orafie sa maîtresse font tour à tour jaloux l’un de l’autre & il semble, en vérité, que la pièce de d’Ouville soit faite du commencement à la fin pour combattre la maxime de Léandre.

A ces perpétuelles alternatives de jalousie que ressentent & que causent les deux personnages principaux, l’auteur a ajouté un grand nombre d’incidens romanesques qui amusaient sans doute le public. Les héroïnes se fervent de fausses portes et même de fausses clefs pour entrer et pour sortir à volonté de leurs maisons; elles changent ensemble de logemens & de suivantes pour mieux déconcerter leurs prétendants. Je reconnais là les ressorts ordinaires de l’école romanesque qui régnait en souveraine dans la comédie comme dans la tragédie. Traduites ou imitées la plupart de l’italien & surtout de l’espagnol, les comédies de ce temps sont pleines d’aventures imprévues; l’intrigue y eft compliquée & singulière; elles s’adressent surtout à la curiosité du public & elles mettent leur mérite à étonner le fpectateur plutôt qu’à le faire rire ou à l’émouvoir. Nous devons donc estimer parmi les auteurs du temps ceux qui, à travers la multiplicité des incidens, savent représenter par quelques traits expressifs les effets d’un caractère ou d’une passion & qui, de cette manière, s’acheminent vers la comédie de Molière. Tel eft, dans les Fausses Vérités, le talent de d’Ouville.

Il ne faut point lui demander de peindre un caractère, Molière lui-même ne savait pas encore le faire dans ses premières comédies. Mais d’Ouville fait exprimer avec assez de grâce & de vérité les dépits amoureux & les souffrances de la jalousie.»

Après avoir fait des citations, S. Marc Girardin ajoute qu’un défaut qui nuit à la peinture du dépit amoureux de Léandre & d’Orafie, c’eft que les deux amans ont raison l’un contre l’autre & ont le droit de s’accuser réciproquement. Or c’eft le propre des querelles des amoureux de Molière qu’ils se disputent sans cause. Ils n’ont pas besoin pour se quereller de trouver une femme ou un homme dans la chambre l’un de l’autre. Avec la vivacité & la délicatesse de leurs fentimens d’amour, il leur suffit d’un mot qu’ils entendent mal, d’un regard qu’ils ne trouvent pas assez tendre & assez soumis pour se plaindre l’un de l’autre & pour se quereller. La futilité même du sujet de la brouille fait que l’amour seul y eft en jeu. Prenez, au contraire, pour sujet de la querelle, des faits graves & certains, la querelle devient un procès à examiner. Il faudrait dans l’éclaircissement des deux amans le sangfroid & l’attention d’un juge. D’Ouville a eu raison de ne pas donner a Léandre et à Orafie des qualités de ce genre, mais il a eu tort de donner pour cause à leur querelle autre chose que des délicatesses & des impatiences de tendresse.

La même année que parurent les Fausses Vérités, (1643), parut aussi la première édition des Contes, fous le titre fuivant, que nous avons copié sur l’exemplaire de la Bibliothèque nationale:

LES

CONTES

AUX

Hevres perdues

DV SIEVR D’OVVILLE

OV LE

Recueil de tous les bons Mots, Reparties, Équiuoques, Brocards, Simplicitez, Naifuetez Gasconnades, et autres Contes facecieux non encores imprimez

A PARIS

Chez Touffainct Quinet, au Palais, dans la petite Salle sous la montée de la Cour des Aydes.

M DC XXXXIII

Avec Priuilege

(543 p. in-16.)

Coté Y 83, non catalogué selon M. P. Billard. Manquent les pages 207-208. Cette édition n’eft pas mentionnée par Brunet que fuit trop fidèlement M. G. Mouravit dans les Supercheries littéraires et qu’il dépasse même quand il dit que l’édition de 1644 en 2 vol. eft originale & feule complète. Elle n’eft pas originale, nous venons dè le voir, puis elle eft complète en quatre vol., non en deux, quatre volumes excessivement rares, du reste, car l’exemplaire de la bibliothèque de l’Arsenal eft un exemplaire rapporté où la feconde partie porte la date de 1652.

Nous allons décrire cet exemplaire en détail. Il eft coté 14203. Du premier volume le titre eft raccommodé & porte la signature de Guyon de Sardière. J. B. Denis Guyon, chevalier seigneur de Sardière, ancien capitaine au régiment du roi & l’un des seigneurs du canal de Briare, poffedait une belle bibliothèque dont le catalogue parut chez Barrois en 1759. Il en avait acquis une partie à la vente de la bibliothèque d’Anet. Dianè de Poitiers forma dans le château d’Anet une bibliothèque précieuse. Cette terre ayant passe dans la maison de Vendôme, ces princes augmentèrent la collection. En 1718, après la mort de Marie-Anne de Bourbon, veuve du dernier duc de Vendôme, Anet entra dans la maison de Condé et Anne de Bavière, veuve de Henri Jules de Bourbon, prince de Condé, étant morte le 23 février 1723, la bibliothèque du château fut vendue à l’encan. La catégorie des conteurs devait être bien représentée dans une collection ayant appartenu aux Vendôme et le catalogue de Sardière permet des inductions à ce sujet; quant aux livres de ce bibliophile, ils furent achetés par le duc de la Vallière.

La seconde partie de l’exemplaire de la bibliothèque de l’Arsenal porte la date de 1652 & la table eft incomplète. Pour trouver la feconde partie dans l’édition de 1644, il nous a fallu nous rendre à une troisième bibliothèque, la Mazarine, qui la possède fous le n° 22219 avec la quatrième fous le n° 22220. La table eft complète & l’avis au lecteur mérite d’être reproduit:

«Ayant fait imprimer le premier volume de ces contes & ayant veu qu’ils se vendoient mieux que quelque chose de bon, parce que c’eft un entretien propre à beaucoup de fortes de gens à qui les choses sérieuses ne font pas de si bon gouft, mon libraire m’a importuné d’en faire vn fecond volume, ce que j’ay entrepris pour son seul intéreft, jaloux toutefois qu’il face plus son profit dans le débit de ces fotifes que dans d’autres œuvres qu’il a imprimées de moy, qui bien qu’elles ne soient gueres meilleures, n’ont pas laisse néanmoins de me coufter beaucoup plus à produire. Mais voyant qu’on vend bien plus de harangs que de folles & de turbots ie me refous à eftre marchand de petite marée, auec protestation pourtant que ie n’ay mis mon nom à la teste de ce liure que par l’importunité de mon imprimeur qui s’imagine peut eftre mal à propos que le nom de l’Autheur en rendra la vente meilleure. Ne t’imagines pas, amy lecteur, que i’employe beaucoup de temps & de peine à mettre ce livre au iour; fçache m’en gré si tu veux, ie ne m’y amuse que pour me reposer quand ie fuis las de travailler à des choses plus sérieuses; aussi leur donné-je en tefte le nom d’heures perdues, faisant de ce liure ce que les médecins font de leurs récipez & les apothicaires de leurs drogues, qui les vendent aux simples & aux ignorans & qui, cognoiffans leur peu de valeur, ne s’en fervent iamais pour eux-mefmes. Ayant la mémoire chargée de toutes ces fadaises que i’ay apprises en mes ieunes ans et qui en faifois, pour lors, eftat comme de quelque chose de bon, à présent que i’ai plus de cognoiffance que ie n’avois, ie les veux toutes chasser de moy & les donner à ceux qui en feront plus d’eftat que ie n’en fais; afin qu’ayant l’esprit defchargé de toutes ces matières ridicules, il foit plus libre pour agir à l’achèuement d’vn œuvre plus ferieux que i’ay commencé il y a désia quelque temps & que j’efpere mettre au iour, si Dieu me donne assez de vie pour en voir la fin comme ie le désire: si tu vois icy quelques contes qui ne te plaisent point, passe par dessus sans mot dire et n’en degoute point les autres qui peut eftre trouueront aussi mauuais ceux qui passeront auprès de toy pour bons. Il y a icy de la viande pour tous ceux qui ont bon appetit & pour les defgoutez mefme. Vn Asne preferera un chardon à un pain de sucre, & si vn marchand n’auoit que des perles et des diamans à debiter au menu peuple, il faudriot qu’il mourust de faim: beaucoup pour leur vfage préféreront vn fiflet de peu de valeur à vn joyau de grand prix, pour ne cognoiftre pas ce qu’il vaut. Les choses en ce monde ne font estimées que par le prix qu’on veut leur donner, & l’on voit tous les iours que les charlatans & ioueurs de marionnettes font plus suivis et applaudis que les philosophes; comme il y a bien plus d’ignorans que de sçauants, ie m’affeure que le nombre de ceux qui courront après ce liure fera bien plus grand que celuy de ceux dont il fera rebuté & ie feray moy-mefme le premier à en rire. Au reste, qui que tu fois qui tiens ce liure en main, car ie ne fcay pas à qui ie parle, si le discours sur lequel tu feras te defplait & t’importune, tu n’es pas obligé à te contraindre de l’entretenir par ciuilité, laisse-le là, tu le reprendras cuand il te plaira sans qu’il s’en offence ni sans qu’il rougisse des iniures que tu luy diras tout haut, non plus qu’il s’enorgueillira des louanges qu’il pourra receuoir de quelque ceruelle creuse qui, ayant le gouft dépraué, y pourra par hazard rencontrer quelque viande a son appétit; il vient pour feruir au public & tu fçais qu’il eft impossible de plaire à tous; si tu en fais peu d’eftat, fçache que j’en fais encor moins que toy & quelque autre lui pourra faire meilleur accueil, et comme tu te mocqueras peut-eftre de ceux qui le carrefferont, ils se pourront aussi mocquer de toy du mefpris que tu en feras. Si ce second uolume te plaift, ie feray encor vn effort sur ma mémoire pour t’en donner vn troifiefme, & puis ie te diray adieu sur de pareilles matières & me mettray a trauailler sur des choses de plus de poids et diray auec ce prince des Poètes latins:

Sicelides, Musæ, paulo majora canamus,

Non omnes arbusta juvant humilesque miricæ.»

Voilà un auteur qui fait assez bon marché de ses productions & se montre certainement d’humeur accommodante. Revenons à l’exemplaire de la bibliothèque de l’Arfenal. La troisième partie a le titre raccommodé et annonce contenir:

Plusieurs naïfuetez, simplicit(ez)

Reparties, brocards et Gascon(nades)

Oubliées au premier et deuxiè(me)

(volume)

En voici la préface: «ayant veu plusieurs personnes rechercher avec foin la feconde partie de mes Contes aux heures perdues & me trouuant en eftat d’en auoir encor quelques-vnes à perdre & importuné de mon imprimeur d’en donner vn troisième uolume, i’en ay emploie quelques-vnes le iour de celles que i’ay dérobées à des ouurages plus sérieux où ie trauaille, pour contenter le désir de ceux qu’ont l’humeur portée à l’entretien des choses risibles, ie commenceray ce volume par le tiltre que i’ay donné au premier affauoir par les Naïfuetez, desirant adioufter à celles que i’ay mises au iour, quelques-vnes qui ont esté oubliées en la première partie. le ne feray point ici de difference des trois fortes de Naïfuetez, puisque nous en auons suffisamment parlé au premier volume; ie diray feulement que ie réduiray icy ces trois chapitres en vn, quoy que premièrement ie parleray des Naïfuetez simples, puis des eftudiées & après des mixtes. Vous discernerez bien vous-mefme les vnes des autres, sans qu’il foit besoin de les diuifer par chapitres. Après ce volume icy ie commenceray le premier de mes Nouuelles, qui sera de toutes celles qui font risibles, avant que de venir aux sérieuses, où vous aurez sans doute sujet de vous diuertir par la lecture des plus beaux intrigues que uous ayez veus & qui auant ceci n’ont iamais esté imprimez.»

Nous arrivons à la

QUATRIESME ET DERNIERE PARTIE

où font contenus plusieurs contes facetieux, auec quelques nouvelles plaisantes & recreatives non encore veues.

Paris Quinet.

1644.

Voici l’avis

AU LECTEUR.

l’avois refolu de ne plus efcrire sur ces matieres ridicules, mais l’importunité de mon libraire m’a encor oblige à faire ce quatriefme volume, qui fera le dernier, tant pour te faire part de quelques contes que i’ay oubliez dans les trois precedens liures que pour te donner quelques agreables nouuelles ridicules & plaisantes, dont i’ay rempli vn chapitre presque tout entier, pour adioufter au nombre des fubtilitez que i’ay traitté dans la seconde et troifiefme partie, outre la derniere nouuelle que tu trouueras en ce volume sur la fin, qui pour eftre longue ne te doit pas defplaire. Si tu trouues en ce liure icy quelques contes plus longs que ceux que tu as veus dans les volumes precedens, tu ne les trouueras pas moins diuertiffans. Si la patience t’efchape en les lisant, paire par-deffus & ne t’amuse qu’a ceux dont la fin n’eft pas éloignée du commencement, tu y en trouueras de toutes façons. le n’ay point este d’aduis de distinguer autrement dans ce volume les contes par chapitres comme dans les precedents.

Ie les mets quafi pefle-mefle, avec quelque ordre pourtant, que j’y obserue qui ne paroiftra point si fort qu’aux autres. En fuitte de ce Liure tu verras mon Periandre, dont i’ay des-ja deux volumes de prefts, estant bien aduancé dans le troifiefme. Sous ce nom de Periandre & autres qui font empruntez en cet ouurage, tu trouueras quantité d’histoires très diuertiffantes & veritables arriuees en plusieurs endroits de l’Europe, qui composent entre elles vne efpece de roman ferieux, veu qu’elles font tellement liées les vnes avec les autres qu’on ne les fçauroit tirer d’ensemble sans leur ofter toute leur grâce. C’eft où i’ay bien mis d’autre peine & employé d’autre trauail qu’à la compofition de ces contes ridicules, que ie n’ay mis au iour que pour le diuertiffement des melancoliques & dont ie n’efpere autre chose que la satisfaction que mon libraire y trouuera en le débitant. Il ne s’eft point plaint des premiers, ie ne fçay ce qu’il fera de cettuy-cy & du troifiefme, qui eft à ce que i’entends preft d’eftre mis en vente. Mais comme une feule forte de viande dégoufte toujours, ie crains bien que tu ne te rebutes de ce mets icy. C’eft pourquoy ie fay dorefnauant trefue d’efcrire sur pareilles matieres. le croy t’auoir assez préparé les oreilles pour vn ouurage plus sérieux que ie fuis tout preft, comme ie t’ay dit, de mettre au iour. Adieu.»

Cet avis au lecteur n’eft pas moins intéressant que les précédents. Après avoir pour la troifieme fois mis sa publication au compte de l’importunité du libraire, d’Ouville ajoute qu’il donne cette fois «des contes plus longs,» ces nouvelles dont il eft fait mention dans le tome III & dont il voulut faire paraître un recueil risible & un recueil sérieux. Nous apprenons de plus qu’il travaillait à un Periandre, un roman sur lequel il fait grand fond, au rebours de ses Contes qu’il traite de sottises. Periandre n’a point paru que nous sachions, mais les quatre volumes de contes présentent un ensemble sinon impofant, du moins digne d’attention, & pour lequel le mot d’ana employé par M. Charles Louandre nous semble insuffisant. Nous sommes d’ailleurs d’accord avec ce critique pour reconnaître à d’Ouville le mérite d’avoir inauguré en France un genre à peu près nouveau & employé des formes littéraires dont il a pris foin de nous donner l’esthétique dans de courtes préfaces. Ces préfaces nous allons les reproduire ici, puisque nous ne reproduifons pas complétement la première edition datée de 1643.

D’abord la table comprend:


Le privilége eft du 20 février 1642 & l’achevé d’imprimer du 26 mars 1643. Voici les préfaces:

L'élite des contes du sieur d'Ouville

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