Читать книгу La Science de la Foi - Antonin Rondelet - Страница 46
XI
ОглавлениеJe ne crains pas de dire que la controverse religieuse telle qu’elle est pratiquée dans le deuxième livre, intitulé la Critique et la Vie de Jésus, est un modèle véritable.
Le dessein de l’auteur n’a point été d’épuiser la question ni de suivre dans tous ses détours l’écrivain qu’il a entrepris de combattre. Le P. Gratry applique ici un procédé que des magistrats, blanchis sous le harnais, ont souvent conseillé à des juges d’instruction, encore au début de leur carrière, c’est de ne point s’obstiner à retenir l’un après l’autre tous les chefs d’accusation qu’avait pu suggérer l’information préparatoire. Ce n’est point en dispersant la conviction du jury sur un trop grand nombre de points inégalement démontrés, qu’on s’assure de son verdict et qu’on le détermine à déclarer la culpabilité du prévenu. Il suffit, pour obtenir contre lui une sentence, de l’avoir convaincu sur un petit nombre de points.
Le P. Gratry n’a point le dessein de reprendre l’une après l’autre toutes les assertions contenues dans la Vie de Jésus. Il ne se propose pas de rétablir les droits de la vérité partout où ils ont été compromis. Il aime mieux, pour montrer que M. Renan est en dehors de toute exactitude et de toute sincérité scientifiques, discuter un petit nombre d’exemples, suffisants pour faire apprécier l’esprit et les applications de sa méthode.
Une pareille façon de procéder me paraît logique et parfaitement appropriée aux besoins de la plupart des lecteurs. Ceux-là mêmes qui ont le plus de bonne volonté, sont loin d’avoir toujours le loisir ou la résolution d’entreprendre un discernement de détail entre l’erreur et la vérité. Il ne faut pas trop leur en vouloir s’ils demandent à juger, plus expéditivement, du tout par la partie et de la pièce par l’échantillon. Il y a telle erreur si manifeste, si palpable, on pourrait dire si volontaire, qu’elle suffit amplement pour permettre d’apprécier avec une justice suffisante l’esprit et la valeur d’un livre tout entier.
C’est à de telles erreurs que se réduit le P. Gratry: «Qu’on me permette, dit-il, de n’en donner
«que dix exemples, après lesquels celui qui vou-
«dra étudier le livre en saura par lui-même trou-
«ver d’autres .»
Je veux à mon tour choisir l’un de ces dix exemples, et puisque, malheureusement, tout le monde n’a pas lu les Sophistes et la Critique du P. Gratry, je veux transcrire ici deux pages qui donneront une idée de la décision, de la véhémence, de la rigueur péremptoire d’une telle critique.