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VIII

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Le P. Gratry n’hésite point ici à prendre à partie la faiblesse de nos intelligences et l’inattention de nos esprits. Il cite un mot qui me frappe et en même temps qui m’épouvante: «Aujourd’hui,

«disait un homme d’esprit, la lecture est une sen-

«sation. Beaucoup d’écrivains savent cela et ils en

«profitent .»

La lecture est une impression! Combien ce mot explique et révèle de choses! «Personne aujour-

«d’hui, dit encore le P. Gratry, n’est en état de

«suivre un raisonnement; personne ne peut sui-

«vre une question abstraite, et surtout personne

«ne le veut .»

Dès que l’âme se laisse aller à ce manque de force et de vertu intellectuelle, dès que, par une sorte de lâcheté, elle s’en tient aux apparences sans entrer dans le fond même des raisonnements, elle devient le jouet des sophismes les plus étranges et les plus inattendus.

Il ne faut pas croire, en effet, que le bon sens se suffise toujours à lui-même, et qu’il soit toujours en mesure de se tirer seul de toute espèce d’arguments captieux.

Le bon sens n’est pas fait pour courir les aventures de la polémique et pour se risquer dans les détours de la discussion. Il lui faut, pour conserver sa vigueur native, pour garder son inébranlable aplomb, un certain calme, une certaine paix qui le préservent du péril. Il est plutôt fait pour se défendre par la rudesse avec laquelle il repousse les sophismes sans vouloir les écouter, que pour la subtilité avec laquelle il y répond après les avoir entendus.

Dès que le bon sens entre en lice, dès qu’il vient prendre part à cette mêlée où les plus fermes esprits ne se présentent qu’armés de toutes pièces des enseignements de la dialectique, sa vigueur, son agilité, sa résistance habituelles ne lui suffisent plus. Le lutteur le plus vigoureux est bien vite terrassé, s’il ignore les lois de la gymnastique, et le premier adversaire venu triomphe par les ressources de l’art de la maladresse de la nature. Il en va de même dans cet assaut des esprits. Le bon sens le plus intrépide se trouve pris au dépourvu, si, dans cette lutte corps à corps, dans le péril de cette étreinte dangereuse, il n’ajoute pas au sentiment instinctif de la vérité que le sophisme affaiblit, une attention soutenue et persévérante qui empêche son esprit de déserter la cause de sa raison.

La Science de la Foi

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