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II

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Que le lecteur me prête ici toute son attention.

Le problème fondamental de l’intelligence humaine est le suivant: «Passer de l’affirmation de telle ou telle réalité que l’expérience me révèle à des affirmations générales telles que la raison seule me les fait apercevoir.»

Exemple:

«Je tiens dans la main un livre qui est rouge:» voilà l’affirmation expérimentale.

«Les livres sont moins coûteux que les manuscrits: » voilà une proposition générale et qui demande, pour être créée, un certain travail de l’esprit.

Examinons la voie par laquelle s’accomplit ce progrès de la pensée.

Comparons par exemple l’idée des deux individus qui s’appellent Pierre ou Paul, avec l’idée générale représentée par le mot homme ou humanité.

Évidemment, il y a dans l’idée représentée par ce mot Pierre, en tant que ce terme est le nom propre de mon voisin ou de mon domestique, un beaucoup plus grand nombre d’affirmations réelles, concrètes, vivantes que dans l’idée représentée par ce mot: homme. Pierre est mon domestique, il porte ma livrée, il se tient habituellement dans l’antichambre de l’appartement que j’habite; il a une taille, une physionomie, des yeux, une bouche, des mains que je connais, et que je ne saurais confondre avec les mains, la bouche, les yeux de nulle autre personne.

Je passe de l’idée de mon domestique Pierre, laquelle est, comme on le voit, essentiellement particulière et individuelle, à l’idée d’homme, laquelle est une idée générale.

Comment s’opère ce passage?

L’idée d’homme renferme-t-elle un nombre d’idées et de jugements plus ou moins grand que l’idée de mon domestique Pierre?

Évidemment, pour passer de l’idée de l’individu Pierre à l’idée de l’espèce homme, je suis obligé de retrancher un certain nombre de déterminations qui se trouvent dans Pierre, et qui ne se retrouvent pas dans Paul ni dans Jacques, qui par conséquent ne se retrouvent pas, à plus forte raison, dans un homme quelconque, dans le premier venu de tous les hommes.

Ainsi donc, l’idée générale d’homme n’est autre chose que l’idée d’un individu quelconque, diminuée d’une partie de ses éléments et réduite à un petit nombre de traits généraux.

Je comparerai plus brièvement l’idée générale d’homme avec l’idée plus générale d’être animé.

Ici encore, l’esprit ne s’élève de l’idée la moins générale à l’idée la plus générale, qu’à la condition de faire de plus en plus le vide dans sa pensée. L’idée d’être animé ne renferme plus qu’un bien petit nombre d’affirmations, si on la compare avec l’idée d’homme. Il n’est plus question d’une âme unie à un corps, d’un cœur, d’une volonté, d’une intelligence, de la connaissance et de l’emploi de la parole, d’une certaine organisation physique, exclusivement propre à l’espèce humaine. L’idée d’être animé ne saurait rien garder de tout cela. Il faut qu’elle se réduise à quelques caractères vagues et abstraits, afin que ces caractères puissent embrasser dans leur généralité l’ensemble des êtres doués de la vie.

La Science de la Foi

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