Читать книгу La Science de la Foi - Antonin Rondelet - Страница 27
XII
ОглавлениеJ’ai, au point de vue de la science, un double reproche à adresser à M. de Margerie.
Je sais qu’il n’a point prétendu nous donner en passant une histoire complète du panthéisme dans l’antiquité. Il s’est contenté de nous en fournir, pour ainsi dire, un double échantillon. Je crains toutefois que sa division ne soit pas bien complète, et que l’un de ses exemples au moins ne soit pas tout à fait heureux.
Le stoïcisme, avec l’importance excessive, on pourrait presque dire exclusive, qu’il attache à la morale, avec le sourd dédain qu’il n’a pas cessé de professer pour la métaphysique, paraît-il bien choisi pour représenter dans l’antiquité le panthéisme matérialiste ou naturaliste?
Je partage tout à fait le sentiment de M. de Margerie, lorsqu’il refuse le nom et la qualité de panthéistes aux philosophes de l’école d’Ionie ; mais alors pourquoi ne pas préférer, comme type de la doctrine qui disperse Dieu dans l’univers, le système si connu de la philosophie hindoue? Nous ne sommes plus au temps où les philosophes affectaient de ne point sortir de la tradition consacrée, et se refusaient à faire remonter la réflexion par delà les sept sages de la Grèce. L’Inde a été assez explorée; elle est suffisamment connue, pour qu’il soit permis désormais de la faire entrer couramment dans toutes les considérations auxquelles peut se livrer l’histoire de la philosophie.
Je n’ai pas bien saisi non plus la raison pour laquelle M. de Margerie laisse à l’écart les métaphysiciens d’Élée, et passe sous silence les grands noms de Xénophane et de Parménide.
Je suis assez porté à convenir que le panthéisme de l’école d’Elée ne rentre ni dans le panthéisme matérialiste, ni dans le panthéisme idéaliste tel que M. de Margerie les a distingués; mais alors pourquoi ne pas admettre une troisième espèce de panthéisme qui donnerait à l’auteur l’avantage de poser, dès l’antiquité, les antécédents de la philosophie de Hégel? De quel nom appeler la doctrine dont nous trouvons la profonde exposition dans les deux célèbres dialogues de Platon intitulés, l’un le Sophiste et l’autre le Parménide? N’est-ce pas là le panthéisme logique dans toute sa rigueur, et le système des antinomies de Kant, aussi bien que la théorie des contradictoires de Hégel, ne s’y trouvent-ils pas déjà pressentis et devancés?