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XVI
ОглавлениеLa dernière conclusion de toute la polémique soutenue par le P. Gratry est aussi nette qu’incontestable: les adeptes de l’école critique n’ont renoncé à leur foi que pour avoir d’abord renoncé à leur raison.
Un des plus intrépides adversaires de la révélation, M. E. Schérer, a résumé cette situation de l’âme dans une belle page, pleine de sincérité et de tristesse.
Voici les paroles qu’il met dans la bouche de l’adversaire qu’il a le triste courage de combattre et la cruelle espérance de vaincre. C’est par là que je terminerai ce chapitre.
«Quand je sens vaciller en moi la foi au miracle,
«je vois aussi l’image de mon Dieu s’affaiblir à mes
«regards; il cesse peu à peu d’être pour moi le
«Dieu libre, vivant, le Dieu personnel, le Dieu avec
«lequel l’âme converse comme avec un maître et
«un ami; et ce saint dialogue interrompu, que
«nous reste-t-il? Combien la vie paraît triste alors
«et désenchantée! Réduits à manger, dormir et
«gagner de l’argent, privés de tout horizon, com-
«bien notre vieillesse devient triste, combien nos
«agitations insensées! Plus de mystère, c’est-à-
«dire plus d’innocence, plus d’infini, plus de ciel
«au-dessus de nos têtes, plus de poésie! Ah! soyez-
«en sûr, l’incrédulité qui rejette le miracle tend à
«dépeupler le ciel et à désenchanter la terre. Le
«surnaturel est la sphère naturelle de l’âme.
«C’est l’essence de sa foi, de son espérance, de
«son amour. En cessant de croire au miracle,
«l’âme se trouve avoir perdu le secret de la vie
«divine; elle est désormais sollicitée par l’a-
«bîme.... bientôt elle gît à terre, oui, et parfois
«dans la boue .»