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IX

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La nuit était venue, il dîna tant bien que mal et se coucha de bonne heure. Après un premier sommeil, très-lourd et peuplé de cauchemars, il s’éveilla…

Une pendule sonna deux heures. Mais presque au même nstant, Largeval crut entendre une voix poussant des appels désespérés.

Il se dressa sur son séant et écouta.

C’était un bruit vraiment effrayant, qui semblait sortir des profondeurs de la terre.

On eût juré que des malheureux agonisaient en quelque mystérieux cachot. Parfois, un cri qui devait atteindre le paroxysme du rugissement, pour se faire entendre avec cette intensité de son, traversait la nuit.

On devinait de la fureur, du désespoir et l’effroi.le plus horrible dans ces étonnantes clameurs.

–Qu’est-ce que cela veut dire? murmura Largeval inquiet.

Puis il se reprit à prêter l’oreille. Il y eut un assez long silence; et le bruit recommença bientôt. Il y avait cette lois quelque chose de déchirant et d’épouvantable dans la façon dont on se plaignait, dont on paraissait implorer du secours.

De tempss à autre, des coups sourds retentissaient également. Georges ne pouvait parvenir à se rendre compte de ce qui se passait.

Une idée singulière lui traversa même l’esprit, et il eut pensée que l’âme de son frère… mais il n’était pas assez superstitieux pour se laisser aller à de semblables imaginations, même dans cette maison isolée, au milieu d’une nuit profonde.

–Il est évident qu’on appelle, dit-il, et que des malheureux ont besoin d’aide; mais où?

Il se leva, s’habilla, prit un revolver et descendit au rez-de-chaussée. En ce moment, il se rappela l’histoire étrange des deux voleurs, que lui avait racontée Montussan, et il se demanda si les bruits qu’il entendait ne se rattachaient pas à cette aventure.

Largeval n’était pas peureux, Quand il arriva au rez dechaussée, les cris lui parurent venir du dehors. Bravement il ouvrit la porte de sa maison et descendit dans le jardin pour l’explorer.

Mais là il ne perçut plus rien. La tranquillité semblait absolue. Une fois il lui sembla distinguer quelque chose qui devait partir de la maison.

Il rentra donc et écouta. Mais, comme la première fois, les appels partaient du jardin.

–Je suis victime, dit-il, de quelque singulier effet d’acoustique probablement.. Au grand jour je me rendrai compte sûrement de ce que c’est.

Et il remonta se coucher tranquillement, tout en se promettant cependant, d’interroger Pascalin le lendemain sur ce cas extraordinaire.

Il n’eut aucune peine d’ailleurs à reprendre son sommeil, car le vacarme qu’il entendait si bien tout à l’heure venait de cesser assez brusquement.

Au jour, Largeval se leva, n’ayant plus qu’un souvenir un peu confus de ce qui l’avait frappé pendant la nuit.

Néanmoins, il manda le sieur Pascalin, portier, et lui dit:

–N’avez-vous rien entendu d’inquiétant la nuit dernière?

Pascalin à cette question ouvrit de grands yeux.

–Non, monsieur Largeval, non.

–C’est bien particulier.

–D’abord, je n’ai fait qu’un somme de minuit à six heures.

–Eh bien! moi, je me suis levé, je suis même descendu dans le jardin pour me rendre compte de bruits qui m’ont vivement surpris.

–Des bruits? répéta Pascalin en ayant l’air de réfléchir.

–Oui, des bruits terribles même. Cela prenait de temps en temps les proportions de hurlements.

–Est-ce que cela se produisait comme si quelqu’un eût fait de violents efforts?

–Oui, en effet… je crois.

Pascalin alors se mit à rire bruyamment.

–Je sais ce que c’est, dit-il.

–Alors, monsieur Pascalin, fit Largeval piqué, veuillez me l’apprendre. Je vous en serai vraiment obligé.

–Ce sont des boulangers établis depuis une huitaine de jours dans une maison adossée à votre jardin. Ils poussent leur han! toute la nuit, et c’est ce qui vous aura effrayé.

–C’est possible.

–Oui, vous avez été éveillé par des geindres.

–Tant mieux, monsieur Pascalin, tant mieux. J’aurais été désolé de n’avoir pas eu d’explication satisfaisante, et je vous remercie.

La nuit suivante, les mêmes cris se firent entendre de nouveau, mais Largeval n’y prêta qu’une attention distraite, et il n’en perdit pas une minute de sommeil.

Bientôt même il s’habitua sans doute complètement à cela, car il n’eut plus que la sensation de gémissements, qui seraient partis d’un point éloigné du pavillon, et enfin tout rentra dans le silence. La nuit ne fut plus troublée désormais.

–Je n’entends plus les boulangers, dit-il un jour à Pascalin.

–Ce n’est pas étonnant, dit celui-ci, le patron est mort dans ces derniers temps, et comme il était garçon, la boutique a été fermée.

Tout cela était fort naturel, il ne fallait pas insister.

La peau du mort

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