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V.
TARQUIN L’ANCIEN.

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Table des matières

An de Rome

139.

Comment il devint roi.

TARQUIN, surnommé l’Ancien, cinquième roi, ne dut son élévation qu’à la brigue, dont il introduisit l’usage. Né à Tarquinie, en Etrurie, d’un riche négociant de Corinthe, il s’étoit établi à Rome, avec l’espérance d’y parvenir aux honneurs;& il avoit changé son nom de Lucumon en celui de Tarquinius, emprunté du lieu de sa naissance. Un mérite réel, soutenu par les richesses.&par une adroite politique, lui avoit procuré les bonnes grâces d’Ancus,&une place dans le sénat. Ancus, en mourant le nomma tuteur de ses deux fils, dont l’aîné n’avoit pas encore quinze ans. Quoique la couronne ne fût point héréditaire, la vénération pour le dernier roi pouvoit fixer les suffrages en faveur de sa famille. Tarquin la brigua ouvertement, sans égard pour ses pupilles. Il mania si bien les esprits, que le peuple, gagné ou persuadé, lui ordonna de se charger de l’administration des affaires publiques, c’est-à-dire, le fit roi.

Ses établissemens.

Pour augmenter son crédit dans le sénat, autant que pour récompenser ses partisans, il créa cent nouveaux sénateurs, tirés des familles plébéiennes. On les appela, Patres minorum gentium. Il s’attacha encore plus la multitude, en construisant un cirque pour les jeux, à l’exemple des Grecs. Tout peuple aime les spectacles,&l’on peut compter de lui plaire quand on l’amuse.

Ses guerres.

Planche X.

Sa victoire sur les Sabins&les Etrusques par l’incendie du pont de bateaux qui les joignoit.

Les Latins, les Etrusques, les Sabins, qui rompoient toujours avec Rome, éprouverent successivement la valeur du nouveau roi. Les Sabins s’étoient réunis avec les Etrusques, &étoient postés proche de Fidens, au confluent du Tibre, &du Teveron. Ils y avoient établi deux camps sur une même ligne, séparés seulement par le canal commun aux deux fleuves, sur lesquels ils avoient jetté un pont de bateaux, pour communiquer de l’un à l’autre,&des deux camps n’en faire qu’un seul. Tarquin, informé de leurs marches, partit avec toutes ses troupes,&vint se placer un peu au-dessus des Sabins, à quelques pas du Teveron, Il jetta sur ce fleuve quantité de petits bateaux, qu’il chargea de bois sec&d’autres matieres combustibles, arrosées de résine&de soufre. Trois heures avant le lever du soleil, il y fit mettre le feu,&les lâcha par un vent favorable dans le courant. Ces brûlots portés au pont de bois, causerent en divers endroits un grand embrâsement. Les Sabins coururent au pont, pour en arrêter l’incendie. Tarquin arriva au premier camp, qu’il trouva sans défense; le second fut en même temps assailli&forcé par les autres corps de l’armée Romaine. Maître des deux camps, il en partagea la dépouille entre ses soldats.

Comme ses prédécesseurs, il sut profiter de la victoire, en incorporant les vaincus avec les citoyens. Il établit la cérémonie pompeuse du triomphe, qui fut dans la fuite un puissant motif d’émulation.


No.10.


No.11

Ses ouvrages.

Les ouvrages exécutés par Tarquin furent des prodiges, dans un siecle de barbarie. Il construisit des aquéducs&des égoûts superbes, perçant les collines&les rochers pour l’avantage de la ville. Il bâtit aussi des temples, des salles pour la justice, des écoles destinées à l’éducation. Il applanit le sommet du mont Tarpéien, sur lequel fut élevé dans la fuite le capitole.

Changemens dans la religion.

Tarquin, étrusque de naissance, grec d’origine, établit vraisemblablement les superstitions d’Etrurie&de Grece, qu’il crut utiles à sa politique. La religion simple de Numa s’altéra beaucoup sous son regne; on reçut des dieux étrangers, &l’on établit les augures, especes de prêtres qui observoient le vol des oiseaux, les entrailles des victimes, la manière dont mangeoient les poulets sacrés, enfin différens signes ridicules dont ils tiroient des prédictions.

Accius-Névius, augur.

Il arriva sous son regne, s’il en faut croire le rapport des historiens, un événement bien singulier,&qui donna beaucoup de crédit aux augures&aux auspices. Ce prince vouloit ajouter aux trois anciennes centuries de cavaliers établies par Romulus, trois autres nouvelles centuries,&prétendoit leur faire porter son nom&celui de ses amis. Accius Névius, le plus célebre des augures qui furent alors, représenta au roi, que ce changement ne se pouvoit faire qu’on n’eût auparavant consulté la volonté des dieux, par le vol des oiseaux. Le roi fâché qu’on traversât ses desseins, pour créditer son art&pour montrer qu’il ne devinoit qu’au hasard, lui ordonna d’aller consulter ses auspices pour savoir si ce qu’il avoir dans l’esprit pouvoit s’exécuter. Le devin obéit,&revenu quelque tems après, il assura que la chose étoit faisable. Alors le roi, en riant lui dit: je pensois en moi-même, si vous pouviez couper ce caillou, avec le rasoir que j’ai en main,&il le lui donna. Accius n’hésita pas un moment,&prenant le rasoir, coupa le caillou en deux. Tarquin en fut frappé d’admiration.

Planche XI.

Il assure à Tarquin que sa pensée lui est connue.

Sa fin.

Les fils d’Ancus-Marcius voyant Tarquin préparer la fortune de Servius-Tullius, son gendre» l’assassinerent pour prévenir ses desseins. Mais Tanaquil, femme de ce princes, cacha adroitement sa mort, jusqu’à ce qu’elle eût assuré la couronne à Servius. C’étoit un Latin dont la mere avoir, été emmenée captive à Rome,&que le dernier roi avoit élevé avec la tendresse d’un pere.

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