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VI.
SERVIUS-TULLIUS.

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Table des matières

An de Rome.

175.

Comment il s’affermit sur le trône.

SERVIUS ayant pris l’autorité sans le consentement dix peuple&du sénat, tâcha de suppléer au défaut de droits légitimes. Il gagna le peuple, en payant, lui-même les dettes des pauvres, en leur partageant les terres dont quelques citoyens s’étoient emparés. Il se plaignit, ensuite publiquement d’un complot formé par les patriciens (). contre sa vie,&demanda qu’on élût un roi, comme s’il eût été prêt à quitter le trône. Le peuple n’eut pas de peine à le décider en sa faveur.

Ses guerres.

Ainsi que Tarquin, il éleva des temples à la superstition; il remporta des victoires sur les voisins de Rome, à qui la haine&la jalousie faisoient souvent reprendre les armes. C’étoit toujours un exercice pour le courage des Romains, &un moyen d’accroissement pour l’état: car on gagnoit, ou des terres, ou des citoyens.

Sa politique.

Tout ambitieux qu’étoit Servius, il parut se livrer à la passion du bien public. Il entreprit de réformer de grands abus, en proportionnant les contributions aux fortunes,& en ôtant à la populace les moyens de décider les plus grandes affaires par la pluralité des voix.

D’abord, il exposa dans une assemblée générale, l’abus des contributions ordinaires,&la nécessité de les rendre proportionnelles aux biens de chaque particulier. Le peuple, flatté de l’espérance d’un soulagement, lui donna pouvoir d’établir le plan de réforme qu’il jugeroit convenable. Ce plan a un rapport essentiel avec l’histoire.

Division du peuple en tribus.

Les habitans de la ville furent divisés en quatre tribus, selon les quartiers;&ceux de la campagne en quinze tribus, auxquelles on en ajouta plusieurs dans la fuite; de manière qu’il y eut en tout trente-cinq tribus. Chacune avoit ses curies, telles à peu-près que nos paroisses, dont le prêtre étoit nommé curion. Le dénombrement des citoyens devint facile par cette méthode. On en comptoir déjà quatre-vingt mille en état de porter les armes.

En classes& en centuries.

De tout le peuple Romain, il forma ensuite six classes, subdivisées en centuries. La premiere classe comprenoit les riches. Elle eut quatre-vingt-dix-huit centuries, parmi lesquelles dix-huit de chevaliers, à qui l’état fournissoit des chevaux. Les quatre classes suivantes alloient en proportion des richesses,&faisoient quatre-vingt-quinze centuries en tout. La sixième, composée des pauvres, quoique la plus nombreuse, n’avoir qu’une feule centurie.

Effet de cette division.

Cette nouvelle division produisit un grand effet. Dans les comices, on prit les suffrages par centuries,&non plus par têtes. Ainsi la derniere classe, en conservant le droit d’opiner, n’eut réellement aucune influence sur les délibérations; au lieu que la premiere décidoit seule, lorsque ses centuries étoient d’accord. Elle achetoit cet avantage, par l’argent&les hommes qu’elle fournissoit; car chaque centurie devoir fournir pour l’armée une certaine somme, avec un certain nombre de soldats.

Cens.

Lustre

Servius prévit que les fortunes étant sujettes à mille accidens, plusieurs citoyens se trouveroient bientôt déplacés dans leurs classes. Il ordonna donc que le cens ou le nombrement se renouvelleroit tous les cinq ans, avec des cérémonies qui lui firent donner le nom de lustre. Les lustres devinrent chez les Romains une mesure du temps, comme les olympiades chez les Grecs.

Ce qu’il fit pour les esclaves.

Pour adoucir le fort des esclaves, Servius permit non-seulement de leur rendre la liberté, mais d’incorporer les affranchis au nombre des citoyens. Le nom d’affranchis qu’ils conservoient, rappeloit des idées humiliantes: c’étoit néanmoins un grand bonheur d’échaper à la condition servile, d’autant plus que les Romains ne mettoient guere de différence entre leurs esclaves&leurs bestiaux. Les affranchis n’entrerent que dans les quatre tribus de la ville, les moins considérables de toutes.

Il concilie avec Rome les peuples vaincus.

Un autre projet exécuté par Servius, mérite tous nos éloges. La force des armes&les traités, en unissant les Sabins&les Latins à la république romaine, n’avoient pu éteindre leur animosité contre un peuple élevé sur leurs ruines. Pour cimenter la paix, dont il représenta vivement les avantages, il les engagea de bâtir un temple à Rome, où l’on sacrisioit en commun tous les ans. Il régla qu’après le sacrifice, on termineroit les différends à l’amiable,& qu’on délibéreroit sur les moyens d’entretenir la concorde &l’amitié; qu’ensuite il y auroit une soire, où chacun pourroit se fournir des marchandises dont il auroit besoin. La religion, les conférences, le commerce, tout de voit concourir, avec le temps, à faire de ces étrangers autant de Romains;&ils y gagnerent autant que Rome. Les conditions du traité, quoiqu’en langue latine, furent gravées sur une colonne en caracteres grecs.

sa fin.

Planche XII.

Tullie veut forcer le conducteur de son char à passer

On assure que sacrifiant tout au bien de l’état, Servius pensoit à déposer la royauté, pour établir un gouvernement républicain, lorsqu’il fut enlevé à ses sujets par un crime atroce. Sa fille Tullie, monstre d’ambition&de cruauté, avoit épousé Tarquin, petit-fils du roi de ce nom. L’un&l’autre entreprennent de détrôner Servius. La conspiration se termine par le meurtre du roi, dont le cadavre est foulé sous le char de son exécrable fille. Cette infâme voyant le conducteur de son char, saisi d’horreur à l’aspect du corps tout sanglant de Servius-Tullius, retenir promptement ses chevaux; transportée de rage lui jette son marchepied à la tête,&l’oblige de les pousser par-dessus le corps palpitant de son pere. De six rois de Rome, tous dignes d’éloges, en voilà quatre qui périssent de mort violente.


No12.

sur le cadavre de son pere.

Abrégé de l'histoire romaine

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