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VII.
TARQUIN LE SUPERBE.

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Table des matières

An de Rome

219.

Son regne.

SOUILLÉ du sang le plus précieux, usurpateur du trône, sans daigner recourir au peuple ni au sénat, Tarquiu devoit regner en tyran. On vit l’injustice&la violence prendre la place des loix; mais en tyran habile, il ne négligea aucun moyen d’affermir&d’étendre son pouvoir. Les vexations lui attiroient la haine des citoyens: il chercha un appui dans l’armée. Sa douceur&ses bienfaits gagnerent une partie des soldats. Une garde nombreuse d’étrangers veilloit pour sa défense, tandis que les délations, les supplices répandoient par-tout la terreur,&que les assemblées du peuple étant suspendues par des édits, il ne restoit plus de ressource contre les entreprises de la tyrannie.

Subjugue les Gabiens,

On rapporte un trait célebre de la politique de Tarquin. Plusieurs patriciens, réfugiés à Gabies, ville des Latins, avoient soulevé contre lui les habitans. Son fils Sextus, dont il dirigeoit les démarches, affecte de le trahir, sous prétexte de quelque brouillerie,&se retire dans cette ville. Il y joue si bien son rôle, qu’il parvient au commandement des troupes. Alors il envoie consulter son pere sur la conduite qu’il doit tenir. Tarquin ne voulant s’expliquer, ni de vive voix, ni par écrit, mene le messager dans un jardin, abat en sa présence les têtes des pavots qui s’élevoient au-dessus des autres,&le fait partir sans autre réponse. Sextus devina l’énigme. Il fit périr les principaux Gabiens,&livra la ville à son pere.

Le tyran joignoit la valeur à la cruauté. Il remporta des victoires sur tous ses ennemis. Le sénat étoit sans force; le peuple abattu n’osoit se plaindre: Rome sembloit réduite au point de langueur&d’accablement, où commence d’ordinaire la servitude des nations.

Livres Sibyllins.

Les historiens racontent qu’une femme inconnue présenta au roi neuf volumes, dont elle demandoit une grosse somme; que le roi n’ayant pas voulu les payer si cher, elle en brûla trois; qu’elle revint demander le même prix des six autres; qu’elle en brûla encore trois, après un nouveau refus; qu’elle recommença ensuite la scene,&que les livres qui restoient ayant été reconnus pour être les oracles de la Sibylle de Cumes, Tarquin les acheta, après quoi la femme disparut. Ces livres gardés précieusement, furent entre les mains du Prince,&ensuite du sénat, les interprêtes de la volonté des dieux. On les faisoit parler au besoin; on en tiroit les oracles que l’intérêt présent pouvoir dicter. Avec une pareille machine, on étoit sûr de maîtriser une nation superstitieuse.

Capitole.

Vers le même temps, fut exécuté le projet du premier Tarquin, de bâtir le capitole;&ce lut l’occasion de fabriquer une autre fable, qui produisit de grands effets. En creusant la terre pour les fondemens du temple de Jupiter, il se trouva, dit-on, une tête d’homme aussi fraîche que si elle venoit d’être coupée. Les augures, consultés sur ce prodige, déclarerent que Rome deviendroit la capitale de l’Italie. De-là le nom de capitole, qu’on donna au mont Tarpéien. De pareilles fictions frappoient les esprits, élevoient les ames,&inspiroient une sorte d’enthousiasme, auquel les Romains furent en partie redevables de leurs succès. Persuadés que les dieux leur destinoient l’empire, ils couroient aux combats, comme à des victoires certaines.

Tarquin chassé de Rome,

Tarquin recueilloit les fruits de sa politique. Les chimeres, dont il amusoit le peuple, achevoient ce que la violence avoit commencé. Vraisemblablement il eût joui, jusqu’à la fin, de sa puissance usurpée, si l’attentat de son fils Sextus contre la chaste Lucrece, n’eût excité la plus vive indignation. Lucrece violée se tua. Junius Brutus, ennemi personnel du tyran, saisit l’occasion de se venger&de briser les sers de sa patrie. Son éloquence ranima le courage des sénateurs. Au nom de la liberté, à la vue du cadavre de Lucrece, le peuple sortit de son engourdissement. Tarquin assiégeoit Ardée dans le Latium. On le condamna, lui&sa postérité, à un exil éternel; on dévoua aux dieux infernaux quiconque tenteroit de le rétablir; on substitua le gouvernement républicain au gouvernement monarchique. Athenes, dans le même temps, secoua le joug des Pisistratides. Il y a un rapport singulier entre les causes&les circonstances de ces deux révolutions.


No.13.

Planche XIII.

Mort de Lucrece.

Exagérations des historiens sur l’histoire des sept rois.

Sept rois avoient gouverné Rome pendant l’espace de deux cens quarante-quatre ans. Ils avoient jetté les fondemens de sa grandeur, parce que tous étoient de grands princes, sans en excepter le dernier, auquel on doit reprocher des injustices, mais non refuser la gloire du génie &des talens. Les historiens sont suspects d’avoir chargé le tableau de sa tyrannie. Ils exagerent tout. Rome ne connoissoit point encore de monnoie d’argent; elle ne possédoit qu’un territoire de treize lieues de long sur dix de large; elle ne cultivoit, ni les sciences, ni les arts: ils en parlent néanmoins comme si tous les talens y eussent été cultivés.

Doute sur cette histoire.

On demande comment sept rois électifs, dont quatre sont morts assassinés, dont le dernier a été détrôné, embrassent dans l’histoire un espace de deux cens quarante-quatre ans, tandis que les royaumes héréditaires ne fournissent pas d’exemple d’une pareille durée de sept regnes. On demande par quel prodige tous ces rois montrent des qualités supérieures; ce qui est aussi sans exemple. On tire de-là une preuve contre leur histoire. Il est certain qu’elle renferme beaucoup de choses douteuses.

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