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VENISE.

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GONDOLIER! à Venise.–O ville enchanteresse,

Enfin je l’aperçois! Venise, une déesse

A, d’un coup de baguette, élevé sur les mers

Tes châteaux élégants, ton magique univers!

Au détroit de Sicile, on prétend que Morgane,

Déroulant tout à coup sa cité diaphane,

Y sème de ses dons le vaporeux trésor,

Sur un sol transparent jette des temples d’or,

Puis de leurs toits vermeils dissipe le prodige;

Mais toi, réalisant ce merveilleux prestige,

Tu montres, tous les jours, comme dans leurs berceaux,

Tes palais endormis sur l’abîme des eaux.

Quel amant de tes nuits n’a béni le silence,

De tes chemins flottants la discrète indolence!

Oui, quand l’astre du soir viendra, du haut des cieux,

Sur le miroir bruni des flots capricieux

De vingt îles d’argent semer l’éclat mobile,

Navigateur sans crainte, et pourtant inhabile,

J’irai, le luth en main, sur un canot furtif,

Tenter cet archipel brillant et fugitif,

Et de mes longs plaisirs savourant l’ambroisie,

M’enivrer de bonheur, d’amour, de poésie.


Hélas! en approchant, ces rêves gracieux,

Comme un char qui s’éloigne, abandonnent nos yeux.

Le génie engourdi sent expirer sa flamme;

Je ne sais quel fardeau tombe et pèse sur l’âme;

Le soleil monotone est déjà moins riant.

Cette ville, qui semble un vaisseau d’Orient

Arrivé par hasard dans un port d’Italie,

Qui, d’un éclat si riche autrefois embellie,

Étalait, sur les flots qu’elle avait maîtrisés,

Sa pourpre conquérante et ses mâts pavoisés,

Cette ville aujourd’hui semble, en butte à l’orage,

Sur son ancre appuyée attendre le naufrage.

La laine asiatique et le luxe des arts

N’ornent plus ses cafés, ses kiosques, ses bazars;

Sous le voile qui cache ou qui feint la jeunesse,

Les femmes ne vont plus, brillantes d allégresse,

Du riolto muet éveiller les concerts,

Ou promettre à l’amour les faveurs de leurs fers.

Jules LEFEBVRE.

La Fauvette

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