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LA CHAUMIÈRE.

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H! si j’avais encore mes dix-huit ans! Si je sentais encore, au fond de mon âme, cette fraîcheur de pensées, cette vivacité d’enthousiasme qui m’animaient à cette époque de la jeunesse, et que ma vie a successivement perdues.

Si le charme des illusions ne s’était pas éteint pour moi, si le bonheur m’apparaissait encore comme ces aubes de printemps qu’on admire à genoux, belles de parfums et de rayons.

Oh! ce ne serait pas dans les villes que je puiserais ma félicité, la félicité telle que je la rêve; ce ne serait point parmi les hommes que je chercherais l’atmosphère qui convient à ma poitrine....

Montrez-moi plutôt un horizon immense où s’égarent de blanches nuées, où des clochers solitaires étincèlent au soleil couchant.

Que je choisisse là un asile selon mon cœur: quelque pauvre chaumière perdue au fond des bois, comme un nid dans les mousses, et à l’entour, un petit nombre de saules inclinés vers le ruisseau.

Plus loin une prairie bien verte, bien silencieuse, environnée d’arbres sombres, et par-dessus tout, un ciel bleuâtre.

Et c’est-là que je voudrais vivre et mourir!

Mais j’aurais encore autre chose à demander à la terre; ce ne serait point une vaine opulence, elle sied mal dans les hameaux.... seulement une femme, un ange....

Où le trouver cet ange?.... Mon cœur m’a déjà répondu.

Oh! ce ne serait point la jeune fille aux yeux noirs, légère, capricieuse, qui ne songe qu’au bal folâtre, et dont la main tremble dans la main qui la presse.

Ni celle dont le regard est un perpétuel sourire, et qu’un chant d’amour a toujours laissée froide et insensible comme la pierre.

Ce ne serait pas non plus cette brillante beauté à la chevelure soyeuse, à la démarche imposante, et qui compte de loin avec orgueil ses nombreux adorateurs.

Mais il est là-bas, près du sentier obscur une blonde fille, simple, modeste, abandonnée, et qui n’a d’autre compagne que sa mère.

La candeur embellit ses lèvres; je ne sais quelle grâce l’environne comme un parfum suit la fleur, et la suavité de son visage, l’innocence de son regard.... tout dit qu’elle n’a pas quinze ans.

Elle s’avance, et le bruit de ses pas me trouble; et quand sa robe m’effleure, je respire à peine. Elle s’agenouille au pied des autels. Elle mêle aux hymnes sacrées la mélancolie de sa voix, et ce n’est plus la blonde fille timide, tremblante; à la vivacité de son regard, à l’expression céleste de sa figure, vous diriez une âme prête à fuir de la terre.

Et c’est alors que je l’admire, moi, désenchanté du monde et de la vie, moi qu’une profonde douleur ramène dans le temple et qui sens le besoin de pleurer devant Dieu.

Elle ne sait pas que je l’aime; mes lèvres n’ont point trahi le secret de mes pensées; elle ne me connaît pas de nom, mais elle n’ignore pas ma vie; elle sait que j’ai souffert, et je l’ai vue se détourner, un jour, pour me suivre des yeux.

Elle et une chaumière, concevriez-vous mon bonheur?

Savez-vous ce que la solitude renferme de trésors et de délices quand elle est partagée avec l’objet aimé!.... Entretiens secrets, douces confidences, promenades au tomber du jour, rêveries de cœur quand la lune tremble aux cieux, deux âmes ne formant qu’une âme!... Ah! si j’avais encore mes dix-huit ans!

Edouard TURQUETY.

La Fauvette

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