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DE LA CHASSE A L’ANGLAISE ET DE LA CHASSE A LA FRANÇAISE

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Table des matières

Cette chasse à l’anglaise, si goûtée, n’est en réalité qu’une course inintelligente qui ne peut procurer que des sensations bâtardes et qui fait du chasseur un homme de cheval et de chiens plutôt qu’un veneur, puisque le principal mérite pour chasser à l’anglaise consiste à bien choisir ses chevaux et sa meute et que la vénerie y figure pour si peu. Avec des chiens viles et de fond plus n’est besoin d’entente en vénerie, un animal est pris malgré les veneurs, je dis malgré les veneurs avec intention; en effet, que les chiens soient dans la voie ou qu’ils n’y soient pas, qu’ils soient de pied ou non, la plupart des veneurs qui chassent à l’anglaise, dès que l’animal est attaqué, ne s’occupent plus que de suivre la chasse, de prouver qu’ils y sont en sonnant sur les côtés, en avant, à un kilomètre ou deux en arrière et cependant ils prennent souvent ainsi: voilà cette chasse si vantée. Qu’elle est loin de cette vieille et sage vénerie, où à chaque nouvelle phase de la chasse, il fallait, pour parvenir à forcer, être veneur capable. A chaque instant, le veneur éprouvait des sensations vives et variées parce qu’il était impressionné d’une manière ou d’une autre, suivant qu’il avait réussi ou non, selon qu’il pouvait se dire: j’ai eu tort ou raison de prendre tel parti. Le veneur alors était heureux par la seule satisfaction intérieure qu’il éprouvait d’avoir obtenu un succès raisonné.

Le veneur d’aujourd’hui trouve du bonheur dans sa nullité cynégétique et dans son indolence d’esprit. Oh! je le reconnais, il a une prodigieuse activité de corps, mais que ne perfectionne-t-il l’ancienne vénerie en réunissant cette activité à celle de l’imagination.

En vérité, le veneur d’aujourd’hui est une dégénérescence du veneur d’autrefois, et par veneur d’aujourd’hui je veux dire la généralité des veneurs de notre époque, je n’entends pas parler de ces veneurs qui chassent à l’anglaise en mettant toujours à profit leur savoir réel et dont tous les efforts tendent à prendre presque sûrement, quel que soit l’âge de l’animal.

Certes, Monsieur Auguste Thélu, le louvetier d’Aumale, n’était guère tendre pour ses contemporains et sa diatribe sur la chasse anglaise n’est qu’un prologue des longues discussions sur le même sujet qui aident à noircir du papier dans les feuilles cynégétiques depuis plus de soixante ans.

Il devait reconnaître toutefois, bien peu d’années après, que parfois les chiens anglais peuvent rendre des services.

En 1854, n’ayant plus guère de loups à courir, soit en forêt d’Eu, soit en Picardie, il s’en fut coupler ses trente-cinq anglo-normands avec les trente beagles d’Emile de Songeons et voulut forcer des chevreuils dans la forêt de la Neuville-en-Hez (Oise). Les deux meutes réunies manquaient de perçant pour mettre les chevreuils hors de leur train et, à chaque chasse, alors qu’après une poursuite régulière l’animal s’en allait battre l’eau dans les tourbières de Sacy-le-Grand, ou les chiens mettaient bas successivement, ou l’on était pris par la nuit. On ne pût forcer que trois chevreuils dans la saison.

L’année suivante, Monsieur Thélu devenait l’un des sociétaires de Saint-Gobain et fut durant cinq ou six ans l’un des membres les plus actifs du nouveau vautrait Picard Piqu’Hardy uniquement composé de chiens anglais. L’essai fait au Rallye-Bourgogne par le Marquis de Mac-Mahon avait porté ses fruits et l’on s’accorda à trouver qu’on pouvait prendre des sangliers avec des fox-hounds.

Nommé Conseiller général d’Aumale en 1849, il se retira de cette brillante phalange de veneurs et, prenant sa retraite, s’occupa avec zèle des agriculteurs de son canton qu’il avait jadis débarrassés du grand ennemi: Ch’leu.

Il mourut, à Aumale, en 1879.

Monsieur Baillei

VERS 1845, Monsieur Baillet, propriétaire à Rumaisnil aux environs de la forêt de Wailly, possédait un équipage et allait chasser dans les bois des Princes de Croy. Sa fortune ne lui permit pas de garder ce train.


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