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LES SCULPTEURS

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L’histoire de la sculpture romaine pendant le pontificat d’Innocent VIII est tout à faire. A peine si l’on a dégagé la personnalité de trois ou quatre maîtres, tels que Pollajuolo, Luigi Capponi, Andrea Bregno. Et cependant c’est par centaines que se comptent les autels, les retables, les mausolées, les œuvres décoratives de toute nature, presque invariablement en marbre. On en jugera par le catalogue suivant, que j’emprunte à l’ouvrage de Mgr Barbier de Montault et de M. Tosi, Les Chefs-d’œuvre de la Sculpture religieuse à Rome à l’époque de la Renaissance.

1484. Tombeau de Gonzalve de Veteta, à Sainte-Marie in Monserrato. Pl. CXVIII.

1485. Tombeau de Régnault Duchamp, à Saint-Sauveur in Thermis. Pl. CXXXIV.

1485. Tombeau de Marc Antoine Albertoni, à Sainte-Marie du Peuple. Pl. CXXV.

1485. Tombeau d’Alphonse de Paradinas, à Sainte-Marie in Monserrato. Pl. CVII.

1486. Tombeau de Ferdinand de Cordoue, à Sainte-Marie in Monserrato. Pl. CXIX.

1488. Tombeau de Nestor Malvezzi, à Sainte-Marie du Peuple. Pl. CXVII.

1488. Tombeau de Vincent et Marcel Rustico, à Sainte-Marie-sur-Minerve. Pl. LXXII.

1489. Tombeau de Philippe et d’Eustache de Levis, à Sainte-Marie-Majeure. Pl. XCV.

1489. Autel de Sainte-Catherine, à Sainte-Marie du Peuple. Pl. CXXXVIII,

1490. Retable de l’autel de Saint-Étienne et de Saint-Laurent, à Sainte-Agnès-hors-les-murs. Pl. CV.

1490. Autel de l’Annonciation, à Sainte-Marie-sur-Minerve. Pl, XIX, XX.

1492. Tombeau d’Innocent VIII, à Saint-Pierre du Vatican. Pl. CXII.

Parmi les tabernacles, je signalerai celui des Quatre Saints couronnés, sculpté par Luigi Capponi, et orné de l’écusson d’Innocent VIII, accompagné de deux cornes d’abondance. (Pl. XCIX).

L’industrie des della Robbia semble avoir pénétré à Rome vers cette époque. On voit encore au Musée profane du Latran une couronne de fruits en terre cuite coloriée, soutenue par deux anges; cette faïence, autrefois enrichie des armes d’Innocent VIII, provient de l’appartement de ce pape au Vatican .

En tête des sculpteurs fixés à Rome sous le pontificat d’Innocent VIII figure Antonio Pollajuolo. Le travail qui l’occupa, pendant toute cette période, se rapportait toutefois, non au pape régnant, mais à son prédécesseur; ce n’est, en effet, qu’en 1493 que Pollajuolo acheva le mausolée de Sixte IV. Nous retrouverons ce sculpteur éminent en étudiant l’histoire du pontificat d’Alexandre VI.

Un autre sculpteur toscan, Giacomo di Domenico della Pietra de Carrare, collabore, en 1485, au mausolée de l’archevêque de Nicosie, dans l’église Saint-Clément.

Le représentant de l’École indigène, le sculpteur et médailleur Gian Cristoforo Romano (né vers 1465), le fils d’Isaia de Pise et l’élève de Paolo Romano, semble avoir quitté de bonne heure sa ville natale: on le trouve, en effet, en 1491, à Milan. On lui attribue, il est vrai, le buste de Teodorina Cibo, au Musée de Berlin, ouvrage autrefois placé sous le nom d’Andrea Sansovino (voy. p. 22), mais ce n’est là qu’une simple conjecture.

Comme par le passé, les sculpteurs lombards font bonne figure à Rome, à côté des Toscans.

Andrea Bregno (né en 1411 à Osteno, près de Côme) s’est signalé par l’exécution d’un grand nombre d’autels et de mausolées. De passage, en 1485, à Sienne, où il sculpta, pour la cathédrale, le retable des Piccolomini, Andrea revint à Rome, où il mourut en 1506.

Un second maître du nom d’Andrea est l’auteur d’un petit bas-relief de la Madone, dans l’escalier de l’hôpital San Giacomo, au Corso. On signale dans cet ouvrage la parenté du style avec les sculptures florentines.

Le Lombard Luigi di Pietro Capponi de Milan sculpta un grand nombre de tombeaux, de tabernacles, d’autels, dont on trouvera la liste dans un récent mémoire de M. Gnoli. En 1485, cet artiste s’engagea à exécuter, en collaboration avec Giacomo di Domenico de Carrare, le mausolée de l’archevêque de Nicosie pour l’église Saint-Clément. On constatera, dans sa Crucifixion de l’hôpital de la Consolation, dans son bas-relief de Saint-Jean et de Saint-Léon Ier, au baptistère du Latran, dans son autel de l’église Saint-Grégoire, la prédominance des types milanais: les visages un peu larges, les cheveux en tire-bouchons, et je ne sais quelle morbidesse inconnue aux Toscans.

En 1487 un artiste milanais, qui devait, dans la suite, jeter le plus grand éclat sur la cour pontificale, Caradosso, le célèbre sculpteur, orfèvre et joaillier de Ludovic le More, fait une première apparition dans la Ville éternelle. A ce moment, il donne son avis sur une corniole destinée à Laurent le Magnifique. Nous retrouverons ce maître dans le volume consacré à Jules II.

Un des représentants les plus éminents de la sculpture septentrionale, Jean Dalmate, avait peut-être déjà quitté Rome avant l’avènement d’Innocent VIII pour se fixer en Hongrie, à la cour du roi Mathias Corvin.

On fait honneur à Pasquale da Caravaggio de l’autel de Santa Maria della Pace, qui, affirme-t-on, porte sa signature. Nos documents toutefois qualifient cet artiste de «murator» (voy. ci-dessus p. 50).

On a pu croire que le médailleur Pierre de Milan est identique à l’orfèvre du même nom, avec lequel nous ferons connaissance plus loin. Or, d’après une hypothèse récente, le médailleur en question ne serait autre que le fameux Pietro da Milano, l’architecte de l’arc du Castel Nuovo à Naples.

Les autres sculpteurs mentionnés par nos documents semblent avoir tous été d’un ordre inférieur; je ne les énumère que par acquit de conscience.

« Magister Aloysius venetus, architectus arteliarum cameræ », ou «magister Aloysius, faber lombardus, aptator arteliarum arcium» (1490-1491).

« Giacomo bolognese, bombardieri».

Dominicus et Baccius de Florence sculptent des boulets de canons.

« Magister Sanctes Rosetti», de Viterbe, «æris et campanarum fusor», obtient, le 12 octobre 1484, des facilités pour poursuivre ses débiteurs. (Arch. sec. Vatic., Divers., 1484-1486, ff. 30-31).

« Girolamo di M° Pietro Albini da Castiglione, marmoraro», habite en 1491 la région de Saint-Eustache.

Les arts à la cour des papes Innocent VIII, Alexandre VI, Pie III (1484-1503)

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