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Dès l’abord, s’imposait à moi la nécessité de borner mon sujet, pour peu que j’eusse le désir de mener à fin l’entreprise. Il s’agissait en effet, même en ne franchissant pas le milieu du XVIe siècle, de dépouiller au moins cinq cents registres in-folio, dont plusieurs comptent 5 à 600 pages. A ce dépouillement, des plus fastidieux, en raison du mélange continu des dépenses les plus hétérogènes, venait s’ajouter le travail, non moins considérable, de la transcription. Dans de certains registres il fallait copier le quart ou le tiers du volume; pour les inventaires, la copie intégrale était indispensable et plusieurs de ces inventaires ne remplissent pas moins de cent pages d’une écriture compacte!

Dans ces conditions il eût été impossible de reproduire in extenso les documents mis à contribution: ce ne serait pas un volume qu’il eût fallu consacrer aux pontificats d’Innocent VIII, d’Alexandre VI et de Pie III, ce serait pour le moins une demi-douzaine de volumes. Néanmoins, alors même que j’ai été forcé de me borner à un extrait ou à une analyse, je me suis appliqué à reproduire, dans la mesure du possible, les termes mêmes de l’original. Ce système me paraît préférable à celui qu’ont suivi mes regrettés amis Alexandre Pinchart, dans ses Archives des arts, sciences et lettres, et Antonio Bertolotti, dans ses précieuses publications sur les artistes étrangers fixés à Rome: il importe, en effet, que le lecteur soit mis à même de contrôler directement l’interprétation donnée par l’éditeur. Et puis, il est telle mention de détail dont l’importance peut échapper à l’éditeur et qui sera toute une révélation pour un lecteur spécialement préparé.

En face de l’étendue de ma tâche j’ai pris le parti de m’arrêter au pontificat de Paul III, dont la mort (1549) partage le siècle en deux parties égales, en même temps qu’elle sert, au point de vue où je me suis placé, à délimiter deux époques. Elle correspond en effet au moment où disparaissent les derniers disciples de Raphaël et avec eux les grandes et saines traditions, Désormais la dégénérescence est complète et générale; rien ne s’oppose plus au progrès du mauvais goût; la longue agonie de l’art italien commence. Le palais Farnèse, la plus belle création de Paul III, marque la fin de la Renaissance et c’est par des notices relatives à ce splendide monument, que se terminera mon travail.

Avant de procéder à la transcription même des documents, il était nécessaire de séparer ceux d’entre eux qui avaient réellement trait à des artistes de ceux qui ne concernaient que de simples artisans ou manœuvres. La distinction entre les uns et les autres n’est pas facile à établir, lorsqu’il s’agit du XVe et même d’une partie du XVIe siècle. C’est ainsi que, derrière le «magister lignaminis», le «lignarius», le «carpentarius», le « falegname», comme derrière le «murator» ou le « maestro di muro», se cache souvent un architecte célèbre; de même que des sculpteurs de mérite reçoivent souvent le titre et remplissent le rôle de simples « scarpellini» ou «lapicidæ ». De crainte de laisser échapper quelque maître important, j’ai pris le parti de noter tous les passages où est mentionnée une des professions indiquées ci-dessus. Le surcroît de travail que m’a occasionné cette détermination a été largement compensé : rien qu’en rapprochant les noms que me fournissaient les Archives de ceux auxquels Vasari a donné place dans son recueil de biographies, je n’ai pas tardé à découvrir que les «scarpellini» Meo et Giuliano étaient identiques à Meo del Caprino, l’architecte de la cathédrale de Turin, et à Giuliano da San Gallo, l’illustre architecte florentin; bref que bon nombre de ces artisans, en apparence si humbles, comptaient parmi les gloires de la Renaissance.

Pour certaines professions, telles que la ferronnerie, le doute n’était guère possible. Aussi ai-je cru pouvoir négliger tous les «fabri, ferrarii» ou «clavarii», excepté quand le contexte même prouvait qu’ils s’étaient occupés d’une œuvre d’art proprement dite.

Les arts à la cour des papes Innocent VIII, Alexandre VI, Pie III (1484-1503)

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