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GUERRE
AUX ESCROCS,
AUX
FILOUS ET AUX VOLEURS.

Table des matières

CHAPITRE PREMIER.
PRÉPARATIF DU DÉPART.

Table des matières

LE provincial qui se dispose à faire un voyage à Paris, ne dicte plus, comme autrefois, son testament, ne reçoit plus les sacremens avant de se mettre en route. Aujourd’hui, ces précautions sont a peu pr es inutiles; mais il n’en est pas moins nécessaire de faire certains préparatifs qui ne sont ni aussi effrayans, ni aussi solennels, et que je vais indiquer ici.

Comme un homme qui se rend à Paris, ne peut pas calculer à quelle époque seront terminées les affaires qui l’y amènent, ni dire: je serrai de retour tel ou tel jour, il faut qu’avant de partir, il dispose les choses de telle manière, que sa maison ne souffre point d’une absence qui sera nécessairement plus longue qu’il ne le présume. S’il a des paiements a faire, il faut qu’il les assure, à moins qu’il ne vienne à Paris pour y opérer des ventes ou des recouvremens, et qu’il ne soit à même d’envoyer, quand il le faut, des fonds chez lui.

Il est bien, s’il en est a son premier voyage, qu’il s’informe auprès des personnes qui ont habité Paris, des usages qui y sont adoptés, des habitudes locales; il ne se mettra point complètement au courant par quelques renseignemens incomplets, mais aura l’air moins gauche en arrivant, et cela.... a bien son mérite.

Il est bon de se munir de quelques lettres de recommandation. Ce n’est pas qu’a Paris on ait grand égard pour ces sortes de lettres, et qu’on se jette à la tête de ceux qui en sont porteurs. La politesse des Parisiens est franche, moins maniérée que celle de province, mais un peu froide, et cela est presque forcé. Si un habitant de la capitale était obligé de se prodiguer a ses amis, et encore aux amis de ses amis, il ne lui resterait bientôt plus de temps pour ses propres affaires, et sa maison deviendrait un hôtel garni. Sans faire grand fonds dessus, il est bien pourtant de demander des lettres de recommandation, elles auront pour résultat quelques invitations agréables et des renseignemens utiles à celui qui débute sur un théâtre où il ne connaît personne.

En province, quand un habitant fait le voyage de Paris, on a l’habitude de le charger d’une multitude de commissions de toute espèce. Voisins et voisines viennent l’assaillir huit à dix jours à l’avance. L’un le prie de voir tel parent dont il n’a pas de nouvelles depuis vingt ans, et qui demeurait près des Invalides lorsqu’il a écrit pour la dernière fois; un autre, de découvrir un cousin qui était, avant la révolution, dans la bouche du roi, et qui n’a pas, depuis1789, donné le moindre signe de vie; une coquette le charge de passer chez sa marchande de modes et sa couturière, pour voir la nouvelle forme des chapeaux et la coupe des robes; une dévote, de lui apporter les cantiques spirituels du séminaire de Saint-Sulpice; un ancien militaire, de solliciter auprès du ministre la liquidation de sa pension de retraite, etc., etc., c’est à n’en plus finir.

Un homme prudent qui vient à Paris, doit bien se persuader que les courses y sont fort longues, qu’il fera bien des démarches inutiles, qu’il éprouvera bien des lenteurs et des remises, qu’il n’a pas trop de tout son temps pour ses affaires personnelles, et que se charger de celles de toute sa commune est se mettre dans l’impossibilité de rien faire. Si donc il veut utiliser son voyage, le rendre le moins long et le moins coûteux possible, il doit refuser avec politesse les commissions dont ses indiscrets voisins veulent le charger.

Le voyageur qui a des malles pesantes, fera bien de les expédier par le roulage à l’avance et bureau restant, et de ne se charger que d’un sac de nuit contenant les effets dont il aura besoin pendant la route. S’il fait marcher ses malles avec lui, il doit les corder et se les adresser, bien qu’il doive les retirer lui-même; cette dernière précaution est fort utile pour faciliter les recherches et prévenir les erreurs a l’arrivée.

On doit se munir d’un foulard ou d’une casquette pour se couvrir la tête pendant la nuit. Le classique bonnet de coton apprête à rire; s’il est blanc, il donne au voyageur une tournure de malade; s’il est à raies bleues, rouges, blanches, etc., il lui donne l’air d’un charretier.

Le paravoleur

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