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CHAPITRE VI.
LES HOTELS GARNIS.

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Table des matières

LE voyageur arrive à Paris, doit D’abord penser à se loger, c’est la première chose dont le besoin se fait sentir. Il est bien, avant le départ, de s’informer des personnes qui ont déjà visité la capitale, de l’hôtel qu’elles ont habité, et des sujets de satisfaction qu’elles peuvent en avoir eu; de cette manière, on sait où descendre, et l’on est à peu près certain d’être convenablement. Si on a négligé cette précaution, il est indifférent, ou de profiter de l’invitation que font des hommes apostés dans la cour des messageries, une adresse à la main, ou d’aller frapper au hasard à la première porte. C’est une chance à courir, mais elle n’est pas périlleuse, parce que si l’on n’est pas bien, on peut promptement se transporter ailleurs. Au surplus, les provinciaux et les étrangers peuvent être certains de trouver beaucoup d’égards et de prévenances dans les maîtres d’hôtels garnis; ils sont dans un pays où le besoin de l’argent donne à tout le monde une excessive politesse.

Comme les courses sont fort longues à Paris, le quartier que l’on doit habiter n’est pas indifférent. Il faut, autant qu’on le peut, se placer au centre des personnes que l’on doit visiter le plus souvent, ou du moins au milieu du plus grand nombre. Ainsi, un libraire fera bien de se loger dans les environs de la rue Saint-André-des-Arts; un marchand de vin, dans le voisinage de l’entrepôt; un banquier, dans la Chaussée-d’Antin; un armateur, dans le quartier de la Bourse, parce que de deux heures à quatre, il est certain de trouver réunie dans le même local, la plus grande partie des personnes à qui il a à parler; enfin, un commissionnaire fera bien de préférer la rue Bourg-l’Abbé, parce qu’il sera à peu près au centre des fabricans.

Je ne puis pas dire à un voyageur que prix il doit mettre à son logement, parce que cela dépend du rang qu’il tient, et de la fortune dont il jouit. Il trouvera des appartemens depuis30francs par mois, jusqu’à 12, 500francs et même plus, c’est à lui à compter avec sa bourse.

Le jour de son entrée, il doit déposer son passeport entre les mains du maître de l’hôtel; puis, inscrire son nom sur un registre visé de temps à autre par le commissaire de police du quartier qu’il habite. Cette obligation ne doit pas l’effaroucher; elle a pour but la tranquillité et la sûreté publique, si faciles à troubler dans une grande ville; il n’aura jamais de rapports directs avec la police, et autant qu’elle le pourra, elle veillera sur lui, sans qu’il la sente et l’aperçoive.

Le voyageur qui habitera un quartier populeux et bruyant, fera bien de choisir un appartement sur le derrière, parce que le roulement des voitures qui ne cesse, pour ainsi dire, ni nuit ni jour, est fort incommode pour un homme habitué au silence des petites villes. Comme il aura besoin de dormir après une journée employée en courses fatigantes, il doit s’arranger de manière à le faire tranquillement.

Il est de la prudence de s’informer de l’âge et des habitudes des locataires que l’on a pour voisins, surtout si l’on n’est séparé d’eux que par une mince cloison; cela pour plusieurs causes: d’abord, parce que si ce sont des gens bruyans, passant une partie des nuits, il est fort désagréable de ne pouvoir dormir que quand ils veulent bien vous le permettre; ensuite, parce que vous n’êtes plus chez vous maître de prendre le ton de voix qu’il vous plaît et qu’en parlant à un ami, à un avocat, vous courez le risque de confier le secret de vos affaires a des gens que vous ne connaissez pas, et que vous n’auriez pas choisis pour vos confidens.

Si vous avez quelqu’objet de prix, et d’un volume facile à soustraire aux yeux, vous ferez bien de le confier à la garde du maître de l’hôtel. Vous ferez bien également de ne point avoir à la fois de fortes sommes en argent; qu’il ne se trouve jamais dans votre secrétaire plus que le montant présumé de votre dépense de la semaine; versez le surplus chez votre banquier, ou, si vous n’en avez pas, confiez-le au maître de la maison.

Un voyageur qui ne veut pas compromettre sa santé, doit veiller à ce qu’on le serve en linge blanc, et vérifier lui-même les draps que l’on met pour la première fois dans son lit: ce n’est pas que les hôtels garnis ne soient tenus très-proprement à Paris, mais les domestiques ont quelquefois des distractions.

Dans chaque hôtel, les domestiques se chargent du soin de nettoyer les habits et de décrotter les bottes des locataires, et on paie leurs services à part. Quand on a un domestique à soi, on l’emploie à ce travail, comme aussi à faire des courses, dont se chargent également des commissionnaires attachés à chaque hôtel, et bien connus des maîtres qui en répondent au moins moralement.

Le voyageur auquel il arrive souvent des lettres fait bien d’en payer le port au fur et à mesure de leur arrivée. S’il dit qu’on les inscrive sur son mémoire, le portier qui les reçoit ordinairement, et qui n’en tient pas un compte bien exact, quand il se fera rembourser par le maître de l’hôtel, dans la crainte d’en oublier une, ne se fera pas toujours scrupule d’en déclarer deux ou trois de plus. Ceci n’est qu’une affaire de petite importance, mais dans un pays où l’argent se dépense si vite, il faut veiller à tout.

Quand on se trouve à Paris pendant l’hiver, et qu’on y doit passer plusieurs mois, il est bon de s’approvisionner de bois dans un chantier, si on a un appartement convenable pour cela, parce que le bois que fournissent les maîtres d’hôtel revient à un prix excessif. Il en est de même pour le vin, si on déjeune chez soi.

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