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ANNETTE LAÏS
IV.
CONSEILS ET RECOMMANDATIONS

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Après le potage, l'oncle Bélébon reprit d'un ton de professeur:

«Il y a à Paris, sur le pont Neuf, diverses curiosités, attirant les badauds, autour de la statue de Henri IV. Tu ne sais pas grand'chose, chevalier, mais tu dois connaître l'histoire de la poule au pot. Elle est célèbre. Je t'engage à ne jamais passer sur le pont Neuf, qui est le rendez-vous des filous de toute sorte. Ils vous escamotent votre bourse en un clin d'œil, et vont jusqu'à couper les pans des redingotes, n'est-pas, marquis?

– Autrefois, murmura mon beau-frère.

– Mon neveu Tréfontaines, les gazettes en savent encore plus long que vous!

– La chose certaine, glissa Julie, qui vengeait toujours son mari, c'est qu'Henri IV est sur le pont Neuf.

– L'eau de la Seine donne des coliques, dit ma tante Kerfily-Nougat; il y a du plâtre dans le sucre et des cervelles de mouton dans le lait.

– C'était au mois d'août, commença Bel-Œil, par une de ces tièdes soirées qui… enfin il faisait très chaud. Un jeune homme à la physionomie intéressante se promenait sur le boulevard. Il était solitaire au milieu de la foule et perdu dans la poésie de ses rêves…»

Charlot poussa un long hurlement.

«Tu vas en avoir, mon trésor, tu vas en avoir! s'écria ma mère. Cet enfant n'est pas bien; on l'aura contrarié!

– Qu'est-ce qu'il veut? demanda mon père.

– Cha'ot sait pas, répondit mon neveu avec une colère sauvage.

– Tu vas l'avoir, mignon, tu vas l'avoir.

– Cha'ot veut pas l'avoir.

– Voyez s'il est raisonnable!

– Cha'ot veut…

– Tu l'auras.

– Cha'ot veut pas…

– Quel ange!

– Le jeune homme, poursuivit Bel-Œil, avait de longs cheveux incultes…

– Ils font le vin avec du bois de campêche! interrompit Nougat.

– Ah! ah! s'écria l'oncle Bélébon, personne ne nous en remontrera sur Paris. On n'a pas besoin d'aller à Paris pour le percer à jour! Achètes-tu une paire de bottes chez un cordonnier? Tu sors, chaussé comme un prince, mais, au bout de la rue, le talon te quitte, la semelle part, les tiges fondent et tu marches pieds nus dans six pouces de crotte, allez! C'était collé.

– Singulier pays! dit l'abbé Raffroy, bien que toutes ces anecdotes soient un peu exagérées.

– Saperbleure! dit mon père, je ne sais pas ce que sera le dîner, mais je déjeune avec plaisir.

– Il faudra prendre bien garde, mon pauvre René, chanta la voix moqueuse de ma sœur la marquise. Ne traverse jamais la rivière, ne mange pas de sucre, ne bois ni eau ni vin, ni lait, et fais venir tes escarpins de Landevan.

– Cha'ot veut pas! intercala mon neveu.

– Eh! eh! dit ce méchant drôle de Vincent à la tante Renotte: les escarpins de Landevan! C'est drôle! On vous arrange, vous, ici!»

La tante Renotte n'avait pas encore ouvert la bouche. Elle étendait son beurre sur son pain d'un air qui menaçait tempête.

«Le col de sa chemise, poursuivit Bel-Œil, acharnée à son histoire traduite de l'allemand, se rabattait négligemment sur sa cravate, dont le nœud révélait un grand dédain des petites choses…

– Et les bas de soie aussi collés! clama l'oncle Bélébon, et les chapeaux neufs dont le bord s'envole au vent!..

– Vole-au-Vent! applaudit Nougat. Bon, celui-là! Sers-nous du vole-au-vent, monsieur Kervigné!»

La table entière répéta: Vole-au-vent! vole-au-vent! et mon père, soulevant le couvercle en pâtisserie de celui qui fumait devant lui, l'offrit à l'oncle Bélébon en disant:

«Saperbleure! tu ne nous avais pas avertis! En voilà une sévère!

– Il est joli, approuva l'abbé Raffroy. Vole-au-Vent!

– Vole-au-Vent! dit mon beau-frère. Il est charmant!

– Ce jeune homme, continua Bel-Œil, enflant avec désespoir sa voix sourde, venait des libres champs de la Germanie et s'appelait Ethelred.

– Il m'en échappe comme cela, reprit l'oncle Bélébon qui triomphait avec modestie. Que voulez-vous? On n'est pas Parisien, mais on ne vient pas non plus de Landevan!

– Attrape!» gronda Vincent à l'oreille de la tante Renotte.

La tante Renotte ne dit mot.

«Est-ce vrai, mon neveu, demanda Nougat au marquis, qu'on sert les chats à Paris pour des lapins de garenne?

– Tout le monde le dit, chère tante.

– En avez-vous mangé?

– Je le crains.»

Il souriait, le malheureux don Juan. C'est celui-là qui payait cher les orages de sa jeunesse!

Bel-Œil le tira par la manche et lui dit en louchant de la façon la plus extravagante:

«Il y a dans ces noms allemands quelque chose qui fait vibrer l'âme, n'est-ce pas, mon neveu de Tréfontaines?

– Assurément, chère tante.

– Ah! que vous comprenez bien ces choses-là! Ethelred avait vingt ans. Victime d'une sensibilité exaltée, il passait dans la vie comme un pauvre exilé…

– Je croyais que c'était sur le boulevard qu'il passait, dit Nougat.

– Ouvre l'oreille, René! ordonna l'oncle Bélébon. Tu te promènes au Palais-Royal. Un mirliflor se jette dans tes bras et te presse sur son cœur en criant: Ce bon Kergaradec! ou ce bon Kerenflech! ou ce bon Penfunteniou! Tu lui dis: Connais pas. Il s'excuse, c'est une méprise; pas d'affront! Il file… cherche ta montre!

– Oui, dit Vincent, cherche ta montre!

– Hein! marquis? fit l'oncle Bélébon.

– Ah! dame, répondit mon beau-frère avec candeur, la montre fait comme les bords du chapeau.

– Elle vole au vent.

– On la vole au vent…

– Pire!.. pire que le chapeau!

– Vole-au-vampire!»

Ce fut une vaste acclamation. Mon départ était oublié. Vincent put se verser trois verres pleins de suite sans être vu. Nougat devenait folle de joie. Charlot, effrayé du brouhaha, se mit à pousser des cris de paon.

«Qu'y a-t-il donc? demanda ma mère.

– Vole-au-vampire! lui répondit-on. Ah! vole-au-vampire?

– L'oncle Bélébon est en veine!

– Il faudra empailler celui-là?

– M'écoutez-vous, monsieur de Tréfontaines? s'informa Bel-Œil.

– Certes, ma tante, répondit mon malheureux beau-frère.

– Ethelred avait aimé. Si jeune il connaissait déjà le désespoir. Son rêve remontait les pentes du passé au lieu de s'égarer dans les sentiers de l'avenir. Il se disait en lui-même: sensibilité du cœur! funeste présent! Dieux jaloux! pourquoi ne donnâtes-vous pas à mon âme la dureté du diamant et la froideur du marbre? Emeriska de Ludolphi! ta perfide image restera-t-elle éternellement gravée dans ma mémoire?

– René, mon petit, me cria l'oncle Bélébon, tu pourras répéter celui-là aux Kervigné de Paris. Je t'y autorise: il en vaut la peine. Mais nous ne sommes pas ici pour faire des calembours; on t'apprend ton Paris, tant mieux pour toi si tu profites. Les étourneaux comme toi ont l'habitude de laisser leur clef sur leur porte…

– Saperbleure! chevalier, dit mon père, voilà une chose importante: attention!

– C'est le matin. Tu dors ou tu ne dors pas. Un monsieur entre sans frapper, si tu ne dors pas, il te salue poliment, disant: «Est-ce que je ne suis pas chez M. Kerguifinec! Bien des pardons!» Si tu dors, il te dévalise de fond en comble…

– C'est la forêt de Bondy que ce Paris! dit l'abbé Raffroy.

– Mon histoire le prouve bien, riposta Bel-Œil avec une certaine aigreur, mais vous aimez mieux écouter des coq-à-l'âne. Ethelred allait plongé dans sa rêverie, et ce nom charmant, Emeriska de Ludolphi, tombait de ses lèvres… Tout à coup, il est accosté par une femme voilée, dont la taille et le port lui rappellent vaguement celle qui fut l'étoile polaire de sa jeune âme. Il s'arrête éperdu; il chancelle, il se refuse à en croire ses yeux. Qui êtes-vous? a-t-il encore la force de balbutier. Je suis, répond l'étrangère d'une voix douce et vague comme le son d'une harpe éolienne, je suis Emeriska de Ludolphi!»

On l'écoutait, cette fois. Il y a toujours un petit coin curieux dans les élucubrations allemandes. Mais ma tante Bel-Œil était comme ces poètes favoris qui n'écrivent pas pour divertir leurs lecteurs. Dès qu'elle vit qu'on l'écoutait elle se mit à loucher avec un terrible emportement, et, tirant de son gosier enrhumé des notes absolument insensées, elle s'écria:

«Maladie des âmes! bonheur et tristesse! amour, puisqu'il faut t'appeler par ton nom, à quoi n'exposes-tu pas les cœurs sensibles! Si le souverain juge qui tient les assises de l'univers permet à l'esprit du mal…

– Vol-au-vent-coulis! bravo! bravo! cria méchamment Nougat, à qui Bélébon parlait tout bas. Note aussi celui-là, chevalier, pour le dire aux Kervigné de Paris.

– Vol-au-vent-coulis? répéta mon père. Comprends pas.

– Tu vas saisir, répliqua l'oncle Bélébon. Un homme qui s'introduit chez toi le matin, par une porte entr'ouverte, ça fait un courant d'air. Je ne prétends pas qu'il vaille le vol-au-vampire, mais il n'est pas mal.»

Mon père eut un demi-sourire.

«Tu le fais revenir, dit-il, ton vol-au-vent…

– Tard!» interrompit l'oncle en clignant de l'œil à la ronde.

Avez-vous vu l'incendie éteint, soudain se rallumer? Il en fut ainsi pour le succès de mon oncle Bélébon, qui avait tout l'esprit de la famille. Nougat cria la première en un spasme admiratif:

«Il y est! Vol-au-vantard!»

Et toute la table, depuis l'infime Vincent jusqu'à l'abbé Raffroy, répéta en chœur:

«Vol-au-vantard!»

Que si quelqu'un demande quel sel latent, quelle malice cachée contenaient ces joyeusetés morbihanaises, je lui répondrai que je sais à Paris, centre et cœur des civilisations, des familles honorables où l'on se livre à des récréations du même genre. Tout le monde connaît la gaieté du régiment, ce pacte par lequel quinze cents braves s'engagent sous la foi des serments à rire de tel ou tel radotage. Pourvu qu'on rie en somme, il importe peu. Tant pis pour ceux qui ne rient pas: ma tante Renotte, par exemple, dont j'entendais la mauvaise humeur grommeler ses aparté à mon oreille, et ma tante Bel-Œil qui s'acharnait à son histoire sentimentale.

Mais comme ma bonne mère s'amusait avec Mimi et Charlot, et qu'elle était loin devant nous dans le sentier du plaisir!

«Sais-tu ce que c'est qu'un fiacre? me demanda brusquement l'oncle Bélébon, que son triomphe enflait. Tu es paresseux de ton corps, tu prendras des fiacres pour un oui ou pour un non, ou bien des omnibus. En omnibus, tu es auprès d'une belle dame; elle met la main à sa poche pour prendre un mouchoir; elle se trompe de poche et c'est ta bourse qu'elle ramène. Tu as une tabatière d'or, je suppose; tu l'ouvres; la belle dame te dit: «Permettez-vous, monsieur? – Trop heureux, madame.» En prenant sa prise, elle insère adroitement un cheveu dans la boîte; que tu refermes. C'est comme une truite piquée par l'hameçon. Elle tire sa ligne tout doucement, tout doucement, ta boîte vient… Ah! ce Paris!

– Ah! ce Paris! répéta le chœur.

– Seulement, dit l'abbé Raffroy, René ne prend pas de tabac.

– Détail! Il faut qu'il sache tout. J'arrive aux fiacres. Cocher! à l'hôtel du président de Kervigné, telle rue, tel numéro. C'est bien ça, hein, marquis?

– Rue du Regard, 5, répliqua mon beau-frère placidement.

– Notre nigaud ne connaît pas Paris. Le cocher le promène par des rues du diable, et le conduit dans un coupe-gorge où il est assassiné parfaitement. Est-ce vrai?

– J'ai pris beaucoup de fiacres, en ma vie, répondit mon beau-frère.

– Et vous n'avez jamais été assassiné? On ne l'est qu'une fois.

– Et Dieu sait, ajouta Bel-Œil, qui approuvait rarement l'oncle Bélébon, qu'un malheur est vite arrivé. Voyez Ethelred! Quand l'inconnue lui eut dit: Je suis Emeriska de Ludolphi, un trouble étrange s'empara de ses sens. Il contempla cette femme voilée comme on regarde des fantômes. Suivez-moi, Ethelred, comte de Bergenstein, lui dit-elle. Et le jeune homme, entraîné par une force qui dominait sa raison et sa volonté, la suivit. Les douze coups de minuit sonnaient lentement à l'horloge d'une église voisine, dont les vieilles tours étaient habitées par l'orfraie et le hibou. L'inconnue ouvrit la porte d'une maison de sombre apparence et la referma sur Ethelred qui lui demandait avec des larmes dans la voix:

«Emeriska, est-ce bien vous que le ciel rend à mes vœux?..»

Pour la seconde fois, ma tante Bel-Œil captivait une sorte d'attention, lorsque l'oncle Bélébon, qui avait vidé son sac au sujet des inconvénients de Paris, proposa de chanter une chanson. Il prenait déjà son couteau pour s'accompagner sur son verre.

«Hé! là-bas! cria tout à coup ma tante Renotte qui amassait toujours des trésors de colère avant d'éclater, ce n'est pas des sornettes qu'il faut, encore moins des vieilleries de chansons pour établir ce garçon-là à Paris. A-t-on juré de ne parler raison! Vivra-t-il avec les calembours du vieux? Tiens, chevalier, ajouta-t-elle en mettant un rouleau de louis sur mon assiette avec un peu trop d'ostentation, je ne fais pas de calembours, moi; et voilà qui vient de Landevan!»

Ma sœur la marquise regarda le rouleau d'un air triste. Elle en avait tant besoin pour sa jeune famille! Le petit zieu de Bel-Œil caracola, et Nougat caressa Gérard sur sa tabatière.

«Voilà qui est parlé!» dit le bon abbé Raffroy.

Mon beau-frère aussi me fit un signe de tête amical. Ce don Juan dégommé avait un excellent cœur et sa décadence le rendait compatissant.

«Renotte, prononça dignement mon père, tu fais tes cadeaux comme on fait l'aumône, ma bonne femme. Nous avons des charges, et chacun ici le sait bien, mais, à Paris comme à Vannes, le chevalier de Kervigné aura de quoi soutenir son nom, saperbleure!

– Charlot demande si le poulet est du poisson! s'écria ma mère extasiée. Ah! quel enfant!»

L'oncle Bélébon grommelait:

«Je ne suis pas fortuné, mais en dévoilant à mon neveu les mystères de la capitale, j'ai fait pour lui plus peut-être que si je lui avais prodigué de l'or!»

Mon père tira de son portefeuille une lettre qui passa de main en main jusqu'à moi. C'était un ordre signé Kersosinec, Kerbonel et Cie, de Vannes, qui me constituait un crédit de trois cents francs par mois chez Mallet frères, à Paris. M. Raffroy cria bravo! Nougat fit la grimace, ma sœur la marquise changea de couleur, l'oncle Bélébon haussa les épaules, et Vincent dit franchement:

«Foi de Dieu! pour cent écus on en aurait quatre comme lui au marché!

– Ce n'est pas trop,» déclara le marquis.

La tante Renotte se leva pour aller embrasser mon père. Moi j'avais le cœur gros et je me demandais ce que je pourrais faire jamais de tant d'argent.

C'était un événement. Il y eut un silence autour de la table; car je ne trouvais pas les mots qu'il fallait pour remercier mon père. Au milieu de ce silence, la voix profonde de ma tante Kerfily Bel-Œil gronda:

«Ne jugez pas Ethelred avec sévérité, dit-elle. Son enfance et sa jeunesse s'étaient écoulées dans les vertes forêts de la Thuringe. La nature seule avait présidé à son éducation. Il ignorait la corruption des villes et ne soupçonnait même pas les infâmes mystères de nos sociétés modernes. Ah! plaignez-le plutôt. Plaignez cette âme tendre et vertueuse dont la candeur…

– Charlot s'embête!» déclara mon neveu, qui n'avait point oublié son succès de la veille.

Les toasts furent courts et tous en mon honneur. On se leva de table plus tôt qu'à l'ordinaire, et, malgré tous les efforts de l'oncle Bélébon, l'après-dîner se passa tristement. Chacun vint tour à tour me faire des recommandations. Ma sœur me dit:

«Maintenant que te voilà si riche, ne va pas faire de folies pour tes neveux! Ils n'ont besoin de rien. Ecris-nous un peu les toilettes de la présidente, et fais-toi un sort.

– J'espère que nous n'abandonnerons pas nos devoirs religieux, glissa l'abbé Raffroy à mon oreille en me donnant un baiser paternel. Va voir de ma part le père Kernuault aux Lazaristes. Il t'aimera pour toi, et il est de bon conseil.»

L'oncle Bélébon me prit à part pour me dire très haut:

«N'invente pas la poudre sans nous en prévenir.»

Mais cela ne fit rire que ce rustre de Vincent.

Nougat me mit dans la main ostensiblement un rouleau de grosses pièces de cent sous.

«Sois sobre, me dit-elle. Et si tu entends parler de bonnes liqueurs pour la digestion, fais-moi payer un port de lettre.»

La diligence partait le lendemain à quatre heures, et j'avais un mal de tête à faire pitié. J'annonçai l'intention de me retirer: les adieux et les embrassades commencèrent. En moi, le souvenir de cet instant est à la fois très profond et très vague. Je vois une larme dans les yeux de ma mère, qui, certes, m'aurait fait plus de caresses si Charlot avait voulu le permettre. Bel-Œil me tint longtemps pressé contre sa poitrine pour me dire:

«Tu as un cœur sensible, que l'exemple d'Ethelred te profite. Il était de ton âge. L'inconnue, loin d'être Emeriska de Ludolphi, appartenait à la classe de ces malheureuses dont on ne peut prononcer le nom sans rougir. Il y avait là des assassins qui poignardèrent le malheureux Ethelred, dont le dernier soupir s'exhala avec le nom de sa bien-aimée.»

Ma tante Bel-Œil fondait en larmes, mais c'était pour Ethelred.

«Tu es meilleure que je ne croyais, lui dit Renotte en me prenant par le bras. Toi, marche droit, et tu iras loin!»

Le dernier mot fut de mon père:

«Souviens-toi, chevalier, qu'il n'y a jamais eu de mésalliance dans la maison de Kervigné.»

Ce fut tout. J'aurais tort d'oublier, cependant, que cet odieux Vincent me fit des cornes au moment où je me retirais.

Annette Laïs

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