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MADAME DE CHATEAUROUX.

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LA duchesse de Châteauroux étoit de la maison de Mailly, dont il semble que le sang ait eu des attraits pour Louis xv qui eut trois maîtresses de ce nom. Madame de Châteauroux étoit belle et de la plus intéressante figure. Elle avoit de l’élévation dans l’âme, et supérieure à tout vil intérêt son ambition étoit du genre le plus noble. Aimant passionnément la personne du roi, elle s’occupoit constamment de sa gloire. Comme une autre Agnès Sorel, elle lui inspira le désir de se mettre à la tête de ses troupes. Elle faisoit tous ses efforts auprès de lui pour l’engager à prendre connoissance des affaires de son royaume, pour le déterminer à secouer le joug de ses ministres et à avoir des volontés. Les dévots, profitant d’une maladie du roi à Metz, s’emparèrent de sa personne, et forcèrent ce prince religieux et timoré à renvoyer ignominieusement une femme qu’il adoroit. Abandonnée de tous ses amis de cour, poursuivie par le peuple toujours prêt à s’armer contre les maîtresses et les favoris, elle eut beaucoup de peine à se soustraire à ses fureurs. Arrivée à Paris, alarmée de l’état du roi qu’on croyoit toucher à sa dernière heure, désespérée des outrages qu’elle avoit éprouvés, elle attendit quelque temps dans un trouble inexprimable, les nouvelles que les courriers apportoient. Enfin, une crise salutaire rappela le roi à la vie, et peu de temps après il vint à Paris jouir de la tendresse et de la joie dont son peuple étoit enivré. Lorsque les terreurs religieuses eurent fait place à l’amour dans l’âme de Louis xv, il envoya le comte de Maurepas son ministre, ennemi déclaré de madame de Châteauroux, lui témoigner ses regrets du passé et l’engager à revenir faire son bonheur et l’ornement de sa cour. Mais, au moment d’une si heureuse révolution, la duchesse de Châteauroux fut enlevée à son amant par une mort soudaine. Ce fut peut–être un malheur pour la France que cet événement, et la perte d’une femme dont toute l’ambition étoit de donner du ressort au roi, de le garantir des piéges de l’intrigue, enfin, de lui inspirer les plus nobles sentiments.

Portraits et caractères de personnages distingués de la fin du XVIIIe siècle

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