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III

Table des matières

PREMIERS SUCCÈS.

Tout en continuant à fréquenter l’atelier de M. François, Navez commence, dès l’année 1810, à travailler pour lui-même. Il est compté pour quelque chose, il entre dans la grande confraternité des artistes. Ayant remporté le premier prix dans la classe supérieure de l’académie, il ne pouvait plus prendre part aux concours de cette institution; mais il continua d’aller dessiner le soir, d’après nature, dans un autre local.

En 1810, s’établissait, à Bruxelles, une société d’artistes et d’amateurs, dont le prospectus, que Navez nous a conservé en original, s’exprimait en ces termes; je copie textuellement:

De tous les arts d’imitation, la peinture et la sculpture sont ceux qui ont le plus besoin d’une continuation d’études non interrompues, et d’être constamment nourris par les beautés que présente la nature. L’artiste fait et vérifie ses ouvrages, le disciple apprend à les placer dans les siens, et l’amateur à distinguer les uns des autres. Pour parvenir à ce but, on propose une association d’artistes et d’amateurs qui se réuniront dans un local convenable, à l’effet d’y dessiner et peindre pendant l’été, d’après nature.

Chaque associé, ainsi que les membres honoraires qui voudront bien concourir aux progrès des arts par leurs moyens pécuniaires, s’engageront à une contribution mensuelle, à fixer à la première réunion des signataires, et qui n’excédera pas un quart d’écu par mois.

Le règlement sera rédigé et approuvé unanimement.

Sont de cette société : MM. A.-C. Lens, N. Spaak, C.-P. Verhulst, F. Faber, G. Demarck, A.-L. Dargent, J.-G. Thirion, L. Desprets, Jos François, A. Flament, A. Cardon, C.-F. Coene, A. Brice, J. Woordecker, G.-L. Godecharle, A. Plateau, C.-F.-J. Stevens, L. Huygens, Jean de Landtsheer, J. Puttemans, P. Levae, J. Larroze, Alex. Boëns, P Le Roy, G.-H. Bosschaert, D. Pletinckx, A. De Hemptinne, M.-J. Jacops, J. Haseleer, A.-F. Heyvaert, J.-F. Thys, Lepez, M.-J. Mahy, De Burtin et F.-J. Navez. (Signatures autographes.)

La pièce originale se trouve dans les papiers délaissés par Navez. On lit, au dos, une note au crayon de la main de l’artiste.

Société d’artistes: papier intéressant à conserver, 1810. Navez a été nommé secrétaire. La réunion a eu lieu au Grand Café, rue des Éperonniers.

Le compte des recettes et dépenses de l’association, pour l’année 1810, est joint à ce document. On y voit que la société a fonctionné pendant les mois d’été (avril, mai, juin, juillet et août), c’est-à-dire pendant le temps que les classes de l’académie étaient fermées.

Malgré la domination étrangère, on le voit, l’ancien esprit d’association n’avait point disparu des provinces belgiques. Des amateurs avaient aussi formé à Anvers, à Bruxelles et à Gand, des sociétés pour encourager les beaux-arts et suppléer à l’action gouvernementale dont l’impulsion ne parvenait que difficilement à se faire sentir jusqu’au fond des départements.

M. le duc d’Ursel était le président de la société des Beaux-arts de Bruxelles, dont les ressources se composaient presque exclusivement des cotisations volontaires des membres. D’après le livre des souscriptions que Navez a pu compulser et dont il a eu soin d’extraire quelques notes, le revenu de l’institution s’élève, à la date de 1815, à un peu plus de quatre mille francs. La souscription ordinaire était de 20 francs par an. Le président avait souscrit pour 200, quelques-uns pour 100, d’autres pour 40 francs. Le secrétaire de la société était M. Picard . La première exposition organisée par ses soins eut lieu en 1811. Elle avait été précédée d’un concours, comme cela se pratiqua encore pendant longtemps.

Notre jeune peintre y remporta le premier prix de composition, pour un dessin représentant Junius Brutus jurant, sur le corps de Lucrèce, de chasser les Tarquins de Rome. Ce dessin doit encore être au musée, à ce que dit une note de la main de l’auteur. Un diplôme en parchemin constate ce succès. A ce même concours, il obtenait le quatrième prix de peinture d’histoire: le sujet était Agar chassée par Abraham. Navez a donné ce tableau à M. Messemaekers, à Bruxelles.

L’année suivante, eurent lieu le concours et l’exposition organisés par la société de Gand. Notre jeune peintre y remporta le premier prix de peinture. Le sujet était Virgile lisant le VIe livre de l’Enéide à Auguste, en présence d’Octavie, mère de Marcellus, et de Julie, veuve du jeune prince romain.

Ce fut l’occasion d’une manifestation dont le journal du département rend compte en ces termes:

Nous avons dit, dans le temps, que M. Navez, de Charleroi, élève de M. François, de Bruxelles, avait remporté le grand prix de peinture à la dernière exposition de la ville de Gand. Nous apprenons aujourd’hui que ce jeune artiste, s’étant rendu dernièrement à Charleroi, a été reçu par ses compatriotes avec le plus vif enthousiasme. Une partie des habitants de cette ville, informée de son arrivée, s’est portée à la rencontre du lauréat pour le féliciter de son triomphe. Des fêtes vraiment patriotiques ont eu lieu à cette occasion; enfin, les citoyens de Charleroi ont montré combien ils sont amis des beaux-arts, qui font la gloire des empires qui les cultivent et les encouragent. (L’Oracle, 3 novembre 1812.)

Ces succès remportés coup sur coup devaient fixer l’attention sur un jeune homme qui débutait aussi brillamment. La société des Beaux-arts le prit sous son patronage et décida qu’elle lui faciliterait les moyens d’aller se perfectionner à Paris, le centre de l’empire, le foyer de toutes les lumières dont la province ne pouvait recevoir que des rayons palis. Par résolution du 23 avril 1813, ladite société nomma Navez son pensionnaire à Paris pour y continuer ses études.

On lit à la date du 1er mai, dans l’Oracle, journal du département de la Dyle, l’entrefilet suivant:

La société des Beaux-arts de Bruxelles, voulant, dès sa naissance, encourager les talents par tous les moyens qui sont en son pouvoir, vient d’accorder à M. Navez, élève de l’académie de dessin de cette ville, et quia remporté le premier prix de peinture d’histoire à la dernière exposition à Gand, une pension qui le met à même d’aller étudier à Paris les secrets de son art. C’est au milieu de tous les chefs-d’œuvre qui enrichissent la capitale de l’empire, et sous les yeux des habiles maîtres qui cultivent les arts avec de si brillants succès, que les jeunes artistes vont désormais se perfectionner.

Une note, accompagnant la liste générale des ouvrages du peintre, nous apprend que, du 1er juillet 1806 au 17 juin 1813, époque à laquelle il quitta Binche, où il s’était arrêté pour y peindre des portraits en partant pour Paris, son travail lui avait rapporté 3,044 francs. Le patrimoine de la famille avait dû être partagé : Navez était à l’abri du besoin, mais non assez riche pour se passer des ressources que lui procurait son art. Il était obligé de mettre beaucoup d’ordre dans ses affaires, et l’on a déjà pu voir qu’il ne laissait rien à désirer sous ce rapport.

François-Joseph Navez : sa vie, ses oeuvres et sa correspondance

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