Читать книгу La prison du Luxembourg sous le règne de Louis-Philippe: Impressions et souvenirs - Louis-Jean-Joseph Grivel - Страница 6
II
ОглавлениеChaque fois qu’un de ces actes parricides est venu épouvanter notre pays, ce n’est pas sans un profond sentiment d’étonnement et d’indignation qu’on s’est demandé comment un forfait aussi exécrable pouvait si souvent se reproduire au milieu de nous: Car tantum nefas in nobis repertum est? C’est que le régicide, outre ce qu’il renferme en lui-même d’énormité, est, de tous les crimes, celui qui semble répugner le plus aux nobles sentiments et aux habitudes chevaleresques d’un peuple qui tient le sceptre de la civilisation; et que la douceur, la politesse de ses mœurs, la loyauté de son caractère et la délicatesse de ses sentiments rendent justement célèbre. Sans doute, notre nation, brave, généreuse, ne saurait être tout entière responsable et solidaire de la lâche fureur d’un déplorable fanatisme. Il faut cependant l’avouer, le renouvellement de ces forfaits, autrefois presque inouïs, qui jette de si effrayantes clartés sur l’état moral de la société, est devenu malheureusement trop fréquent pour que l’honneur national n’en ait pas reçu quelque atteinte.
Il serait à souhaiter que le nom et le souvenir de pareils crimes fussent à jamais effacés; mais, hélas! malgré nous, ils doivent faire partie de notre histoire. Ne devons-nous pas craindre que le récit eu soit présenté d’une manière fausse, dangereuse, et à l’appui de ces théories funestes que des esprits frénétiques ne cessent de répandre dans certaines classes de la société, afin que sur ce sol brûlant de haine et de colère, et tout soulevé de perverses excitations, il germe et sorte de nouveaux crimes?