Читать книгу Géographie médicale - Émile Laurent - Страница 19

I. — Malaria.

Оглавление

Table des matières

La malaria existe plus ou moins dans les cinq parties du monde, mais visite plus particulièrement les régions centrales de notre globe.

En Europe, certaines régions jouissent d’une immunité presque absolue, comme l’Islande, les îles Færoër, la Norvège, les îles Britanniques, le nord de la Suède, de la Finlande et de la Russie. D’autres pays, comme le Danemark, la Belgique, les régions centrales de l’Allemagne, de la Suisse et de la France ne sont que fort peu frappées par l’endémie palustre. Elle tient, au contraire, une place importante dans la pathologie de la Hollande, des côtes occidentales et méridionales de la France, de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie, de la Corse, de la Sardaigne, de la Sicile et de Malte. Les régions orientales de l’Europe sont également très atteintes: Pologne, Russie méridionale, Hongrie, Turquie d’Europe, Roumanie, Grèce et îles de l’Archipel.

En Amérique, la malaria n’apparaît qu’aux environs du 50me degré de latitude nord et cesse complètement au delà du 20me degré de latitude sud. En réalité, elle ne commence à faire sentir son influence que dans le voisinage des grands lacs, augmentant d’intensité en s’avançant vers le sud, suivant le cours du Mississipi et les côtes du golfe mexicain.

Dans les hautes régions des montagnes Rocheuses, sur les bords de l’océan Pacifique, dans la Colombie anglaise, dans les Etats de l’Orégon et de la Californie, sur le haut plateau du Mexique, ses effets sont presque nuls.

Dans l’Amérique centrale, les côtes et les forêts sont décimées par la malaria; on peut vivre au contraire presque sans danger sur les hauteurs qui vont en s’échelonnant pour former l’arête centrale.

Les Antilles payent aussi un tribut à la malaria, ainsi que toute la côte nord de l’Amérique du sud, surtout la Guyane. Le Brésil, le Parana, le Paraguay, les régions basses de la Bolivie sont soumis à cette même influence pernicieuse qui disparaît presque complètement dans l’Urugay et dans la République Argentine qui est à peu près indemne jusqu’à son extrémité méridionale.

L’Afrique est le continent qui paie le plus lourd tribut à la malaria. La côte occidentale, la plus frappée, a été appelée le «tombeau des Européens». En effet, toutes les côtes situées depuis le Sénégal jusqu’au 20e degré de latitude sud sont meurtrières pour les colons européens. A mesure que l’on s’éloigne de la côte, le danger diminue. Le Maroc, l’Algérie, Tripoli, la Tunisie, l’Egypte, sont éminemment insalubres sur les côtes. Le Haut-Nil, les bords de la mer Rouge et les régions basses de l’Abyssinie sont également très atteints. L’intérieur du continent africain et le Sahara lui-même ne sont pas absolument à l’abri des effluves malariennes. Les côtes orientales, bien que moins insalubres que les côtes occidentales, ne sont pas à l’abri de l’endémie: les côtes des Somalis, de Zanzibar, de Mozambique jusqu’à la baie de Delagoa ont une mauvaise réputation justement méritée. Madagascar, les Comores, les Seychelles paient. aussi leur tribut, ainsi que les îles du Cap Vert, tandis que les îles situées près de la côte occidentale, comme Sainte-Hélène et les Canaries; sont indemnes.

Les deux tiers environ du continent asiatique sont presque complètement préservés de l’impaludisme: presque toute la Sibérie, la majeure partie de la Mongolie, du grand désert de Kobi, du nord de la Chine, du Thibet, des régions montagneuses du Pamir, de l’Hindou-Kouch, de l’Himalaya, de la Perse, de l’Arménie et de l’Asie Mineure. Pourtant les côtes, de l’Asie Mineure ne participent pas de la salubrité des régions de l’intérieur et du désert; il en est de même des îles de l’Archipel, comme Chypre, Crète, etc. La Syrie est également visitée sur les côtes et même dans l’intérieur; l’endémie ne s’arrête, que sur les bords du grand désert. On la retrouve en Mésopotamie, sur tout le cours de l’Euphrate et du Tigre, où elle augmente d’intensité à mesure que l’on approche du golfe Persique qui est particulièrement insalubre. Le sol des anciennes villes de Ninive et de Babylone recèle des miasmes pernicieux.

L’Arabie n’est pas non plus complètement indemne. Les côtes du golfe Persique, de la mer d’Oman, Aden, Djeddah, sont réputées pour leur insalubrité. Médine et La Mecque n’ont guère meilleure réputation. Certaines provinces de la Perse, parmi lesquelles Téhéran et Ispahan, payent leur tribu à la malaria; de même l’Hindoustan et tout l’empire des Indes. Les deltas de l’Indus et du Gange sont particulièrement redoutables. L’île de Ceylan, la Birmanie, la presqu’île de Malacca, le Siam, le Laos, la Cochinchine, certaines régions de la Chine et du Japon sont également des pays où la fièvre se fait souvent sentir.

Les grands archipels de la Sonde, des Célèbes, des Philippines, de la Papouasie ou Nouvelle-Guinée sont des terres essentiellement malariennes. Par contre, les Nouvelles-Hébrides, la Nouvelle-Bretagne, la Nouvelle-Irlande, la Nouvelle-Calédonie, les archipels de Samoa, de-Tonga, des Navigateurs, de Taïti, l’Australie, la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande sont à peu près à l’abri du fléau.

De cette rapide esquisse il résulte que les régions malariennes occupent tout le centre et le midi de l’Amérique du Nord, le centre et le nord de l’Amérique du Sud, la presque totalité de l’Afrique, le centre, le midi et une grande partie du nord de l’Europe. Les régions méridionales de l’Asie et les grands archipels qui s’y rattachent sont également des foyers très intenses de malaria.

En sorte qu’en résumé, la totalité des pays de l’extrême nord et la plus grande portion de l’extrême sud sont tout à fait préservées de cette influence qui règne dans la majeure partie des régions centrales de notre globe, occupant ainsi la moitié de la superficie des pays habités.

Il est à noter que la race nègre jouit d’une certaine immunité à l’égard du paludisme, mais cette immunité n’est pas absolue. Les nègres sénégaliens sont sujets à la fièvre malarienne, mais il est rare qu’elle provoque chez eux des accidents graves.

Géographie médicale

Подняться наверх