Читать книгу Les Oeuvres Complètes de Molière (33 pièces en ordre chronologique) - Molière - Страница 25
Scène II .
ОглавлениеÉraste.
Mais vois-je pas Orphise? Oui, c’est elle qui vient.
Où va-t-elle si vite, et quel homme la tient?
(il la salue comme elle passe, et elle, en passant, détourne la
Tête. )
Quoi? Me voir en ces lieux devant elle paroître,
Et passer en feignant de ne me pas connoître!
Que croire? Qu’en dis-tu? Parle donc, si tu veux.
La montagne.
Monsieur, je ne dis rien, de peur d’être fâcheux.
Éraste.
Et c’est l’être en effet que de ne me rien dire
Dans les extrémités d’un si cruel martyre.
Fais donc quelque réponse à mon coeur abattu.
Que dois-je présumer? Parle, qu’en penses-tu?
Dis-moi ton sentiment.
La montagne.
Monsieur, je veux me taire,
Et ne désire point trancher du nécessaire.
Éraste.
Peste l’impertinent! Va-t’en suivre leurs pas,
Vois ce qu’ils deviendront, et ne les quitte pas.
La montagne, revenant.
Il faut suivre de loin?
Éraste.
Oui.
La montagne, revenant.
Sans que l’on me voie
Ou faire aucun semblant qu’après eux on m’envoie?
Éraste.
Non, tu feras bien mieux de leur donner avis
Que par mon ordre exprès ils sont de toi suivis.
La montagne, revenant.
Vous trouverai-je ici?
Éraste.
Que le ciel te confonde,
Homme, à mon sentiment, le plus fâcheux du monde!
(la Montagne s’en va. )
Ah! Que je sens de trouble, et qu’il m’eût été doux
Qu’on me l’eût fait manquer, ce fatal rendez-vous!
Je pensois y trouver toutes choses propices,
Et mes yeux pour mon coeur y trouvent des supplices.