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IV

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On pourrait dire en somme, pour conclure, qu’une secrète opposition curieuse entre la méthode et les résultats, les principes et les conséquences, se dégage le long de l’œuvre de Taine.

Appliquant les procédés d’étude du naturaliste à l’esthétique, il y manifeste cependant des goûts et y défend des idées, et voulant disséquer, en anatomiste impassible, les origines de la France, il se rapproche, par ses conclusions, toutes morales, du froid et juste Tocqueville, et par ses emportements d’Edgard Quinet et de Carlyle.

Homme de science par la méthode, il était, par tempérament et par caractère, un passionné et, répétons le mot, un dogmatique.

S’il a influencé et paru nouveau par cette méthode hardie et en apparence objective, son œuvre vivra cependant par ce qu’il y met de passion, de tempérament, d’art subjectif.

En effet, si ses idées ne furent vraies que partiellement et si toutes ne résistèrent pas au temps, si son système fut peut-être un peu étroit, son œuvre n’en reste pas moins vivante et entière. C’est qu’il en avait fait, répétons-nous, une création, et qu’il était artiste. Ses théories, il savait les vivifier, les exposer en de grands tableaux, leur donner la nature comme cadre, tout le passé comme perspective et les fortifier par l’acquit, du savoir humain. Et cela avec un style prodigue et plein, qui éblouit malgré sa solidité et donne la sensation non seulement de la puissance mais de la verve. Charmant quelquefois, Taine subjugue presque toujours.

Ainsi le défaut constant, presque le seul de toute son œuvre, défaut qui consiste à donner la prépondérance à une partie, à ne voir qu’un aspect des choses, se trouve compensé par l’art, par la vie, par une continuelle et abondante création. Sa Philosophie de l’Art est un livre plein de vues nouvelles et d’aperçus profonds, un livre qui vit par lui-même et par ce qu’il énonce. Et il y a de même dans l’Histoire de la Littérature anglaise, dans ses Etudes de critique et d’histoire, non seulement des pages magnifiques, mais les éléments qui transformèrent la critique, les prémices et le ferment d’une littérature positive et réaliste, les clartés qui devaient guider et le roman psychologique et le roman naturaliste.

A côté de Renan, ce charmeur ondoyant et souple qui joua avec la profondeur et qui fut capable de tout penser en grâce, Taine, ce Germain par le massif de l’érudition, par la sûreté de la déduction, eut une influence prépondérante sur notre époque.

Son œuvre, qui laisse en définitive une impression de foi robuste, de sereine sagesse, de stoïcisme et de rectitude, peut se confier à la durée.

La génie Européen

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