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CHAPITRE II

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Table des matières

La civilisation féodale.—Le grand artisan national.—Balzac et Madame de Staël.—Royer-Collart et Viollet-Leduc.—La peine de naître.—Habitués de père en fils à se faire tuer.—L'envers des privilèges nobiliaires.—Cent ans bannière, cent ans civière.—Cadets de noblesse.—Labeur de restauration familiale.

Quand la civilisation féodale jeta ses premières lueurs, les idées morales de la grandeur, en se rattachant au nom, firent sentir le prix de la gloire héréditaire, et la Noblesse devint réellement une institution sociale. La féodalité, maintenant conspuée par l'ignorance et la mauvaise foi, fut le grand artisan de l'épanouissement national; Balzac a dit que ses ruines «sont sublimes et frappent aujourd'hui d'admiration les vainqueurs ébahis», et Mme de Staël a vu dans la féodalité «le chef-d'œuvre de l'esprit humain». Royer-Collart et Viollet-Leduc en pensaient de même, et ce sont là des autorités dont le jugement est d'un autre poids que certains préjugés et certaines diatribes. A les en croire, il semblerait que les Nobles n'eussent à peu près d'autre peine que celle de naître, et que le privilège de la naissance leur assurât immuablement la possession de grands biens, les richesses, les jouissances, les honneurs. Ils avaient le devoir d'aller à la guerre pour les autres, et c'était bien quelque chose que de faire de sa poitrine un rempart au Roi et à la Patrie; mais, comme disait un bon paysan d'autrefois, ne se doutant pas qu'il faisait le panégyrique du principe de la Noblesse, «ces gens-là étaient habitués de père en fils à se faire tuer!» A part ce léger désagrément, le gentilhomme, entend-on dire, ne payait pas d'impôts, et ses hoirs recueillaient régulièrement la gloire et le bien paternels. Il ne pouvait perdre ses avantages que s'il dérogeait, en usurpant le fructueux privilège des non-nobles, c'est-à-dire en se livrant au négoce.

Comme il en faut rabattre lorsque l'on étudie, ses titres en main, les fastes d'un lignage chevaleresque! Combien d'amères vicissitudes dans son histoire! Combien de déboires, de brisements, d'écroulements souvent irrémédiables, sont le lamentable dénouement de la plupart de ces pages épiques! La décadence par l'appauvrissement, puis la déchéance, telle fut pour maintes races illustres, traditionnellement prodigues de leur bien et de leur sang, la récompense ordinaire de l'héroïsme chevaleresque, du loyalisme royaliste, de la piété patriotique. Le bon sens populaire,—une autre ruine du passé,—avait traduit ces fatales alternatives de grandeur et de fléchissement dans un adage expressif et poignant: «Cent ans bannière, cent ans civière!»

Encore étaient-ce les plus heureux parmi les bannerets, ceux qui, après un temps d'épreuves plus ou moins prolongé, parvenaient à reconquérir la fortune et la noblesse; mais combien ne se relevaient pas! Au cours de cette étude, on verra les cadets de noblesse, les «juveigneurs d'aînés»[4], et souvent les aînés mêmes, abdiquant leur onéreux privilège, se réfugier dans les villes, s'agréger à la bourgeoisie et chercher dans le trafic les moyens de redorer leur vieux blason. Deux, trois générations se consacraient à cet âpre labeur de restauration familiale, que consacraient des lettres royales de relief de dérogeance. Parfois les anciens titres s'adiraient, le souvenir même de l'extraction noble se perdait[5], et c'était par les charges d'échevinage ou par l'exercice des professions libérales que se recouvrait d'abord la noblesse personnelle, puis la noblesse héréditaire.

Essai d'Introduction à l'Histoire Généalogique

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