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CHAPITRE VI

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Table des matières

Officiers d'emblée.—Stage militaire.—François de la Noüe Bras-de-fer et les Ecoles militaires.—Gentilshommes simples soldats.—La Vernade, Beauharnais, Praslin, Rohan, Dampierre, La Guiche, Biron.—Marc Courtin.—Le Tiers-État, séminaire de Noblesse.—La révolution et les privilèges.—La terre aux paysans.—Les naufrageurs.—In sudore sanguinis.

Un préjugé très répandu, c'est que tout noble était officier d'emblée; pas plus, cependant, que de nos jours, un Saint-Cyrien. Le stage militaire était aussi rigoureux autrefois qu'à présent. Avant l'institution des Écoles militaires, réclamée dès 1580 par François de la Noüe[27], les jeunes gentilshommes l'accomplissaient aux XIVe et XVe siècles, sous la conduite des chevaliers ou des écuyers; plus tard, dans les compagnies d'archers, puis dans les régiments. Une ordonnance du 30 septembre 1668, rendue par Bouchu, intendant de Bourgogne, appelle à faire les preuves de leur noblesse les gentilshommes alors au service du Roi comme «simples soldats de cavallerye ou d'infanterye»[28]. En 1641, Jean de la Vernade est cavalier au régiment de Sirot[29]; en 1673, Mr de Beauharnois, cavalier au régiment des Fourneaux; Mr de Praslin, cavalier au Régiment Royal; Mrs de Rohan, de Renouard, de Cochefillet, de Dampierre, de la Guiche, cavaliers au régiment Royal-Wallon[30]; en 1693, Mr de Biron, cavalier au régiment de Girardin, et Mr de Praslin, au régiment de Florensac[31]. On trouvera, dans cette histoire généalogique, Marc Courtin, mort brigadier des armées du Roi, servant d'abord comme simple soldat[32]. On verra plus loin ce qu'il faut penser de cet autre préjugé que les nobles seuls pûssent parvenir aux grades. Et quand il en eût été ainsi, les rangs de la Noblesse n'étaient-ils pas ouverts au mérite? Encore une fois, elle ne constituait pas une caste, la caste étant exclusive, «mais une classe de familles illustres dans laquelle chacun pouvait aspirer à se faire admettre, ou à faire admettre ses enfants; d'où l'adage ancien: Le Tiers-Estat est séminaire de Noblesse[33].»

La révolution se glorifie de la suppression des privilèges, c'est-à-dire qu'elle a lésé toutes les classes, car chacune avait les siens: la bourgeoisie, le privilège du commerce; les travailleurs, le privilège de rester à leurs travaux et de ne payer pas l'impôt du sang. La révolution a dit au peuple qu'elle supprimait des barrières, quand elle supprimait les échelons par lesquels les citoyens de la condition même la plus modeste pouvaient, le mérite aidant, monter jusques à la cîme sociale[34]. Elle a, tout au contraire, dressé des barrières à peu près infranchissables pour la masse du peuple, parqué désormais dans son milieu comme dans une galère; elle lui donne à ronger l'os de la prétendue gratuité de l'enseignement primaire; mais l'élévation croissante du niveau des études supérieures creuse entre le peuple et les privilégiés de l'instruction un fossé dont les ouvriers intelligents perçoivent seuls la largeur et la profondeur. La révolution les a même dépouillés des avantages qui découlaient de l'association corporative, et qu'elle n'a compensés par rien.

Au peuple des champs, elle a dit qu'elle lui donnait la terre; niaise duperie qui ne leurre plus que l'ignorance. A toute époque, on le verra, le paysan fut propriétaire, et les familles anoblies sont innombrables dont la fortune eut pour point de départ la culture de leurs terres. Le censitaire, l'emphytéote, le serf même les avoient acquises originellement au prix de redevances ou de services librement stipulés, réciproquement utiles. En confisquant les biens des moines et du clergé, la révolution spoliait surtout les pauvres; en confisquant ceux des Nobles, elle perpétrait un vol aggravé d'ingratitude. Quelques habiles, légers de scrupules, comme les naufrageurs, ont bénéficié des épaves; mais la plus grosse part de ce bien mal acquis devait sombrer dans le gouffre de la banqueroute révolutionnaire.

Aujourd'hui, dépouillée de sa puissance, la Noblesse garde encore un mystérieux prestige, comme ces splendeurs du soleil couchant qui ressemblent à des aurores. Quand le penseur s'arrête à contempler les grandes tombes de l'histoire, couchées aux pieds du Dieu de Clovis et de saint Louis, une grave et fière leçon s'élève de la poussière des hommes: il n'y a point, sur la noble terre de France, de droits de fraîche date, et la génération vivante doit tous les siens au labeur, au courage, aux sacrifices de ses devancières. A l'exemple des Rois, la Noblesse a cimenté l'édifice national «à la sueur de son sang», comme dit une devise qui m'est chère, et quel fut son salaire? La calomnie, l'outrage, la spoliation, l'exil, les supplices. Examinons si elle avait mérité cet excès d'ingratitude et ces indignités.

Essai d'Introduction à l'Histoire Généalogique

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