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CHAPITRE V

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Table des matières

L'Impôt du sang.—Héroïsme de la vieille France.—Le sang bleu.—Fourmillement de héros.—Le marquis de Gesvres.—Le maréchal de Choiseul.—Onze Fautrières tués dans les guerres de Louis XIV.—Treize frères tués à Azincourt.—La folie de l'honneur.—Le duc de la Feuillade.—Les comtes de Chabot et de Frotté.—Noblesse oblige.—Tout son sang à sa patrie!

D'Hozier a laissé sous ce titre, L'Impôt du sang, ou La Noblesse de France sur les champs de bataille, un manuscrit que Mr Louis Paris a publié, en 1874, non sans avoir longuement essuyé le mauvais vouloir du gouvernement impérial; comme si les Napoléons eussent appréhendé que leur jeune gloire ne fût éclipsée par ce colossal témoignage de l'héroïsme de la vieille France! L'œuvre de d'Hozier a formé six volumes in-octavo, et l'on peut dire que le «sang bleu» y coule par torrents. Pourtant ce recueil est outrageusement incomplet; ce n'est rien que la compilation du Dictionnaire de la Noblesse, de La Chenaye-Desbois, et de l'Histoire des régiments, de M. de Roussel; le compilateur y a pris note des blessés et des morts, et c'est tout. Il faudrait plus de vingt in-folios pour composer la simple nomenclature des gentilshommes dont le sang coula pour la défense de la civilisation chrétienne et de la patrie, depuis les croisades jusqu'à nos temps. Toutefois la compilation en question constitue un éblouissant panégyrique de la valeur, du patriotisme et de l'esprit traditionnel de la Noblesse. Ce fourmillement de héros saisit l'âme d'une orgueilleuse admiration et d'une généreuse envie; ici, c'est le marquis de Gesvres, mourant, au siège de Thionville, de sa trente-neuvième blessure; là, Charles de Choiseul, dont le bâton de maréchal représente vingt-deux blessures, quatre-vingts sièges ou batailles, et ses trois fils, tués à l'ennemi. Onze frères du nom de Fautrières périssent dans les guerres de Louis XIV[22]; quand l'aîné tombe, le suivant, comme au temps des croisades, part et va prendre sa place. Les treize fils aînés de Gervais Auvé et de Guillemette de Vendôme meurent à Azincourt[23]. Et voilà comme quoi les Nobles n'avaient d'autre peine que celle de naître! Ils avaient bien aussi celle de mourir, et de se ruiner, ces hommes atteints de l'incurable folie de l'honneur, comme les croisés aliénant leurs terres pour aller au secours de la Terre-Sainte, comme les ducs de Berry et de Bourbon[24] vendant leurs domaines pour aller au secours du Roi, comme La Feuillade volant au secours de Candie avec trois cents gentilshommes équipés à ses frais. «Mieux on est né, disait le comte de Chabot à son jeune neveu, l'illustre Louis de Frotté, mieux on est né, plus on a d'obligations à remplir dans la société, et plus on doit de sacrifices au Roi et à l'État[25].» Belle paraphrase du dicton populaire: Noblesse oblige! «Mon père, dit le comte de Puisaye[26], avoit pour principe qu'un gentilhomme devoit tout son sang à sa patrie pendant la guerre, mais qu'une vie indépendante et employée à se rendre utile à ses concitoyens et à faire le bonheur de ses vassaux, quand sa fortune lui en donne les moyens, est celle qui lui convient à la paix. Cette opinion était alors partagée par beaucoup de seigneurs assez riches pour se passer de grâces et de faveurs, et trop fiers pour acheter par le sacrifice de leur indépendance une élévation factice, à laquelle ils attachaient peu de prix.» Je pourrais multiplier les citations; aucune ne serait plus éloquente, plus probante que ce mot du comte de Puisaye: «Tout son sang à sa patrie!» Il résume magnifiquement l'histoire et l'esprit de la Noblesse française.

Essai d'Introduction à l'Histoire Généalogique

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