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Chapitre Huit

Observateurs du Bout du Monde


Oriken mâchonnait un coriace bout de viande séchée tout en suivant les plaies de son abdomen du bout d'un doigt. Le népenthès avait fait son travail. La peau était à vif mais elle cicatrisait, des croûtes avaient commencé à apparaître et, à la fin de son tour de garde, l'engourdissement avait diminué. Il prit l'un des trois œufs de caille bouillis dans la coupe qu'il gardait près du feu et l'écala. Il regarda le petit œuf d'un air maussade. C'était tout ce qu'il avait pu trouver la veille, bien qu'il eut poursuivi le cri de l'insaisissable caille. Leurs dernières provisions de viande salée, un petit œuf chacun et un bol de baies des marécages, c'était là tout leur petit-déjeuner. Il goba l'œuf et l'avala en quelques secondes.

"Moi, je vous le dis," annonça-t-il, "si on trouve l'un de ces cravants dans la cité, je m'en avale un."

Dagra fit une grimace.

"Bah quoi, qui sait quand on aura un autre repas digne de ce nom ? Je suis juste... innovateur."

"Si j'étais toi, je m'en abstiendrais," dit Jalis.

"De quoi, d'être innovateur ?"

Jalis lui lança un regard sarcastique. "La chair de cravant est plus coriace que le cuir, à moins de la faire mijoter une journée entière."

Dagra essuya ses mains sur son pantalon et se leva. "Ne me dis pas que tu sais ça d'expérience."

"Eh bien, en fait, si." Pendant un moment, Jalis parut perdue dans ses pensées. "C'est quelque chose de rare à Sardaya, du moins quand j’étais petite fille. Les cravants volants étaient un vrai fléau les fois où ils descendaient des montagnes. Mon père prenait souvent part à la chasse mensuelle et, parfois, il apportait un jarret de cravant que les bonnes faisaient mijoter." Elle regarda Oriken. "Mais nous n'en trouverons pas dans la cité parce que nous n'y allons pas. Ça n'est pas nécessaire. Pendant mon tour de garde, j'ai étudié la carte que Cela a donnée à Maros. Les Jardins Funéraires sont directement au-delà du portail. Nous n'avons donc pas besoin d'entrer dans Lachyla."

"Hmm." Oriken saisit son ceinturon posé au sol et se leva. "C'est vraiment dommage. J'étais impatient d'aller faire un tour à l'intérieur."

Dagra soupira. "Bien sûr que tu l'étais."

"On en reparlera plus tard." Jalis se redressa elle aussi et frappa dans ses mains. "Avant tout, les garçons, je crois que nous avons un joyau à trouver."

Le mur d'enceinte s'élevait au-dessus d'eux, aussi solide que le temps lui-même, à part quelques moellons effrités et quelques morceaux de mortier cassé au pied du mur. Oriken se sentait petit et insignifiant devant ces vieilles pierres imposantes.

"S'il y avait des archers sur ces créneaux," dit-il, "il n'y aurait aucun moyen d’accéder à l'intérieur, pas même avec une armée, et encore moins un trio de sabreurs."

"Heureusement qu'on a le grappin," dit Jalis.

"Et qu'il n'y a personne d'autre," réplique Oriken. "N'est-ce pas, Dag ?"

"J'espère," dit Dagra sourdement.

Oriken remarqua le long du mur les restes d'une corde qui pendait depuis les remparts crénelés. "Y a pas quelque chose qui vous dérange, vous deux ?"

Jalis fronça les sourcils en regardant la corde usée.

"Ça a l'air très vieux," dit Dagra.

Oriken hocha la tête. "Mais je ne crois pas que ça date du fléau. Et si ce que je dis est vrai, ça veut dire que nous ne sommes pas les premiers à nous être aventurés ici depuis que les cartes ont marqué ce territoire de la tête de mort.

Il porta son attention vers la herse abaissée dont les pointes étaient plantées dans la poussière entre les dalles fendillées. Les barres de fer rouillées étaient chacune aussi épaisse que son poignet. Il avança pour jeter un œil au travers et regarda au-delà, bouche bée.

"Le mot mort prend tout son sens..." murmura-t-il.

Jalis était à ses côtés. "Oh...," murmura-t-elle, puis elle recula d'un pas. "Eh bien, Orik. À toi l'honneur ?"

Avec un sourire, il se débarrassa de son sac. Il en sortit un long rouleau de corde dont l’une des extrémités était attachée à un lourd grappin.

"Reculez," dit-il. Il enroula la corde autour de son bras et s'avança vers le mur. Il bloqua l'extrémité libre de la corde sous son pied, jaugea la hauteur du rempart et fit osciller le crochet à l'autre extrémité de la corde. Puis, il lâcha la corde et le crochet s'éleva dans les airs, passa au-dessus, puis au-delà du mur et, dans un mouvement d'arc, redescendit et accrocha un rebord sur la passerelle qui longeait le haut du rempart. Il tira sur la corde pour tester l'ancrage du grappin puis il remit son sac à dos sur ses épaules.

"Honneur aux dames ?" dit-il à Jalis.

"Ah, merci, sios. Très aimable à toi." Elle empoigna la corde, s'élança avec agilité et commença à grimper.

Oriken surveillait son ascension jusqu'à ce qu'elle ait atteint le sommet. Puis, il se tourna vers Dagra. "Après toi."

Dagra ne dit pas un mot. Le visage crispé, il suivit le mur du regard. Il saisit son pendentif Avato et le pressa contre ses lèvres avant d'empoigner la corde à son tour. Il commença à se hisser, ses bottes trouvant à s'agripper dans les irrégularités des pierres. Oriken l'entendait grogner sous l'effet de l'effort, puis Dagra parvint à se hisser jusqu'aux créneaux.

Vers son sommet, le mur avait une légère inclinaison mais cela n'en facilitait pas moins son ascension. Avec ses longs membres et le poids de son bardas, les muscles des épaules d'Oriken étaient au supplice quand il atteignit enfin le sommet. De la sueur dégoulinait le long de son visage pendant qu'il se rétablissait à travers les créneaux. Sans observer de pause, il tira la corde et l'enroula sur elle-même.

Dagra était accroupi près de lui, le regard troublé.

"Eh," lui dit Oriken, "on finira ce travail. Nous sommes des sabreurs. C'est notre vocation."

Après avoir rangé la corde et le crochet dans son sac, Oriken se redressa et, pour la première fois, il étudia le paysage des Jardins Funéraires et de la cité de Lachyla au-delà, puis il comprit pourquoi Dagra avait l'air préoccupé. Il se frotta la barbe tout en regardant les innombrables rangées de pierres tombales alignées dans le vaste périmètre du cimetière. Des vases d'argile fissurés étaient debout ou couchés près de leurs plaques funéraires. Des statues de pierre partiellement effondrées parsemaient le sinistre paysage, certaines avec leurs bras et leurs têtes rassemblées à leur pied. Les statues de bronze, érigées telles des sentinelles à côté de portes de cryptes sophistiquées, étaient plus rares. Des silhouettes d'arbres sans feuilles qui, à cette époque de l'année devaient être en pleine floraison, projetaient leurs ombres, telles des doigts s'agrippant au sol. Tout était recouvert du poids des siècles.

"Tu as perdu ta langue ?" demanda Jalis.

"Pour une fois, oui," avoua-t-il.

Le terrain planté de tombes descendait puis remontait dans le lointain vers une muraille qui enfermait les morts dans un grand rectangle de pierre. Les remparts au loin paraissaient petits de là où ils se trouvaient, mais le large couloir central qui traversait le cimetière se déroulait jusqu'à une deuxième herse au milieu de la muraille.

Le Litchgate, le Portail des Morts-Vivants. Oriken se rappela avoir entendu ce nom dans les contes.

Aussi lugubres que les Jardins Funéraires puissent être, la cité au-delà était complètement différente. Des murs lourdement fortifiés ceignaient l'ensemble de la cité. Les bâtiments les plus proches étaient cachés derrière la muraille du cimetière mais, au fur et à mesure que le terrain remontait au-delà de la herse, on apercevait une artère principale qui se faufilait entre des rangées de constructions en dôme, obliques et crénelées, vers une sinistre forteresse. La masse du château dominait la cité, juché au sommet d'une basse colline comme une redoutable sentinelle, prête à bondir au moindre signe d'intrusion.

"Et nous y voilà," murmura Oriken. "Bonjour, Château de Lachyla."

"Pas le plus accueillant des endroits, hein ?" dit Jalis.

"Difficile de croire que ça ne fait pas partie des endroits qu’il faut absolument visiter à Himaera." Oriken jeta un œil en direction de Dagra. "Et toi qui trouvais la Citadelle Valekha minable."

"Ah mais, ça l'était." Le visage de Dagra était un masque de stoïcisme.

Le pied de la colline sur laquelle trônait le château était planté d'une myriade de constructions, plus petites que le château, mais de tailles imposantes, rassemblées telles des fidèles autour d'un sanctuaire. À mesure que l'on s'éloignait du cœur de la cité, les constructions devenaient moins hautes, plus petites et avaient l'air moins majestueux. Les flèches et les toits en coupole avaient peut-être été jolis dans une cité vibrante de vie mais aujourd'hui, ils n'étaient plus que les fantômes d'une grandeur passée ; des traces du fléau, sorties tout droit de la terre elle-même. Oriken devait l'admette, Lachyla était sans doute l'endroit le plus lugubre qu'il ait jamais vu.

De l'endroit où il se trouvait, des nappes brumeuses d'océan scintillaient à l'est et à l'ouest, rappelant que Lachyla était construite sur une péninsule effilée. Il pouvait imaginer les falaises escarpées, au-delà des murs de défense, donnant sur les profondeurs tumultueuses de l'Océan Echilan inexploré.

Le bout du monde, pensa-t-il, se rappelant une fois de plus comment Dagra et lui s'étaient agrippés aux flancs abrupts du Mont Sentinelle et avait contemplé l'océan.

Il se retourna au bruit des pas de Jalis et Dagra qui marchaient le long des créneaux en direction d'une tour de treuil. Ramassant ses affaires, il courut les rattraper. Le toit de la tour, fait de chêne, s'était déformé avec le passage du temps et des intempéries, mais il semblait encore intact. Au-dessous se trouvait le mécanisme du treuil avec, sur le côté, une longue poignée en fer. L'extrémité de la chaîne disparaissait à travers un trou dans le sol de pierre au-dessus du côté de la herse.

"Ça n'a pas l'air trop rouillé," remarqua Jalis. "En repartant, on essaiera le mécanisme ; s'il marche, ça nous évitera d'avoir à descendre le long du mur et risquer de laisser le grappin derrière nous s'il est coincé."

Oriken empoigna le manche de ses deux mains, banda ses muscles et pesa dessus de son poids. Il y eut du mouvement, la chaîne s'enroula autour de la bobine avec le clink-clink-clink sourd des maillons qui s'entrechoquaient, suivi du grincement de la herse qui semblait protester contre le réveil de son long sommeil.

"Je pense qu'on arrivera à l'ouvrir," dit-il en époussetant ses mains sur son pantalon.

Depuis la tour du treuil, une volée de marches en pierre menait vers le cimetière. Oriken suivit Jalis vers le terrain aride, Dagra sur ses talons. Ils traversèrent en direction des ruines de l'Allée des Morts-Vivants et se tinrent devant la herse. Oriken jeta un coup d'œil à travers les barres de fer vers la lande au-delà des murs et, pendant un court instant, il se sentit prisonnier, comme piégé dans les filets des mots du Tisseur de Contes, transporté dans un temps qui aurait peut-être dû rester enfermé dans les paroles de contes anciens. Repoussant cette pensée, il vit Jalis sortir de la poche de ses jambières un vieux parchemin jauni par le temps et qu'elle se mit à étudier.

"Regardez là," dit-elle. Les hommes se rassemblèrent. Du bout d'un ongle, elle traça une ligne vers le nord jusqu'à point situé aux trois-quarts du chemin. "Ça devrait être assez simple. On suit le chemin principal jusqu'à ce point." Elle dessina du doigt une ligne vers la droite et pointa jusqu'à un X tracé par leur cliente. "Puis, on va vers la droite et, on y sera."

"Sans cette carte," dit Dagra avec une expression sombre, "nous aurions passé ce cimetière au peigne fin."

"Eh bien, nous irons remercier Cela à notre retour." Jalis fit signe d'avancer. "Pour l'instant, notre prix nous attend."

Oriken lui pressa doucement l'épaule, puis partit en direction de la voie centrale. Jalis et Dagra lui emboîtèrent le pas à ses côtés. Alors qu'ils avançaient, une impression s'infiltra dans son esprit et il ouvrit ses sens à ce qui l'entoura.

J'ai raison, pensa-t-il. Une pointe d'inquiétude naquit au fond de son estomac. Non seulement les arbres étaient-ils morts et noircis, ils étaient également recouverts de pustules fongiques. Il n'y avait pas non plus d'arbustes en vue, à part de rares amas de ronces desséchées.

Et aucun bruit provenant de quelconques créatures. Ça nous permettra de les entendre venir, à défaut de les voir. Quel qu'ait été cet endroit auparavant, il devrait être envahi d'animaux et de plantes à l'heure qu'il était. Mais il en était dépourvu. Pas de criquets, pas de mouches, pas d'oiseaux. Des arbres morts et aucune herbe de quelque sorte que ce soit. Quel merdier !

"Il n'y a aucun signe de vie dans cet endroit," dit Dagra. "Rien, à part nous trois."

Oriken fronça les sourcils. "Ouais, j'étais sur le point de—"

"Il y a une odeur dans l'air," dit Jalis, son regard survolant les rangées de pierres tombales inclinées.

Oriken aussi pouvait la sentir. Ce n'était pas juste l'odeur moisie des longues années d'isolation, ni l'odeur salée de l'océan voisin ; c'était autre chose, à peine perceptible, mais présent néanmoins. Il renifla, plissa les yeux.

Doux, comme le parfum qui persiste longtemps après qu'une fille qui l'a porté ait quitté la pièce.

"C'est malsain," dit Dagra. "Rien n'est vivant ici. La moisissure recouvre tout et même celle-ci a séché."

"Tu connais la légende," dit Oriken. "Il y a peut-être une once de vérité dans la légende de la Cité Ravagée après tout."

Dagra renâcla. "Un nom approprié, s'il en est un."

Oriken éclata de rire. "Ouais, et puis ces soi-disant Jardins Funéraires, un véritable..." il frotta son pouce contre sa barbe et regarda en direction de Jalis. "Quel est ce mot que tu utilisais ? Non-sécateur ? Ouais, c'est ça. Cet endroit ne pourrait être plus mort. Ça, ils ont vu juste. Mais pourquoi des Jardins ? Un nom stupide pour un endroit où il n'y a pas le moindre brin d'herbe."

Jalis le regarda, amusée. "C'est génial que tu aies prêté attention à ma langue maternelle. Je crois que l'expression que tu cherches est non sequitur. Des sécateurs, ce sont des cisailles de jardinage. Mais dans un sens, tu as raison. Ces Jardins n'ont pas du tout besoin d'entretien."

"Eh bien, fléau ou pas, ça s'est passé il y a très longtemps." Oriken regarda au-dessus de la ligne de toits de la cité tentaculaire. "Maintenant qu'on est tout proche, c'est franchement tentant d'aller jeter un coup d'œil."

Dagra souffla. "Toi-même tu ressens comment c'est malsain ici, Orik. Ne tente pas le destin plus que nous ne l'ayons déjà fait. Je ne suis pas un lâche et tu le sais, mais je me souviens de la peur que j'éprouvais pour cet endroit quand j'étais garçon, et je n'ai pas besoin de pénétrer dans cette cité pour que cette peur revienne. Être entouré de ces cryptes impies, ces tombes et ces statues est déjà bien suffisant."

"Je disais juste, c'est tout. Eh Dag, tu n'as pas à serrer ton pendentif si fort. Tu n'as pas besoin des Dyades, on est avec toi." Oriken fit un clin d'œil à Jalis. Ses lèvres esquissèrent un sourire.

"Je prendrai les Dyades et vous deux en plus," dit Dagra. "Plus on est nombreux..."

"Ouais— Woohoo !" Oriken s'arrêta quand il aperçut quelque chose qui émergeait de la poussière à quelques pas du chemin. Il fit quelques pas et se pencha pour observer de plus près. Il y avait un amas de petits os partiellement déterrés dans la terre fissurée, une main humaine, ça ne faisait aucun doute. "Faut croire qu'ils n’enterraient pas bien profond par ici."

"Qu’est-ce qu’il y a ?" La voix de Dagra était nerveuse.

"Tu te souviens de cette maison où on est tombé sur les cravants ?"

"Oui."

"Eh bien, quand je dis qu'il vaut mieux s'en aller, rends-toi service et écoute-moi, cette fois. Tu es déjà assez sur les nerfs comme ça, on n'a pas besoin que tu nous fasses une crise de panique totale."

Dagra se rebiffa et tourna la tête. "C'est noté."

Ils continuèrent le long de l'Allée des Morts-Vivants jusqu'à ce qu'ils soient en mesure d'apercevoir au lointain le mur qui séparait le cimetière de la cité, avec la herse abaissée tout comme au portail d'entrée. Oriken jeta un œil par-dessus son épaule aux tours et aux remparts du mur de la lande, à peine visible derrière les entrées surélevées des cryptes, les statues plus grandes que nature et les arbres squelettiques.

"La crypte Chiddari devrait être proche maintenant," dit-il.

Jalis replia la carte et la glissa dans sa poche. "Il y a pas mal de cryptes par ici. Je propose qu'on se sépare et qu'on les vérifie séparément."

Dagra secoua vigoureusement la tête. "Oublie ça. Je n'irai pas seul dans ces lieux."

Jalis réprima un soupir. "Je n'ai pas dit qu'on y entrait, Dagra. Je dis qu'on devrait vérifier les noms au-dessus des entrées et sur les statues, là où il y en a."

"Oh." Il s'éclaircit la gorge. "D'accord. Très bien."

Oriken regarda son ami barbu. En vérité, le courage de Dagra avait diminué au fur et à mesure qu'ils avaient pénétré le Plateau de Scapa et là, au milieu du cimetière, il n'en avait plus. Ça n'allait pas. Ça n'allait pas du tout. Il claqua des doigts devant le visage de Dagra et lui jeta un regard sévère. "Eh. Allez, là. Arrête ça tout de suite. Je comprends que tu aies des problèmes spirituels en ce moment, mais fais-nous une faveur à nous, tes amis, et mets un couvercle dessus. Allons vérifier ces plaques comme Jalis vient de le dire."

"Va te faire foutre," marmonna Dagra. Il leva les yeux pour rencontrer le regard d'Oriken et lui fit un bref signe de la tête. Puis, il tourna les talons et se dirigea vers la crypte la plus proche.

Oriken échangea un regard avec Jalis avant de s'en aller explorer la douzaine d'entrées de cryptes des environs immédiats. Devant la première, il s'étira pour inspecter les inscriptions gravées dans la pierre au-dessus de l'entrée. La pierre avait une fissure verticale qui coupait le nom Hauverydh juste en son centre. La statue qui ornait la crypte gisait couchée près de la porte, sa face de pierre effritée et usée, ses mains serrant sa poitrine, ce qu'elle avait tenu par le passé à présent érodé ou tombé depuis longtemps.

Oriken passa entre des pierres tombales pour se rendre vers la seconde crypte. Certaines des plaques avaient disparu, d'autres s'étaient enfoncées ou étaient penchées, tandis que d'autres encore étaient demeurées parfaitement droites. Plusieurs des inscriptions comportaient le nom Chiddari, ou ce qui semblait être une variante.

"Ça s'en rapproche par ici !" appela-t-il.

Arrivé à la crypte, il se tint debout devant sa statue et vérifia le nom effacé par le temps sur la plinthe. Cunaxa Tjiddarei. Les traits altérés étaient ceux d'une femme fière, tenant contre sa poitrine ce qui semblait être un marteau et un ciseau. La statue en bronze était dans une posture oblique, penchée vers l'avant, comme sur le point de faire une révérence à Oriken, le félicitant d'avoir trouvé son lieu de repos.

"Ouais," appela-t-il. "C'est ici !"

"Bien joué," dit Jalis dans son dos, ce qui le fit presque sauter hors de lui-même.

"Par les putain d'étoiles et de lunes, Jalis !" siffla Oriken. "Ne fais pas ça !"

Elle lui sourit. "Désolée."

À l'approche de Dagra, Jalis prit la lampe à huile et la poudrière de son paquetage et s’occupa à produire des étincelles pour enflammer un morceau de tissu à brûler. Une fois que le feu prit, elle plaça un bâton de soufre sur la flamme et s'en servit pour allumer la lampe.

Quand la lampe fut allumée, Dagra dit : "Donne-la moi." Il avait une expression hagarde mais il avait l'air plus déterminé que plus tôt.

Jalis le regarda. "Tu es sûr ?"

"Non. Mais donne quand même." Il prit la lampe et les guida vers l'entrée ténébreuse de la crypte Chiddari.

La Cité Ravagée

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