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XI

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D’abord, dans l’état actuel des choses, il ne fallait pas songer au Territoire indien. Il est réservé, et c’est au moins justice, aux races primitives. Les blancs ne s’y peuvent établir qu’en s’alliant au sang indigène: telle est la loi fédérale. A cette condition, il est vrai, on y prend toute la terre qu on veut. L’érection de la plus simple clôture est la seule formule de l’appropriation légale et définitive.–La question était de savoir si le Texas offrirait des conditions aussi belles, et d’étudier de près toutes les données capables d’y favoriser eu d’y contrarier les développements d’une grande colonisation dont l’idée nous apparaissait, maintenant, sous un jour plus clair et dans des formes beaucoup plus réelles et plus positives.

Je ne dirai donc plus rien du Territoire indien, si ce n’est que la rencontre d’un Allemand, qui y est établi depuis sept ans, nous fournit de nombreux renseignements sur l’excellence du climat, la richesse du sol et la salubrité de la contrée. Au reste, ses champs, ses troupeaux, son jardin et ses vergers nous montrèrent ce qu’un homme isolé, arrivé là avec RIEN, c’était son capital primitif, avait pu en quelques années dans ce pays. L’oasis de culture dont s’était entourée la famille Peutcher, nous prouvait péremptoirement qu’une colonisation un peu pourvue y obtiendrait, de la nature, au delà même des promesses de son premier aspect Mais que serait le Texas?

En approchant de la rivière Rouge, nous commencions à faire des rencontres moins rares, et nous nous informions du Texas. Les réponses étaient unanimes. Ce n’était qu’avec un mépris relatif que l’on nous parlait du Territoire indien «Qu’est-ce que ceci à côté du Texas? Le Texas est bien autre chose!» Malgré l’accord des renseignements, nous n’étions pas sans défiance. Je craignais, pour ma part, de voir tomber l’échafaudage de grandes choses possibles qui s’était élevé dans mon esprit. Je sentais, en effet, que pour que ces possibilités magnifiques eussent chance de devenir des réalités il fallait une telle condensation d’éléments formels et certains de prospérité, une telle réunion de conditions décisives, un tel foyer d attraction, pour tout dire, que sa sphère s’étendît jusqu’en Europe, jusqu’à vous, et fût de force à vous saisir, à vous ébranler, à vous mettre en vibration et vous entraîner dans une gravitation collective de volontés convergentes.

Le huitième jour à partir de celui où nous avions quitté le Fort Smith, à un moment où nous n’étions pas sans quelque incertitude sur notre chemin, nous aperçûmes, à travers les trouées d’une haute et épaisse verdure, des plaques horizontales et brillantes, d’un rouge tirant sur le jaune de chrôme liquide. Quelques minutes après nous avions en face de nous Preston, et a nos pieds la rivière Rouge. Cette fois du moins le nom géographique était justifié.–Le Texas était de l’autre côté du fleuve.

Jusqu’ici, mes amis, je vous ai conduit, bien que par un récit très-sommaire, le long de notre roule, parce qu’il me paraissait utile de vous faire assister à la succession de mes impressions, et au développement des idées qui touchent aux conclusions où nous arriverons plus tard. Maintenant que nous sommes au Texas, l’ordre de route devient inutile et ralentirait trop ce Rapport. Il vaut donc mieux masser les résultats et vous donner par chapitres la substance d’une exploration qui a duré du27mai au10juillet.

Pendant ces six semaines, nous avons visité les régions situées sous la rivière Rouge, aux environs de la Trinité et du Brazos; nous sommes descendus au Sud sur le Colorado que nous rencontrions à Austin-City; puis, marchant au sud-est et repassant le Brazos, nous retrouvions, dans la baie de Galveston où nous arrivâmes par le San-Jacynto, les eaux de la Trinité, mêlées aux flots bleus et diaphanes qui caractérisent si remarquablement la mer du golfe et le grand courant (Gulf-stream) qui s’en échappe par le détroit de Bahama. –J’aurai complété le sommaire démon voyage, en ajoutant que, retenu quinze jours à la Nouvelle-Orléans par la fièvre jaune qui venait d’y éclater quand nous arrivâmes, je suis rentré le5août à New-York, après avoir touché à la Havane. Le29août, je débarquais à Ostende, neuf mois après être parti d’Anvers.–Cela dit, occupons-nous du Texas.

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