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III

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Je quittai mes excellents hôtes de la N.A. Ph., après six semaines employées à d’utiles études de pratique sociétaire; et, bien qu’incapable encore de parler l’anglais, préparé du moins à recevoir avec fruit les leçons de l’usage. De là, à la fin d’avril, en attendant que Br. fût libre, le temps que je ne passai pas à New-York fut consacré à visiter Boston et les amis dévoués que notre cause y compte; les établissements de Lowel et de Lawrence, créations aussi colossales que fabuleusement rapides du génie pratique et de l’industrialisme américains; une Communauté extrêmement intéressante pour nous, des Perfectionnistes, dans le comté d’Oneïda, dont je regrette de n’avoir pas le temps d’indiquer ici les doctrines; enfin, le nord de l’État de New-York, les bords du lac Érié et du Niagara, non loin de Batavia, où je rejoignis Br.. Il y aurait beaucoup de choses intéressantes à dire sur ce que je vis pendant ces trois mois; mais ce n’est pas notre objet.

Bien que je fusse débarqué en Amérique sans idées préconçues d’aucune sorte, l’esprit à l’état de table rase, et que je ne me préoccupasse d’abord que de voir, de m’enquérir, d’apprendre un peu les États-Unis et d’élargir ainsi mon horizon, il ne pouvait, se faire que je n’examinasse bientôt ce champ immense et nouveau au point de vue de notre cause. Il y avait à cela deux raisons: la première, c’est que, comme tout phalanstérien sérieux, je porte partout cette cause avec moi; la seconde, c’est que je rencontrais en Amérique des amis qui y avaient longtemps travaillé eux-mêmes à la propagation de la foi commune. La discussion d’une Réalisation sur leur terrain était donc naturellement entre eux et moi, à l’ordre du jour. Il est dans mon plan, comme je vous l’ai dit, de vous initier au travail qui se fit dans mon esprit sur ce sujet.

Quelles facilites particulières l’Amérique offrirait-elle à la réalisation de nos vues? Qu’y aurait-il de mieux à y concevoir dans ce but?–Tel fut donc bientôt l’objet, encore tout hypothétique il est vrai, de mes pensées, et Je texte de mes conversations avec nos amis, surtout avec Br.–Br. aura la gloire d’avoir importé le Verbe libérateur en Amérique et de n’avoir jamais cessé d’y tenir en vue la grande affaire de la Réforme sociale.–Il vint assez souvent me voir pendant les trois premiers mois de mon séjour, et nous passions en discussions de longues heures.

Les rôles étaient ainsi partagés. Br. montrait naturellement une grande foi à l’Amérique; c’était son terrain, c’était là seulement qu’il songeait à agir. L’Amérique, au contraire, ne fut longtemps pour moi qu’une hypothèse. D’autre part, il inclinait assez fortement aux transitions, aux réformes intermédiaires, tandis que je ramenais toujours sur les premiers plans l’idée d’une expérimentation sériaire, d’une solution intégrale et d’une marche rapide sur la pleine harmonie. On verra comment nous devions trouver aisément l’accord.

N’ayant aucune idée arrêtée, j’interrogeais Br. Ses projets firent les frais de nos premières conversations. Il en avait caressé plusieurs, encore assez vagues il est vrai.

D’abord, c’était la création d’un grand journal et d’une propagation montée sur une large échelle. Sans nier que les libertés du pays et les dispositions des esprits ouvrissent sur cette voie, en Amérique, des espaces considérables, je pensais que les temps d’une œuvre de ce genre étaient passés; qu’il s’agissait plutôt aujourd’hui de réunir, sur des réalités pratiques, les éléments acquis à l’Idée de la transformation sociale, que de se borner à la tâche d’en conquérir laborieusement de nouveaux; j’insistais pour qu’un Projet déterminé d’application fût d’abord conçu et présenté; que la Propagation, quelle qu’elle dût être, y fût subordonnée, et qu’elle se fit par des publications libres et des lectures (expositions orales), plutôt que par un organe quotidien trop assujettissant et trop absorbant. Nous étions ainsi ramenés à la question des projets pratiques.

Br. songeait, lors de mon arrivée, à une acquisition de quelques lieues carrées de terre dans l’Ouest (l’Ohio, l’Illinois ou l’un des États voisins), où l’on établirait des opérations de grande culture avec des machines et des escouades agricoles rivalisécs comme le sont, dans les grandes villes de l’Est, les compagnies de firemens (pompiers), qui présentent de beaux effets d’activité émulative. Cette idée et ses accessoires furent bientôt abandonnés

Tantôt il s’agissait entre nous du parti que l’on pourrait tirer de la N.A. Ph. dans différentes hypothèses. Tantôt c’était, la question d’un établissement d’éducation intégrale, sur des bases plus ou moins voisines de notre ancien Projet européen. Une autre fois nous nous occupions du système demi-sociétaire que l’on a en vue dans un nouvel établissement en voie d’exécution à Rareten-Bay, système conçu par d’anciens membres de la N.A. Ph. qui se sont éloignés de celle-ci, n’y trouvant pas, à l’initiative individuelle, des issues suffisantes; ou encore du mode par lequel d’autres amis de l’Association se proposent d’y arriver progressivement, en partant d’un état d’individualisme absolu et absolument libre, dans Long-Island; etc.

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