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LE PREMIER ANNIVERSAIRE DU SERMENT DU JEU DE PAUME

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Formés en «bataillon civique», les membres de la société du serment du jeu de paume entrèrent à Versailles par l'avenue de Paris. Au milieu d'eux, quatre volontaires de la Bastille portaient «une table d'airain sur laquelle était gravé en caractères ineffaçables le serment du jeu de paume. Quatre autres portaient les ruines de la Bastille destinées à sceller sur les murs du jeu de Paume cette table sacrée». La municipalité de Versailles vint à la rencontre du cortège. Le régiment de Flandre présenta les armes devant «l'arche sacrée». Arrivés au jeu de Paume, tous les assistants renouvelèrent le serment «dans un saisissement religieux». Puis un orateur les harangua: «Nos enfants iront un jour en pèlerinage à ce temple, comme les musulmans vont à La Mecque. Il inspirera à nos derniers neveux le même respect que le temple élevé par les Romains à la piété filiale….» Au milieu des cris d'allégresse, les vieillards scellèrent sur la muraille la table du serment: «Chacun envia le bonheur de l'enfoncer.» Tous ne quittèrent qu'à regret ce lieu si cher aux âmes sensibles: «Ils s'embrassèrent mutuellement et furent reconduits avec pompe par la municipalité, la garde nationale et le régiment de Flandre, jusqu'aux portes de Versailles.» Le long de la route, en rentrant à Paris, «ils ne s'entretenaient que du bonheur des hommes, on eût dit que c'étaient des Dieux qui étaient en marche». Au bois de Boulogne, un repas de trois cents couverts, «digne de nos vieux aïeux», leur fut servi «par des jeunes nymphes patriotes». Au-dessus de la table on avait placé «les bustes des amis de l'humanité, de J.-J. Rousseau, de Mably, de Franklin qui semblait encore présider la fête». Le président de la société, G. Romme, «lut pour bénédicité les deux premiers articles de la Déclaration des Droits de l'homme. Tous les convives répétèrent: Ainsi soit-il!». Au dessert, on donna lecture du procès-verbal de la journée. «Cet acte religieux excita de vifs applaudissements.» Puis vinrent les toasts. Danton «eut le bonheur de porter le premier». «Il dit que le Patriotisme, ne devant avoir d'autres bornes que l'Univers, il proposait de boire à sa santé, à la Liberté, au bonheur de l'Univers entier; de Menou but à la santé de la Nation et du Roi «qui ne fait qu'un avec elle», Charles de Lameth à la santé des vainqueurs de la Bastille, Santhonax à nos frères des colonies, Barnave au régiment de Flandre, Robespierre «aux écrivains courageux qui avaient couru tant de dangers et qui en couraient encore en se livrant à la défense de la Patrie». Un membre désigna alors Camille Desmoulins dont le nom fut vivement applaudi. Enfin un pieux chevalier termina la série des toasts en buvant «au sexe enchanteur qui a montré dans la Révolution un patriotisme digne des dames romaines». Alors «des femmes vêtues en bergères» entrèrent dans la salle du banquet et couronnèrent de feuilles de chêne les députés à l'Assemblée nationale: d'Aiguillon, Menou, les deux Lameth, Barnave, Robespierre, Laborde. Un artiste célèbre [Note: David, dont tout le monde connaît le célèbre tableau du serment du jeu de Paume.] qui assistait à la fête promit d'employer son talent «à transmettre à la postérité les traits des amis inflexibles du bien public». [Note 2: A. Mathiez, Les Origines des Cultes révolutionnaires, pp. 47-49, d'après le procès-verbal officiel de la cérémonie.]

Les grandes journées de la Constituante

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