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L'AGITATION A PARIS. LES GARDES FRANÇAISES
ОглавлениеA ces mouvements et à ces bruits la capitale entière n'eut qu'un sentiment; et ce n'était pas une populace ignorante et tumultueuse, c'était tout ce que cette ville célèbre renferme d'hommes éclairés ou braves de tous les états et de toutes les conditions. Le danger commun avait tout réuni. Les femmes qui, dans les mouvements populaires, montrent toujours le plus d'audace, encourageaient les citoyens à la défense de leur patrie. Ceux-ci, par un instinct que leur donnaient le danger public et l'exaltation du patriotisme, demandaient aux soldats qu'ils rencontrent s'ils auront le courage de massacrer leurs frères, leurs concitoyens, leurs parents, leurs amis. Les gardes-françaises les premiers, ces citoyens généreux, rebelles à leurs maîtres, selon le langage du despotisme, mais fidèles à la nation, jurent de ne tourner jamais leurs armes contre elle. Des militaires d'autres corps les imitent. On les comble de caresses et de présents. On voit ces soldats, qui avaient été amenés pour l'oppression de la capitale, et par conséquent du royaume, se promener dans les rues en embrassant les citoyens. Ils arrivent en foule au Palais-Royal, où tout le monde s'empresse de leur offrir des rafraîchissements, et chacun emploie tous les moyens qu'il juge propres à détacher les soldats de l'obéissance arbitraire pour les réunir à la cause commune. On apprend cependant que quelques-uns d'entre eux vont être punis d'avoir refusé de tirer sur leurs concitoyens, que onze gardes françaises sont détenus aux prisons de l'Abbaye, et vont être transférés à Bicêtre, prison des plus vils scélérats. Leur cause devient la cause publique. On court les délivrer [le 9 juillet]; la foule grossit en marchant; on force les prisons, on entre, on les délivre; et ils sont amenés en triomphe au Palais-Royal, qui devient leur asile. Les hussards et les dragons qui avaient reçu ordre de charger les citoyens, posent leurs armes et se joignent à eux; et l'on entend partout les cris de Vive la Nation! car, depuis la constitution des communes en assemblée nationale, c'était le cri de la joie publique, et l'on ne disait plus vive le Tiers-Etat!. [Note: Rabaut, op. cit., pp. 64-65.]
Le lendemain, 10 juillet, les Électeurs de Paris, c'est-à-dire les délégués des assemblées primaires qui avaient élu les députés de la ville aux États-Généraux, se réunissaient dans la grande salle de l'Hôtel de Ville et discutaient un projet d'organisation d'une garde bourgeoise.